Accueil » A la une » « Hostiles » de Scott Cooper. Critique cinéma-dvd

« Hostiles » de Scott Cooper. Critique cinéma-dvd

Synopsis: En 1892, le capitaine de cavalerie Joseph Blocker, ancien héros de guerre devenu gardien de prison, doit escorter Yellow Hawk, chef de guerre Cheyenne mourant, sur ses anciennes terres. En route, ils rencontrent Rosalee Quaid. Seule rescapée du massacre de sa famille par les Comanches, la jeune femme traumatisée se joint à eux. Du Nouveau-Mexique jusqu’au Montana, les anciens ennemis vont devoir faire preuve de solidarité pour survivre à l’environnement et aux tribus Comanches.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Hostiles"
De : Scott Cooper
Avec : Christian Bale, Rosamund Pike, Wes Studi
Sortie le : 18 juillet 2018
Distribution : Metropolitan Video
Durée : 130 minutes
Film classé :
Nombre de DVD / Blu-Ray : 0
Le film
Le bonus

L’acte de contrition du cinéma yankee est désormais la prière indispensable pour fouler les grands espaces de l’Ouest Américain. Un pardon sempiternel à l’Histoire et au peuple indien qui retrouve dans le western contemporain, son honneur et sa vérité.

La démarche en soi honorable prend cette fois des allures de rédemption. A l’image de ce chemin de croix qu’entreprend le capitaine Blocker afin de conduire sur la terre de ses ancêtres un vieux chef indien, à la veille de sa mort. Le soldat qui n’est pas un tendre a toujours combattu Yellow Hawk dont la cruauté n’est pas une légende.

Les deux hommes se sont haïs, maintenant ils se détestent. Ils vont pourtant devoir se supporter tout au long d’un périple semé d’embûches et de menaces incessantes. La présence d’une bande de Cheyennes fait craindre le pire. Elle vient d’assassiner une famille de blancs dont la seule rescapée, la mère, se place alors sous la protection du capitaine Blocker.

Rosamund Pike, Tanaya Beatty ( la fille du chef indien)

Rosalee Quai est définitivement traumatisée. Le seul regard du fils de Yellow Hawk, rien qu’un gamin, la terrorise. Le sourire de la jeune femme du chef agonisant est une agression. Mais l’heure de la réconciliation a bien sonné. L’entente cordiale va voir le jour, sous la férule du capitaine, à peine ébranlé par tous ces mouvements d’humanité.

Christian Bale, le personnage, est assez étonnant dans sa posture hiératique. Il est monochrome, voire monotone ; aucun signe distinctif ne marque ce visage à tout jamais fermé. La beauté des paysages (des décors naturels véritablement somptueux) conjuguée à la lenteur des événements, le glace constamment. A en devenir ridicule quand le Comanche sort du bois ou que le trappeur se fait menaçant.

Et bien inutile dans ce nouveau western où tout n’est plus que conscience et flagellation. Cette escorte remonte le temps des massacres et des exactions. « C’était ma mission, c’était mon devoir » se défend le soldat devant ce passé abominé qui le hante et le paralyse. « Ça fait longtemps que je porte ce genre de fardeau » confie-t-il encore à sa protégée revenue du chant des ténèbres

Sous le tipi de la réconciliation Rosamund Pike a enfin retrouvé la sérénité. Sa mélancolie attristée demeure le seul témoin de son drame. Elle excelle dans le personnage, l’un des rares à ne pas contredire l’angélisme ambiant d’un récit de plus en plus manichéen.

A trop brasser l’amour et la fraternité sans exutoire possible à tout autre vérité. La condescendance langoureuse de la réalisation fixe les bons sentiments exaltés par un colonel décadent (Stephen Lang) ou débonnaire (Peter Mullan). Mais l’un comme l’autre ne survivront pas à leur personnage. Le western est devenu … intelligent.

LE MAKING OF

Trois chapitres sous l’intitulé « making of », mais chacun peut être lu indépendamment des autres . Il n’y a jamais de véritables scènes de tournage, mais de la préparation ou des répétitions… Et beaucoup de commentaires…

  • 1-Une aventure spirituelle ( 22 mn ).  « Un western uniquement par l’époque et les lieux » prévient Scott Cooper qui parle alors d’un « film universel sur le pardon, la réconciliation . Je voulais raconter une histoire pertinente pour l’Amérique d’aujourd’hui , sur le racisme. (… ) On  connaît les mauvais traitements infligés aux amérindiens , aujourd’hui c’est la même chose avec les afro-américains ».

