Synopsis: Un hôtel modeste au bord du canal Saint-Martin abrite une clientèle bigarrée. Pierre et Renée, un couple d'amoureux, décident d'en finir avec la vie. Ce qui va s'avérer plus difficile que prévu. Un autre couple, M. Edmond, mystérieux homme, et Raymonde, une prostituée, vont se mêler à l'histoire des amoureux désespérés.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le bonus
« Ma vie n’est pas une existence/
Si tu crois que mon existence est une vie… »
Meilleur dvd Novembre 2015 ( 10 ème )
Ce n’est pas ce dialogue que l’on retient du film, mais l’atmosphère d’Arletty qui plane à tout jamais. Et pourtant la comédienne eut parait-il bien du mal à rentrer dans son personnage, une prostituée, cornaquée par un Louis Jouvet qui par contre n’eut aucune difficulté à endosser le rôle.
Un couple à l’origine très secondaire dans le roman d’Eugène Dabit que Marcel Carné adapte pour les beaux yeux d’Annabella, la comédienne vedette. Elle et son amant (Jean-Pierre Aumont) s’apprêtent à se suicider dans une chambre d’hôtel, le jour où les patrons fêtent la communion du petit.
Le contraste, saisissant sur le papier, l’est encore plus à l’image quand la tristesse du couple, sa solitude, heurtent la tablée familiale qui exulte. Le prélude à une longue complainte où la mélancolie et l’amour tissent un mélodrame posé sur un quai de la Seine. Les deux amants vont vivre leur amour par contumace, liés par l’indéfectible sentiment d’appartenir malgré tout l’un à l’autre.
Juste avant de mourir, l’idée de renoncer vient à Pierre, mais Renée la rejette. « Si je disais non, il faudrait que l’on se remette à vivre, quelle corvée ». Elle qui reviendra sur les lieux de son drame pour y vivre comme une rédemption que les hommes qui la convoitent, exploitent sans vergogne.S’il la regardait bien, ils verraient pourtant au fond de ses yeux, le désespoir du premier jour
Mr Edmond, l’entremetteur du quartier qui se la joue grand seigneur est peut-être plus classe à ses côtés, mais son regard voyou demeure tapi dans l’ombre de souvenirs peu glorieux. Chacun fuit quelque chose, quelqu’un ou quelqu’une que le destin emporte à la petite semaine.
On dira l’influence du décor sur les comportements ( Alexandre Trauner, évidemment), le noir et blanc propice aux états d’âme, les matins blêmes, forcément blêmes et la nostalgie qui embrume les yeux. Une ambiance, une atmosphère si chère à Arletty et au créateur des dialogues, Henri Jeanson.
Quand Mr Edmond comprend que la belle ne le rejoindra plus, il rompt avec l’élégance d’un gentleman. Qu’il n’est pas. « On n’a pas été bien loin tous les deux, mais tu m’as quand même fait voir du pays ». Après ça, on tire le rideau, effectivement.
- Présentation de Serge Toubiana. Il évoque la naissance du projet autour de la participation indispensable d’Annabella, alors la comédienne vedette . Elle a lu le roman d’Eugène Dabit dont s’inspirent Marcel Carné, Jean Aurenche, et surtout Henri Jeanson qui co-signe le scénario et les dialogues.
C’est lui qui imagine développer des personnages secondaires du roman qui pour le film deviennent aussi importants que le couple de jeunes premiers. Arletty avec Louis Jouvet. On dit que Jeanson aurait préféré un autre comédien qu’Aumont et pour se venger de ne pas avoir obtenu gain de cause, il lui aurait écrit des dialogues pas terribles.
- Edition Collector. Il existe également un double dvd chez Mk2 , avec cette fois une kyrielle de bonus. Entretien avec Marcel Carné, le décor d’Alexandre Trauner, plusieurs portraits autour d’Arletty, et des documentaires sur le réalisateur.
- Potemkine Juin 2023 :
- « Au cinéma ce soir : Hôtel du Nord » : entretiens avec Marcel Carné, Arletty, Jean-Pierre Aumont et Henri Jeanson (1972, 21′)
- « Hôtel du Nord, histoire d’un décor » : entretiens avec Florian Cadiou, gérant de l’Hôtel du Nord, Anne Seibel, cheffe décoratrice de cinéma et Didier Naert, architecte, décorateur et beau-fils d’Alexandre Trauner (23′)
- Bande-annonce originale (4′)
Le film
Le bonus
Le roman d’Eugène Dabit que Marcel Carné adapte pour les beaux yeux d’Annabella, la comédienne vedette de l’époque, ne donne qu’un rôle secondaire à ce qui deviendra pourtant le couple mythique du cinéma français Arletty-Jouvet. Avec un décor planté dans un noir et blanc symbolique de l’esprit, pour ne pas dire l’atmosphère qui règne sur ce mélodrame empreint de toutes les mélancolies. Le scénario très dialogué, devient ainsi très argumenté, et fournit une image explicative. Ce qui peut correspondre à un style particulier entre néo-réalisme et expressionnisme. C’est aussi patent dans le jeu des acteurs, Louis Jouvet incarnant à lui seul la posture significative d’un tel courant.
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