Accueil » A la une » « Hungry hearts » de Saverio Costanzo . Critique cinéma-dvd

« Hungry hearts » de Saverio Costanzo . Critique cinéma-dvd

Synopsis: Jude est Américain, Mina Italienne. Ils se rencontrent à New York, tombent fous amoureux et se marient. Lorsque Mina tombe enceinte, une nouvelle vie s’offre à eux. Mais l’arrivée du bébé bouleverse leur relation. Mina, persuadée que son enfant est unique, le protège de façon obsessionnelle du monde extérieur. Jude, par amour, respecte sa position jusqu’à ce qu’il comprenne que Mina commence à perdre contact avec la réalité.

La fiche du DVD

Le film : "Hungry Hearts"
De : Saverio Costanzo
Avec : Adam Driver, Alba Rohrwacher
Sortie le : 07/07/2015
Distribution : BAC Films Distribution
Durée : 113 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD : 1
Le film

Adam Driver et Alba Rohrwacher ont obtenu à Venise l’an passé le prix d’interprétation. Une juste récompense qui rejaillit sur un film douloureux qu’il faut pouvoir apprivoiser très vite, sous peine de l’abandonner tout aussi rapidement. Je vous passe la scène d’ouverture, géniale de drôlerie, d’insolence et de bonne humeur.

D’autant plus dynamique qu’elle n’engage en rien ce qui va suivre dans la vie de cette jeune mère cloisonnée dans son propre monde. Et dans celui de son enfant, qu’elle juge  si exceptionnel qu’il n’est pas question de le révéler à la vie qui l’entoure. Tout ce qui pourrait lui être néfaste, la nourriture, le grand air, les relations, sont proscrits du berceau que même le père, Jude, a bien du mal à approcher.

Les rêves de Mina, mais plutôt ses cauchemars la mènent dans une partie de chasse, sur un parking désert, où un cerf est abattu. A ses yeux, le monde extérieur n’est que violence et danger. Une vision qui devient phobie, une attitude de plus en plus irraisonnée aux yeux de Jude, dont elle se méfie. L’affrontement entre les époux,d’autant plus inévitable, Saverio Costanzo le filme avec des accents hitchcockiens, grand angle et contre plongée diaboliques dans les entrailles de la folie.

Il n’en rajoute pas, le spectateur en joue dans l’inconscience d’une histoire qu’il se raconte à lui-même. Si les conduites à risque sont légions en ce bas monde, elles prennent ici une dimension tellement naturelle, bien que proscrite, que l’on ne trouve rien à dire.

hungry hearts

Le poids du passé pèse sur le comportement maléfique de l’héroïne et sur celui de son mari . Jude ne connaît quasiment pas sa mère qu’il a toujours refusé de voir . Tout ce petit monde se retrouve alors, se découvre, le jour du mariage. On a connu union consentie plus épanouie, jusque dans cette grossesse à peine désirée.

Premier symptôme d’une dégringolade psychique où la purification est une angoisse face «  à ce nuage toxique et bruyant » que représente le monde. A ce stade je ne vous dis pas l’état de crispation que peut ressentir le spectateur, de plus en plus malmené par une caméra insistante, qui traque les visages, accuse ou suscite l’accusation.

La mère qui ne connaît pas trop son fils pense trouver chez sa belle-fille un soutien...
La mère qui ne connaît pas trop son fils pense trouver chez sa belle-fille un soutien…

L’angoisse grandissante du père, les tensions qui suivent, le dénouement est à la hauteur de tout ce processus irréversible qui mène à la folie, tranche de vie inoxydable que le cinéma nous restitue dans toute sa chair. Ca peut faire mal, ça peut déranger, mais la vie parfois est aussi à ce prix. Celui d’un cinéma sans fard.

  • Pas de bonus ….
Adam Driver et Alba Rohrwacher ont obtenu à Venise l’an passé le prix d’interprétation. Une juste récompense qui rejaillit sur un film douloureux qu’il faut pouvoir apprivoiser très vite, sous peine de l’abandonner tout aussi rapidement. Je vous passe la scène d’ouverture, géniale de drôlerie, d’insolence et de bonne humeur. D’autant plus dynamique qu’elle n’engage en rien ce qui va suivre dans la vie de cette jeune mère cloisonnée dans son propre monde. Et dans celui de son enfant, qu’elle juge  si exceptionnel qu’il n’est pas question de le révéler à la vie qui l’entoure. Tout ce qui pourrait lui être…

Review Overview

Le film

Avec deux acteurs au top Adam Driver et Alba Rohrwacher, prix d’interprétation à Venise 2014, Saverio Costanzo imagine une descente aux enfers pour un jeune couple séparé par leur premier bébé. Une contradiction formulée autour d’une mère possessive, angoissée à l’idée du monde extérieur. Elle s’en protège jusqu’à la folie, refusant le soleil et une alimentation normale pour son enfant. Un processus radical auquel le réalisateur ajoute une patte hitchcockienne propre à déstabiliser le plus serein des spectateurs. Entre thriller et drame psychologique, Costanzo opte une pour une caméra résolument contemporaine.  Qui sonde les âmes et les cœurs. Et quand elle traque au plus près les sentiments, l’accusation vaut toutes les condamnations.

Avis bonus Il n'y en a pas, le film est tellement riche, mais quand même , sur un tel sujet on pouvait disserter...

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Trois amies » d’Emmanuel Mouret. Critique cinéma

Beaucoup moins inspiré par ses marivaudages, Emmanuel Mouret en rajoute

6 Commentaires

  1. Un très bon film, pas si facile d’accès et qui sera peut-être difficile à voir en dehors des cinémas d’art et d’essai. D’accord pour dire que la première scène est délirante d’humour mais c’est effectivement une fausse piste car c’est bien d’un drame très fort dont il s’agit. Une histoire de vie étouffante mais très bien scénarisée. Une réussite.

Laisser un commentaire