Synopsis: Anna, la femme d'un capitaine d'un régiment des Uhlans, attend le retour de son mari. Elle ne peut se résoudre à l'idée qu'il ait été assassiné par les Russes. En avril 1943, l'épouse d'un général apprend la mort de son mari quand les Allemands découvrent l'existence de charniers dans la forêt de Katyn contenant des milliers d'officiers polonais. Silence et mensonges brisent le coeur d'Agnieszka, la soeur d'un pilote qui a connu le même sort
La fiche du DVD
Le film
Les bonus
D’après le livre « Post Mortem, l’histoire de Katyn », de Andrzej Mularczyk
A quoi sert le cinéma ? A rappeler l’Histoire, à la sortir de l’oubli,voire de l’inconnu . Personnellement, je n’avais jamais entendu parler des massacres de la forêt de Katyn.
En septembre 1939, la Pologne est prise en tenailles par les forces germano-soviétiques . Des officiers et soldats sont faits prisonniers par l’armée rouge . Au printemps 1940, sur ordre de Staline, 25700 officiers et résistants civils polonais appartenant à l’élite du pays sont assassinés. Les familles des officiers sont déportées.
S’appuyant sur cet épisode tragique, Wajda signe son film le plus personnel et le plus ambitieux. A 14 ans , il a perdu son père lors du massacre que les Soviétiques imputent aux Allemands.Le régime communiste polonais d’après-guerre entérine cette version. Cependant les Polonais n’abandonnèrent jamais les recherches, persuadés à juste titre qu’il s’agissait d’un crime soviétique.
Andrzej Wajda raconte ce drame à travers trois familles de victimes, et sa réussite est de nous faire rapidement oublier ces cas particuliers pour qu’ils deviennent universels , sans jamais théoriser sur l’absurdité de la guerre. Sa caméra nous montre l’évidence dans les échanges de courriers, les attentes ponctuées par la voix anonyme d’un haut parleur commentant les nouvelles du front ou la liste des disparus. Et quand le doute n’est plus permis, c’est à travers des portraits réalistes, sensibles, que le cinéaste scrute la profondeur des sentiments, la grandeur des hommes et leur lâcheté aussi .
Ainsi devant l’évidente manipulation, un commandant polonais récemment promu (l’excellent Andrzej Chyra ), ne peut admettre les accusations de la femme d’un capitaine tué à Katyn . Deux interprètes là encore à la hauteur de l’événement: Maja Ostaszewska et Artur Zmijewski . Les deux hommes avaient été amis . Le face à face est terrible, et superbe dans l’évocation du conflit que Wajda révèle ici dans toute sa globalité, toute son atrocité . Une sobriété dans le regard, une simplicité dans la mise en scène . On oublie le cinéma, on vit l’Histoire .
LES BONUS
Ils sont tous excellents, mais je vous recommande absolument le premier
- « Entre propagande et désinformation, les archives nazies et soviétiques consacrées à Katyn » (19 mn). Deux petits films tournés à l’époque des faits, pour informer la population du monde entier sur ce qui s’était passé à Katyn. Bien évidemment si les images se ressemblent , les commentaires s’opposent farouchement d’un camp à l’autre .
« Post Mortem », entretien avec Andrzej Wajda (50 mn) :« Le but de ce film n’est pas de faire toute la vérité sur ce qui s’est passé puisque cet épisode est désormais un fait historique et politique reconnu, mais plutôt de relater la destinée tragique de ceux qui l’ont vécu. (…) Depuis la découverte des charniers par les Allemands en 1943, puis les recherches faites par les Polonais dans les années 90, et malgré l’ouverture partielle des archives, nous en savons encore trop peu sur les crimes qui ont été commis à Katyn en avril et mai 1940 sur ordre de Staline et du Politburo.»
Pendant des années, la famille du cinéaste est persuadée que le père reviendrait. Le nom de Wajda figurait bien sur la liste de Katyn, mais il s’agissait d’un certain Karol.
« Presque jusqu’à la fin de sa vie, ma mère a cru à son retour. Cependant, je ne souhaite pas que mon film soit la recherche d’une simple vérité personnelle ou un cierge allumé sur la tombe du capitaine Jakub Wajda. Je veux qu’il soit le récit du drame et des souffrances subis par de multiples familles, victimes de Staline et du silence qu’il parvint à imposer à ses alliés d’alors : la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. »
- « Le martyrologue polonais », entretien avec Alexandra Viatteau (10 mn)
- Un grand témoin, Joseph Czapski raconte Katyn à Alexandra Viatteau (entretien radiophonique 20 mn)
Review Overview
Le film
Les bonus
Un très grand Wajda qui dans la sobriété sait réveiller les consciences. Où il est question des meurtres d’un certain Staline, qui ,sous les traits de André Dussolier (« Une exécution ordinaire ») a aussi fait la une.
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