Synopsis: ES fuit la Palestine à la recherche d'une nouvelle terre d'accueil. La promesse d'une vie nouvelle se transforme vite en comédie de l'absurde. Aussi loin qu'il voyage, de Paris à New York, quelque chose lui rappelle sa patrie.
La fiche du film
Le film
Les bonus
- Cannes 2019. Mention spéciale du Jury.
- Vod 02 avril 2020
- DVD : 27 mai 2020
- Meilleur DVD-VOD Mai 2020 ( 6 ème )
Quand il regarde autour de lui, Es ne voit que désespoir, abandon et solitude. Sa femme vient de mourir – du moins on le suppose – et tout autour de lui rien ne va plus.
A ses yeux la Palestine est devenue une société déliquescente, qui n’a toujours pas autorité sur sa propre histoire . Le pays semble vouer à ce constat d’échec.
Le monde ne tourne donc plus rond se dit-il, à moins qu’ailleurs, l’herbe soit plus verte. C’est pourquoi Es s’envole vers des continents de rêve dont Paris est le centre et New-York la capitale.
Paris aligne ses défilés de mode dans des quartiers ripolinés, brillants sous le soleil avec des femmes toutes plus ravissantes les unes que les autres . Le cinéaste assume le cliché , s’en repaît jusqu’au SDF à qui on sert un plateau repas composé à sa demande. « Et ne vous inquiétez pas on repassera ».
L’exercice de style est patent qui rend parfait l’univers du cinéma par sa fausse légèreté et sa tendresse retenue. Devant et derrière la caméra Elia Suleiman nous parle véritablement du monde comme il va aujourd’hui , et ce que l’on en fait revient à dire que la terre appartient bien à celui qui l’habite.
C’est son point de vue qu’il observe tout aussi amusé , constamment au milieu de la chaussée, du champ et de l’image. Une symétrie d’une neutralité bienveillante ( il ne dit pas un mot ) quand au petit matin, la femme de ménage prépare la salle des mannequins d’un grand magasin de haute couture.
Vertige de la vie en travers , le réalisateur induit des comportements, des modes de vie , un regard acide sur la civilisation, pour un refus de scénario, une menace militaire …
C’est drôle, fantaisiste, inquiétant, réfléchi…
Comme il y a de « petites » longueurs et une scène totalement hermétique ( la femme dans le champ d’oliviers sur lequel il revient à deux reprises ) j’aurais bien vu ce film sous la forme d’un moyen métrage ( on supprime la scène de la femme ) ou d’un long métrage chapitré en trois courts métrage .
Mais en l’état, on ne va pas se plaindre. Suleiman est de retour au pays.
LES SUPPLEMENTS
- Entretien avec Elia Suleiman . Mon film précédent « 7 Jours à la Havane» m’a en quelque sorte servi de répétition pour ce film . (…) Je ne suis pas sur qu’il découle de la situation désespérée en Palestine , quand j’ai senti que le monde devenait un endroit terrifiant, j’ai commencé à faire ce film , je m’en suis peut-être aperçu trop tard »
« J’ai besoin de répondre au désespoir par un humour extrême et le burlesque »
« La tendresse apparait aussi dans mon film comme un moyen de résister à la violence ».
« Lors du tournage à Nazareth je me sentais sentimental et mélancolique , la situation empirait depuis mon départ , et j’ai rencontré cette bande de jeunes ( voir la scène finale ) qui tournaient le dos à Israël, ce ne sont pas des idéologues, ils n’ont pas de parti , ça m’a sorti de mon désespoir, ils représentent l’espoir »
« Une joie totale de voir ces jeunes représenter la nouvelle résistance au fascisme. Mais on ne va pas épiloguer sur Israël… »
« Ils s’alignent et s’identifient avec toutes les autres causes internationales. Ils ne sont pas renfermés sur eux-mêmes et sur la cause palestinienne. Ils connectent et se connectent sur toutes les autres causes ».
Les images de Paris, vidé de ses habitants ? « On a eu de la chance, la personne chargée des autorisations semblait bien connaître mon travail , il est allé bien au-delà de ce que l’on espérait ».
- Scènes coupées. J’aime toujours bien ce chapitre, mais là encore il est tout à fait raisonnable de ne pas les avoir monter au final .
Le film
Les bonus
Le genre d’exercice de style qui rend parfait l’univers du cinéma par sa fausse légèreté et sa tendresse retenue. Devant et derrière la caméra, Elia Suleiman nous parle véritablement du monde comme il va aujourd’hui , et ce que l’on en fait revient à dire que la terre appartient bien à celui qui l’habite.
Comme il y a de « petites » longueurs et une scène totalement hermétique ( la femme dans le champ d’oliviers sur lequel il revient à deux reprises ) j’aurais bien vu ce film sous la forme d’un moyen métrage ( on supprime la scène de la femme ) ou d’un long métrage chapitré en trois courts métrage .
Reste que Paris est filmé de manière subliminale au milieu de ses clichés touristiques et de ses monuments. Le tout totalement assumé.
AVIS BONUS
Un bel entretien avec le réalisateur et des scènes coupées
Un commentaire
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