« La Belle endormie »de Marco Bellocchio. Critique dvd

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "La Belle endormie"

De : Marco Bellocchio

Avec : Toni Servillo, Isabelle Huppert

Sortie le : 04 septemb 2013

Distribution : France Télévisions Distribution

Durée : 110 minutes

Film classé : Tous publics

Nombre de DVD / Blu-Ray : 1

Meilleur dvd Septembre 2013 ( 5 ème )

Trois histoires se chevauchent, trois destins dissociés. Seule la mort, revendiquée, en attente ou sous perfusion… L’élément déclencheur du drame : après dix sept années d’un coma végétatif, peut-on débrancher Eluana ?

Le débat qui agite l’Italie perturbe deux familles de la péninsule. Après un accident, la fille d’une actrice célèbre  ne s’est jamais réveillée. La star, réfugiée dans la foi, croit en son salut. Pendant ce temps, une jeune femme tente à tout prix  de mettre fin à ses jours.

Ces belles endormies, Marco Bellocchio  les veille avec une tendresse toute particulière. Isabelle Huppert, Toni Servillo, et Alba Rohrwaher, le servent avec la même passion. Autour d’une même question sur l’euthanasie, que le cinéaste  prend à contre-pied , pour la hisser au niveau d’une pensée politique sur l’état de l’Italie berlusconnienne. La belle endormie ? La vraie ?

Cette incertitude qui, au fil des événements, ne fait pourtant guère de doute , est le fer de lance d’un récit nourri par l’idolâtrie et  l’hystérie des uns et des autres , confrontés à un monde malmené.Dans les hôpitaux surchargés, nous dit le cinéaste, on meurt beaucoup, on s’y suicide aussi. Maria prie pour le salut d’Eluana, tandis que son père, sénateur, doit voter une loi qui va à l’encontre de ses convictions. Ainsi en a décidé le parti.

                                                                                                        La scène du bain turc, fameuse…

Cette démesure des passions n’entraîne pas le réalisateur dans l’excès qu’elle suscite. A la corruption, si souvent dénoncée par ses confrères italiens, il oppose l’impuissance. Dans un bain turc, deux sénateurs s’entretiennent avant de siéger. Ils évoquent le besoin de paraître.

 La scène est formidable, extraordinaire et symbolique du talent de Bellocchio. Elle renvoie à l’Antique, à la décadence d’une époque, où le crime et la trahison allaient de pair. Cette fois, les consciences ont pris le relais. Vont-elles se réveiller ?

Bellocchio écrit ainsi ses chroniques , du mystique au politique, mélangeant les genres, les personnages, avec l’aplomb du funambule qui connaît et apprécie le danger. Sa caméra est aux aguets, elle attend. Un réveil ?

• Entretien avec le réalisateur. « J’ai essayé de faire un film libre, en y mettant beaucoup de mon histoire, et des personnages dont je ne partageais pas les idées. Je ne crois pas aux miracles. Une dimension que je ne voulais pas traiter avec ironie ou dérision. Je voulais en montrer le caractère tragique».