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Just the Wind. DVD.Critique

Synopsis: Un village hongrois, aujourd’hui. Mari et ses enfants Anna et Rio, Roms d’origine, subissent sans broncher un quotidien précaire, dans l’espoir d’un jour meilleur, celui où ils vont rejoindre le père, émigré au Canada. Partir, prendre un nouveau départ, loin du racisme crasseux des villageois et… Vivre. Mais en attendant le grand jour, il faut rester vigilant, aux aguets, car mystérieusement au village et dans tout le pays, des familles entières de Roms sont assassinées…

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Just the wind"
De : Benedek Fliegauf
Avec : Katalin Toldi, Gyöngyi Lendvai, Lajos Sárkány, György Toldi, Gyula Horváth
Sortie le : 05 novemb 2013
Distribution : Blaq Out
Durée : 93 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Comme Claire Auzias le dit très bien dans le bonus, le grand mérite de ce film est de nous montrer des Roms, telle qu’ils vivent dans leur pays. « Ce ne sont pas des Roms de folklore, la jeune fille est en short, la mère travaille, ils vont à l’école… ». Ce constat partagé, j’avoue n’avoir pas toujours compris, au départ, où nous menait le réalisateur Bence Fliegauf.

Il y a une sorte de parti pris qui élude l’argument originel (le massacre des Roms) pour mieux le disséquer dans un cheminement où la lenteur le dispute à la sacralisation du martyre. Comme la chronique d’une mort annoncée, inéluctable et salvatrice. Le réalisateur s’inspire d’un fait divers, lui aussi malheureusement très réel : l’assassinat de plusieurs familles Roms, en Hongrie entre janvier 2008 et août 2009.

Just the wind

Ce drame le conduit au cœur de cette population, qui en plein XXIe siècle, vit quasiment comme au Moyen Age. Quand on chassait le gueux et l’étranger. L’opprobre et la répression. C’est pourquoi cette communauté se recroqueville sur elle-même, craintive et fuyant les regards suspicieux des voisins. Peut-être les auteurs d’un meurtre impuni jusqu’alors (*) , prêts à recommencer : seront-ils les prochaines victimes ?

Ce que sous entend le réalisateur qui filme bizarrement ce que l’on ne voit pas : la haine, la peur, et c’est encore plus impressionnant. On les ressent, on les devine au détour d’une sourde menace, d’une intention marquée par une présence faussement discrète. La caméra ne s’attarde pas, préférant soulever la poussière récente du passé, dans les recoins d’une demeure désormais abandonnée.

Just the wind

Le souvenir d’un massacre, les restes d’une totale impunité. Le constat est froid, très clinique ; les protagonistes se livrent peu. Pas de grandes phrases, ni de dialogues superflus, malgré les humiliations au travail, dans la rue et les nuits qui n’en finissent pas.

Au moindre bruit, c’est l’alerte, et on se rassure « Ne t’inquiète pas, c’est juste le vent ». (*) Le 6 août 2013, trois Hongrois ont été condamnés à la réclusion à perpétuité, et un quatrième homme, à 13 ans d’emprisonnement, pour les attaques de 2008-2009. Ils étaient connus pour leur participation à des mouvements d’extrême-droite en Hongrie.

  • Rencontre avec Claire Auzias, historienne. (21.20 mn )

La spécialiste de la culture Rom analyse les forces politiques hongroises en présence, dans un pays qui n’a pas de tradition démocratique. « L’un des mérites du film est d’éviter le folklore autour des Roms. C’est la réalité d’aujourd’hui, ils vivent dans une grande pauvreté, à l’écart. Leur situation est précaire économiquement et ils attendent de rejoindre le père de famille au Canada. L’exil est leur dernière solution pour vivre ».

Pourquoi les roms sont-ils les boucs émissaires ? s’interroge-t-elle, dans une période de crise. « A la crise il faut toujours des boucs émissaires. On ne compte plus les migrants, russes, yougoslaves, tchétchènes, dix fois plus nombreux que les roms, une migration plus importante ».

Comme Claire Auzias le dit très bien dans le bonus, le grand mérite de ce film est de nous montrer des Roms, telle qu’ils vivent dans leur pays. « Ce ne sont pas des Roms de folklore, la jeune fille est en short, la mère travaille, ils vont à l’école… ». Ce constat partagé, j’avoue n’avoir pas toujours compris, au départ, où nous menait le réalisateur Bence Fliegauf. Il y a une sorte de parti pris qui élude l’argument originel (le massacre des Roms) pour mieux le disséquer dans un cheminement où la lenteur le dispute à la sacralisation du…

Review Overview

Le film
Les bonus

En évitant le démonstratif et la relation des faits (le massacre de plusieurs familles Roms), ce film nous montre peut-être encore plus explicitement la condition des Roms, dans leur propre pays. Peu de dialogues, des instants, et une caméra qui passe sans s’appesantir. C’est un film très étrange dans la mesure où il dit beaucoup plus que ce qu’il filme, et c’est certainement sa grande réussite.

Avis bonus Le point de vue d’une spécialiste de la culture Rom, très éclairant.

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