Synopsis: Cinq ouvriers chômeurs parisiens, Jean, Charles, Raymond, Jacques et Mario, un étranger menacé d'expulsion, gagnent le gros lot de la loterie nationale. Jean a l'idée de placer cet argent en commun, dans l'achat d'un vieux lavoir de banlieue en ruine, qu'ils transformeront en riante guinguette dont ils seront les copropriétaires. Ils s'attellent à la besogne avec confiance. Mais la solidarité du groupe est fragile... Bientôt, il ne reste plus de la joyeuse équipe que Charles et Jean qui sont amoureux de la même femme, Gina....
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le bonus
Meilleur dvd Juin 2016 ( 5 ème )
Avant-propos
Une version totalement inédite du film, celle imaginée à l’origine par Julien Duvivier. Suite aux premiers retours négatifs du public sur la version pessimiste , le cinéaste « retourne » une fin beaucoup plus optimiste.
Elle figure dans l’excellent supplément et gâche effectivement un peu l’esprit d’ensemble d’un film qui sans courir après l’avènement du Front Populaire, rend un hommage direct à la solidarité ouvrière, à l’aspiration aux loisirs et à la propriété.
Le film reflète bien les enthousiasmes, les espoirs et les désillusions de cette époque.
Ma critique
« J’suis beau garçon, mais faut pas me contrarier » dit Jean Gabin à Viviane Romance…
Le réalisateur s’est toujours défendu d’avoir eu un point de vue politiquement engagé. Au regard d’une vie plutôt pépère qui s’engage entre ces cinq copains qui, décrochant le pactole de la loterie nationale, passent de la paille à la plume d’oie .
La camaraderie aidant, c’est dans un élan fraternel que le quintette retrousse les manches pour bâtir un avenir commun autour d’une guinguette. Le symbole, tout à fait clair, s’accompagne de l’interprétation de Jean Gabin et Charles Vanel qui poussent à l’extrême leur entrain et leur enthousiasme.
Au milieu de ce beau reliquat d’humanité, une femme, Viviane Romance, par qui le scandale ou le malheur s’affiche dans le cœur des hommes . Gabin a beau faire la leçon (« on ne regarde pas la femme de son copain ») la Viviane en chamboule plus d’un, ceux-là mêmes qui s’étaient jurés entraide et fidélité.
Un à un, ils quittent le navire et laisse en plan une guinguette dans laquelle seuls Jean et Charles donneront les derniers coups de rabot. Pour que la fête soit complète.
Elle le sera dans une réalisation que Duvivier orchestre avec une fougue populaire et des élans aujourd’hui toujours aussi modernes. Je pense à ce décor en coupe d’un hôtel (nous sommes en 1936) qui permet au cinéaste d’obtenir des effets de mise en scène assez extraordinaires.
« Quand on se promène au bord de l’eau » chante Jean Gabin . Il ne sait pas encore que sa guinguette a aussi des fondations incertaines.
« Notre camaraderie avait comme une odeur de pain » dit-il à sa maîtresse du moment. Une poésie de l’époque à laquelle la belle n’est pas insensible.« Et moi je suis ta brioche ? » lui répond-elle, du tac au tac. Arletty–Audiard n’auraient pas fait mieux . Vraiment une belle équipe.
LE SUPPLEMENT
- L’histoire de « La belle équipe » (24 mn) . Eric Bonnefille (« Julien Duvivier, le mal aimant du cinéma français ») et Hubert Niogret (« Julien Duvivier, 50 ans de cinéma ») sont les principaux intervenants de ce très bon documentaire qui nous apprend que Jean Renoir aurait aimé faire ce film. Il avait alors chargé Charles Spaak, auteur et scénariste, d’une négociation avec l’intéressé à qui il proposait de lui laisser « La grande illusion ».
« Vous perdez la raison » lui aurait répondu Duvivier « votre histoire de soldat ne m’intéresse pas du tout ». « Il est certain que Renoir aurait fait un tout autre film, véritablement sur le Front Populaire, un film beaucoup plus politique, alors que chez Duvivier il n’y a aucune allusion aux réformes sociales, par exemple ».
Dans une interview d’époque Viviane Romance raconte avec beaucoup d’humour comment elle fut choisie lors du casting au cours duquel Duvivier ne l’avait pas reconnue. Son choix se portait alors entre Marlène Dietrich et Edwige Feuillère. « Je n’en menais pas large quand il m’a enfin reconnue, il m’a longtemps regardée, comme sous-pesée, ça m’a paru une éternité et m’a dit enfin, vous avez le rôle ».
On apprend aussi qu’à la sortie du film Charles Vanel n’a pas apprécié de voir le nom de Jean Gabin avant le sien et le titre du film. On dit qu’ils seraient restés en froid depuis ce temps-là.
Enfin, on évoque beaucoup les problèmes entre les deux fins, l’optimiste et la pessimiste. On connait l’officiel, tandis que celle qui fut longtemps retenue, puis abandonnée apparaît ici sans faire plus de chichi. Duvivier l’a traite de ridicule. « Mais à l’époque il fallait quelque chose de réconfortant au public » pense Niogret.
- Mais aussi. Après leurs ressorties en salles en Avril dernier, les trois œuvres emblématiques de Julien Duvivier, « La Belle Equipe », « La Fin du Jour » et « Voici le temps des assassins » sortent en DVD et Blu-ray restaurés.
Le film
Le bonus
Dans la continuité du plan de restauration de son catalogue, Pathé propose de (re)découvrir des classiques du cinéma français dans de belles éditions DVD et Blu-ray restaurées. « La belle équipe » méritait effectivement un retour sous les projecteurs pour la veine d’une réalisation qui 75 ans plus tard donne encore des éclairs de modernité à de nombreuses scènes.
Le Front Populaire en filigrane met en avant la solidarité et l’entrain d’une équipe de copains qui de la mouise à la richesse vont mettre en œuvre l’esprit d’un collectivisme de bon aloi à travers l’édification d’une guinguette.
Les coups de gueules et de canifs dans une amitié chancelante émaillent un scénario savoureusement écrit par le réalisateur et Charles Spaaki avec une gouaille qui nous procure des répliques savoureuses que n’auraient pas renié Audiard et madame Arletty. Ici Viviane Romance se charge de reprendre le flambeau autour de Jean Gabin et Charles Vanel. Un bien beau trio.
Avis bonus
Un documentaire sur et autour du film, tout à fait passionnant
7 Commentaires
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