Synopsis: En 1975, le producteur français Michel Seydoux propose à Alejandro Jodorowsky d’adapter "Dune" au cinéma. Réalisateur des films cultes "El Topo" et "La Montagne sacrée", il rassemble ses "guerriers" artistiques, dont Jean Giraud (Moebius), Dan O'Bannon, Hans-Ruedi Giger et Chris Foss. Pink Floyd et Magma acceptent de signer la musique du film… L'équipe de production recherche 5 millions de dollars pour finaliser le budget et se heurte à la peur des studios hollywoodiens qui craignent le tempérament de Jodorowsky...
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le documentaire
Les bonus
Meilleur dvd Décembre 2016 (6 ème )
Qu’on aime ou pas Jodorowsky, ce documentaire est passionnant. On y parle de la création et d’un génie bien ordinaire. Passionné à l’extrême et contagieux. Jodorowsky, Alejandro de son prénom, nous raconte par le menu l’échec de ce qui aurait été « le film le plus important de toute l’humanité ».
Ce qui nous fait sourire au début, et pleurer de rage à la fin quand on mesure l’étendue des dégâts. Tout ça pour… quelques millions de dollars que les studios hollywoodiens ont refusé, sous prétexte que le demandeur était un peu olé olé. Ingérable comme ils ont dû dire en découvrant le travail préparatoire d’un film qu’ils jugeaient pourtant très bien sur le papier.
Sur les conseils d’un producteur français, Michel Seydoux, le réalisateur de « El Topo » et « La Montagne sacrée » se lance en effet dans l’adaptation de « Dune » la bible de la SF signée Frank Herbert. Petit à petit il réunit une équipe de créateurs dont le français Moebius qui lui dessine plan par plan le film en 3.000 vignettes.
« Je l’ai utilisé comme une caméra, je plaçais Moebius où je voulais, j’ai fait le film avec ses dessins ». On les voit maintenant défiler au milieu des costumes et des maquettes extraordinaires réalisées par des spécialistes des effets spéciaux qui seront de toutes les aventures cinématographiques de science-fiction de la fin du siècle (« Star Wars », « Alien », « Blade Runner », « Total Recall » …).
Pour la musique, il se rend à Londres dans le studio où enregistrent les Pink Floyds. « Ils ne faisaient pas attention à moi, ils étaient en train de manger dans un coin. Je leur ai gueulé dessus que je venais leur offrir le film le plus important de toute l’humanité et vous êtes là en train de manger vos Big Mac ».
Il y a aussi le témoignage d’Amanda Lear, son alliée auprès de Dali qui se fait prier pour participer à l’aventure. L’artiste demandait une somme exorbitante.On lui accordera 100.000 dollars par minute utile (sa participation avait été évaluée à 2-3 minutes au montage).
Fort de la constitution de toute cette équipe (Mick Jagger, Orson Welles, David Carradine et son jeune fils Brontis Jodorowsky …) Jodorowsky ne doute de pas de la réalité de son projet à la fois « spirituel et métaphysique ». Hollywood l’aurait bien tourné, mais avec un autre réalisateur. Ce qui se fera quelques années plus tard sous l’œil de David Lynch. Michel Seydoux ne l’a jamais vu. Jodorowsky a hésité puis s’est rendu à une projection dont il est sorti ravi. « C’est complètement raté ». Il s’en veut de parler ainsi « mais c’est humain ».
LES SUPPLEMENTS
- Rencontre avec le réalisateur (17 mn). « La première fois que j’entendais parler d’un film jamais fini, mais que l’on pouvait quand même voir tant il avait été préparé, et que l’on pouvait lire dans un livre en détail alors j’ai voulu en savoir plus et j’ai contacté Jodorowsky pour faire ce documentaire ».
Les dissensions avec le roman et notamment la fin : « qui aurait tué son personnage principal, qui plus est un gamin pour terminer le film ? ».
Comparaison avec le film de David Lynch et analyse de la version imaginée par Jodorowsky. Frank Pavich explique sa stupéfaction en découvrant la culture bédéphile en France comparée à la façon dont les américains consomment leur BD. Il dit aussi les histoires plus folles les unes que les autres qu’il apprend au fur et à mesure du tournage. Quand il ne croit pas ce que lui raconte Jodorowsky, il demande à Seydoux qui confirme « et un peu plus tard quelqu’un d’autre me raconte à nouveau la même histoire ».
- Norman Spinrad : Frank Herbert « Dans les sables mouvants du succès ». L’auteur de science-fiction dissèque le livre, d’abord publié en feuilleton, vendu pour rien du tout. « On était dans les années 1965, ça parlait de drogue, ça ne prenait pas, même si c’était dans l’air du temps ». Un des livres fondateurs à ses yeux, de la contre-culture qui conduira à la Nouvelle Vague.
De la complexité du bouquin qui n’est pas de la SF mais de la « littérature spéculative (…) . Quand vous en écrivez l’important c’est de créer de la culture, c’est-à-dire prendre en compte les aspects politiques, sinon c’est comme une histoire d’amour sans sexe, un restaurant sans recettes ».
La tentative de Frank Herbert d’écrire lui-même le scénario à la demande de Dino de Laurentiis. Comme le pressentait le romancier, ça n’est pas bon du tout alors on se retourne vers le script de Lynch. « Il avait quand même toucher un million de dollars pour ça et allait avoir des droits d’auteur sur le film, il ne pouvait donc pas critiquer la façon dont le scénario évoluait et dire à Lynch qu’il s’éloignait beaucoup trop du livre, c’est pourquoi ce film est mauvais ».
- Numa Sadoul, spéciale de BD . « Moebius, Jodorowsky, coup de foudre ». « Moebius avait toujours besoin d’avoir une figure paternelle à qui se raccrocher, Jodorowsky c’était son mentor, l’homme qui dirigeait et lui pouvait créer, un duo qui a toujours parfaitement fonctionné ».
Jodorowsky : « c’est en lisant Blueberry, je me suis dit mais ce gars c’est ma caméra ». Il voulait le rencontrer quand ils se sont vus par hasard dans une maison de distribution de films où Moebius apportait des projets d’affiches
Numa Sadoul décortique au final l’œuvre de Moebius « instinctive, ésotérique, philosophique et complètement libre ».
- Pour les SUPPLEMENTS ( Blu-ray), il suffit de cliquer
Le documentaire
Les bonus
C’est l’histoire d’un film qui n’a pas pu se faire. Jodorowsky voulait adapter la bible de la SF « Dune » et a travaillé pendant un an à réunir l’équipe nécessaire à sa réalisation. Un véritable story-board a même été conçu à travers les 3.000 dessins de Moebius. C’est tout ce travail préparatoire que nous révèle ce documentaire extraordinaire, par la complexité de l’œuvre envisagée et les moyens mis en forme par un réalisateur qui avec son grain de folie revendiqué a fait peur aux producteurs hollywoodiens.
Qu’on aime ou pas le cinéaste, qu’importe, c’est une leçon de vie et de chose que nous montre cet excellent documentaire, où le principal intéressé n’est pas avare de sentiments, d’émotions et de doux délires. Si vous voulez savoir ce qu’il a pensé du film que Lynch a réalisé sur le même sujet, il suffit de lui demander…
Avis bonus
Le réalisateur et des spécialistes BD et SF ouvrent de nouvelles perspectives sur le film et l'oeuvre de Moebius
BR : HR Giger nous dévoile son musée et des scènes coupées nous donnent encore bien du bonheur ( à lire dans un nouvel article ci après )
5 Commentaires
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