L’histoire : Durant la guerre contre le terrorisme déclenchée après le 11 septembre, Gamel est emmené de chez lui en Afghanistan, vers la base aérienne de Bagram, puis à Guantanamo, Cuba pour être interrogé et torturé.
Sa liberté dépend de John, un interrogateur militaire, sorti de sa retraite et chargé de son dossier.
- Prix Spécial du Jury –au Socially Relevant Film Festival New York – 2024
- Prix du Meilleur Acteur-au Festival International de Marbella (Espagne)
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Ce film s’inspire des conditions de détention des prisonniers de Guantanamo -Cuba, établissement pénitentiaire américain impitoyable, érigé après le 11 septembre. Le cinéma en a déjà révélé la brutalité inhérente au lieu, sa cruauté, voire son sadisme …
Philippe Diaz reprend à son compte toutes les exactions commises dans cet enfer moderne , autour de la personnalité d’un civil afghan, Gamel, arrêté à son domicile, et conduit à Guantanamo sans explication notoire.
Sinon son appartenance présumée à Al-Qaïda, et son implication possible dans les attentats des Tours Jumelles à New-York. Ce qu’il va contester durant toute son incarcération, malgré les pressions, les privations, les humiliations, et la torture quasi quotidienne …
John découvre le système, et le réprouve d’emblée. Spécialiste autrefois des affaires sensibles auprès des prisonniers, ce désormais retraité est rappelé à Guantanamo pour prendre en charge le dossier Gamel. Ce qu’il accepte volontiers, patriotisme oblige, mais sans la violence fait-il savoir.
Telle une pierre d’achoppement posée dans les cages à lapins où s’entassent les prisonniers.
L’intrusion d’un tel personnage peut surprendre au cœur de telles pratiques. Ses premiers pas paraissent fragiles, incertains. Les relations avec sa fille, que l’on devine en butte à ses activités, sont pathétiques.
A l’image du préambule .
Très ordonnée, la mise en scène prévisible, le conduit malgré tout à prendre pleinement possession de son personnage, de plus en plus intriguant. Il nous tient en respect autant que la posture du prisonnier, immuable dans ses dénégations, et sa foi inébranlable.
Cette victime expiatoire, Sammy Sheik la représente de manière saisissante, quand son vis-à-vis , John , l’interrogateur militaire trouve sous les traits d’Eric Pierpoint , une figure quasi débonnaire , totalement rivée au devoir de la patrie qui toujours le ramène à son idéologie première.
Il tient le sort de Gamel entre ses mains …
- Sur une même trajectoire :
« Désigné coupable » de Kevin McDonald avec Tahar Rahim et Jodie Foster – « The guard » de Peter Sattler, avec Kristen Stewart…
Le Film
Après Peter Sattler ( « The Guard ») et Kevin MacDonald (« Désigné coupable ») Philippe Diaz reprend à son tour le chemin de Guantanamo-Cuba, cet établissement pénitentiaire américain impitoyable, érigé après les attentats du 11 septembre. Il le fait en soulignant à nouveau lui aussi les conditions inhumaines des prisonniers, qui bien souvent n’avaient absolument rien à voir avec les faits incriminés. Le héros ici est d’une trempe identique ( il a été dénoncé par son voisin pour la prime ) totalement étranger aux attentats du 11 novembre, mais proie facile pour le pouvoir en quête de coupables. Ce que veut bien entendre John, un ancien interrogateur militaire, qui reprend du service en refusant les méthodes actuellement en vigueur. A savoir des tortures de plus en plus sophistiquées, de plus en plus cruelles, voire sadiques. Et ce personnage emblématique va tenter d’adoucir le régime carcéral de son prisonnier, tout en maintenant un acte d’accusation qui lui parait de moins en moins sérieux. Mais la fibre patriotique le ramène toujours à son idéologie première. Il est interprété, de façon paradoxalement débonnaire par Eric Pierpoint, Face à Gamel, cette victime expiatoire, que Sammy Sheik endosse de manière sidérante.