- Durée : 100 minutes
- Sortie : 6 juin 2023
- Cinéma : 07 novembre 1961
- Acteurs : Bobby Darin, Stella Stevens, Everett Chambers, Nick Dennis, Vince Edwards
- Sous-titres : : Français
- Langue : Anglais , Français
- Studio : Rimini Editions
L’histoire : Pianiste et compositeur, John Wakefield dirige un quintette de jazz, en peine de succès. Il joue dans des squares déserts ou pour des galas de charité. Lors d’une soirée, leur leader rencontre Jess Polanski, une chanteuse accompagnée par Benny, leur imprésario commun. John décide de lui composer une chanson …
Jazz et cinéma, un des premiers Cassavetes ( après « Shadow ») , le début des années soixante, un soupçon d’émancipation dans le cinéma yankee, il n’en faut pas plus pour reprendre un peu de cette ambiance interlope, où la musique se faufile dans des endroits pas toujours très convenables.
C’est du moins l’avis de John Wakefield, leader d’un quintette de jazz au succès incertain. Mais pour rejoindre les clubs huppés et la haute société, il lui faut mettre un peu d’eau dans son vin et jouer ce qu’on lui demande. Pas ce qui l’intéresse forcément …
Pour le conduire vers de telles espérances, son imprésario Benny (Everett Chambers) le malmène comme il faut, personnage peu recommandable ( pléonasme ? ) qui lui présente pourtant Jess, une ancienne maîtresse qu’ils envisagent de faire chanter (photo).
Dans son sens le plus noble .
La jeune femme, un brin à côté de ses pompes a effectivement une jolie voix . Mêlée aux accords pianistiques de son nouvel amant, Jess peut maintenant voir venir.
Mais comment ? Avec qui , contre qui ? John Cassavetes entame alors ses fameux chassés croisés au milieu desquels « une poupée blonde écervelée » ( c’est elle qui le dit ) tente de trouver le bon tempo. Femme objet, indépendante, rebelle, amoureuse d’un homme qui n’aime que lui.
Cassavetes dissèque chaque profil intensément, sans jamais insister. La caméra ou le bon mot, le mot juste assurant la liaison avec les sentiments.
Ce sont des gros plans soudains, presque violents tant ils expriment une rage contenue , un désir possible. On dit que Montgomery Clift et Gena Rowland étaient pressentis en lieu et place de Bobby Darin et Stella Stevens.
Certainement une autre allure, un regard plus intense sur la comédie humaine. Mais ne boudons pas notre plaisir, Darin présente une facette originale pour faire écho à son personnage sans relief et Mlle Stevens , évaporée dans ses premiers rapports révèle une personnalité hors du commun. Le regard que porte sur elle Cassavetes n’y est pas étranger
LE SUPPLEMENT
Entretien avec Quentin Victory Leydier (19 mn) auteur de « Avec John Cassavetes » (éditions Lettmotif, 2023) – « C’est mon interprétation, comme ça que je l’imagine, mon point de vue…. »
J’aime bien la façon dont ce monsieur s’exprime, sans jamais affirmer quoi que ce soit, mais en ouvrant des pistes possibles
« Un film particulier dans la filmographie de Cassavetes, qui fera des films propres, extrêmement cadrés, qui jurent un peu par rapport à celui-ci. (…) Toutes les contraintes techniques et classiques sont au rendez-vous, ce qui surprend , par la suite il sera plutôt lumière naturelle et caméras portées … »
L’emprise des Studios, la thématique sur l’alcool, éternelle chez lui , ce que la société attend d’un homme. « La question des rapports homme-femme apparait déjà fortement, mais pas aussi développée que par la suite. »
Le Film
Le bonus
Cassavetes encore jeunot , mais déjà précurseur de thématiques infaillibles dans sa filmographie ( l’alcool, homme/femme … ) sur une mise en scène fortement inspirée par les diktats d’Hollywood. Il réussira ensuite à s’en préserver, mais fort d’une technique plutôt classique donc il mène joliment le chassé-croisé de quelques âmes bien communes.
Le regard de Cassavetes en fait des personnages plus affinés qu’il n’y parait et dans lesquels transparaissent les faiblesses et les travers de l’humanité.
On dit que Montgomery Clift et Gena et Rowland étaient pressentis en lieu et place de Bobby Darin et Stella Stevens. Peut-être moins idéalisé, le couple retenu joue sans trop de fausses notes la partition d’un déjà grand.
AVIS BONUS
Entretien avec Quentin Victory Leydier auteur de « Avec John Cassavetes » . Il parle avec beaucoup d'humilité, c'est passionnant