Synopsis: Détroit, Tanger, Adam, un musicien underground, profondément déprimé par la tournure qu’ont prise les activités humaines, retrouve Eve, son amante, une femme endurante et énigmatique. Leur histoire d’amour dure depuis plusieurs siècles, mais leur idylle débauchée est bientôt perturbée par l’arrivée de la petite sœur d’Eve, aussi extravagante qu’incontrôlable.
La fiche du film
Le film
Si c’est vraiment Tanger, si c’est vraiment la nuit, ce film n’est pas un film. C’est la vie qui va magnifiquement filmée au milieu des zombies et des ruelles désertées à cette heure où sortent les vampires. Elle s’appelle Eve et lui Adam, réminiscences d’un passé originel où l’homme avait encore un peu de considération.
Maintenant, ou quelques siècles plus tard, le couple ne peut que contempler le désastre d’une humanité réduite à vivre le jour. Il s’en préserve, dans sa tanière de musique, qu’il ne quitte que pour se réapprovisionner auprès d’un docteur peu scrupuleux. Mais l’argent apaise les angoisses…
Tous les deux se préservent ainsi d’une vie extérieure aussi triste à leurs yeux, que dangereuse pour leur survie. Leur secret bien gardé, Adam et Eve reprennent alors un peu de temps pour l’éternité.
C’est déjà une histoire pas banale, qui du vampirisme évacue toutes les connotations habituelles, et les clichés afférents à ce genre cinématographique. Jarmusch les rend presque humains, désirables et désirés par les zombies qui ignorent tout de leur statut .
Et quand il force le trait, c’est pour ironiser sur le sort de ces morts-vivants qui devraient dormir dans leur cercueil, plutôt que de venir les déranger.
La remarque s’adresse à la sœur de la dame, qui débarque un beau jour (ou plutôt une nuit de pleine lune) déréglant le bel ordonnancement de nos deux tourtereaux.
Mia Wasikowska ne fait qu’un bref passage, mais elle le fait très bien et surtout suffisamment pour marquer les esprits. Il est vrai que depuis le début du périple, ceux-ci sont bien atteints par un récit hors du commun qu’un réalisateur facétieux conjugue au passé de l’imparfait.
Son regard d’une noirceur peu commune à ce jour (« Dead man » devient alors si lumineux, c’est un chant d’espoir) berce dans la mélancolie des amours impossibles, que le monde moderne, ou contemporain, rend encore plus difficiles.
A l’image d’un film qui se complaît dans l’environnement underground de son héros maudit. Je ne sais s’il fait référence à une star du rock’n roll, mais Tom Hiddleston y trouve de quoi anesthésier un peu de son talent. Tilda Swinton, surprenante en Eve démoniaque, tient le cap. Elle est belle, même sanguinolente et déprimée…
Review Overview
Le film
Visiblement content de lui, Jim Jarmusch prend ses travers pour des réalités. Sur la base d’une histoire de vampires qui ne le font pas, il réinvente le genre et s’adonne à sa vision rock’n roll d’un cinéma contemplatif. Ca fonctionne assez bien dans l’ensemble, mais à force de complaisance, il appuie son propos, l’étire, et maintenant l’ennui nous guette. Le duo réincarné en Eve et Adam, Tom Hiddleston -Tilda Swinton fonctionne plutôt bien et c’est ce qui nous rassure. Avec ce point de détail qui n’en est pas un Jarmusch filme toujours aussi bien, et Tanger la nuit, sur le port, que c'est beau …
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