Sur Christian Bale ,Rosamund Pike est intarissable , mais elle en parle très bien, c’est argumenté, pas de langue de bois . Le réalisateur est du même avis, ils sont très amis d’ailleurs…

Rosamund Pike :  «  Lorsque l’on joue quelque chose de douloureux , il faut penser aux personnes pour qui c’est vrai, qui l’ont vécu. (…) Pour ces gens qui ne retrouveront pas leurs enfants en rentrant chez eux , je me dois de ne pas les décevoir ».

Sur  la distribution des rôles, le plus intéressant pour moi c’est le commentaire de William Voelker , fier membre de la tribu Ohnonuu des Comanches et conseiller sur le film :  «  nous tenons à notre individualité, notre identité d’indigène , notre langage est unique tout comme notre vision de la vie. La  première fois que je travaillais avec Scott Cooper et il ne fait pas semblant , ce ne sont pas que de belles paroles sur l’Histoire et la précision historique , il veut les nuances, sur ce que ressent chaque guerrier ».

Christian Bale, Wes Studi, deux grands interprètes
  • 2_ Repousser les limites – ( 18 mn ). C’est avec la nature, l’environnement que l’on aborde ce second chapitre avec cette fois l’éloge des techniciens, les meilleurs bien évidemment «  ils nous ont toujours soutenus ».

Le tournage c’est fait sur pellicule et pas en numérique , «  ça apporte une essence, une qualité dans un paysage déjà magnifique, celui  du Nouveau Mexique et du Colorado »  raconte avec une douceur égale Q’orianka Kilcher, que l’on retrouve à plusieurs reprises dans ce making of. Ce qu’elle dit est toujours plein de bon sens ou/et de sagesse.

Sur le travail de la photo, Scott Cooper est ravi dit-il (Masanobu Takayanagi ), mais c’est avec le décorateur Donald Graham Burt, que l’on apprend peut-être le plus autour de la notion de fort en 1852. «  Ca ne voulait plus dire grand-chose, ça n’intéressait plus grand monde , il restait des bâtiments usés par le sable, le vent, les éléments , ça annonce ce qui attend ces hommes… ».  70.000 briques d’adobe ont été nécessaires  pour le construire…

La recherche sur les tenues, les documents d’époque , «  il y avait  beaucoup de renseignements sur la cavalerie mais pas sur cette époque, il a fallu imaginer les uniformes » relève la chef costumière Jenny Eagan  « J’ai fourni les outils aux acteurs et je les ai laissés briller, les acteurs sont formidables…. Ils ont bien tenu compte de la réalité des tissus, des laines qu’ils portaient… ».

  • 3- Ne pas se retourner ( 17 mn ). « Pour un film, vous abandonnez beaucoup de monde pendant des mois, j’espère alors que l’on se souviendra de ce film , on le voit le vendredi, on y pense encore le mardi, ça c’est bien » dit le réalisateur avant que tous les comédiens fassent son éloge…

La Bible, désormais :

« Une histoire du western » de Louis Stéphane Ulysse

Quelques westerns plus ou moins conformes :

« Utu » de Geoff Murphy

« In a valley of violence » de Tim West

« Fureur Apache » de Robert Aldrich

« Il était une fois dans l’Ouest » de Sergio Leone (1968)-

 « True Grit » de Joel et Ethan Coen (2010)

« Soldat bleu » de Ralph Nelson (1970)

« Little big man » d’Arthur Penn (1970)

« The last movie » de et avec Dennis Hopper

« La vengeance aux deux visages » de et avec Marlon Brando

« Les 8 salopards » de Quentin Tarantino

« Les frères Sisters » de Jacques Audiard

« Vera Cruz » de Robert Aldrich

« La dernière piste » de Kelly Reichardt

« L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford » de Andrew Dominik

L’acte de contrition du cinéma yankee est désormais la prière indispensable pour fouler les grands espaces de l’Ouest Américain. Un pardon sempiternel à l’Histoire et au peuple indien qui retrouve dans le western contemporain, son honneur et sa vérité. La démarche en soi honorable prend cette fois des allures de rédemption. A l’image de ce chemin de croix qu’entreprend le capitaine Blocker afin de conduire sur la terre de ses ancêtres un vieux chef indien, à la veille de sa mort. Le soldat qui n’est pas un tendre a toujours combattu Yellow Hawk dont la cruauté n’est pas une légende.…
Le film
Le bonus

A force de se flageller et de demander pardon, le cinéma américain tourne son western en panoplie de contrition. Les paysages sont magnifiques (décors naturels, évidemment !), comédiens et comédiennes apprêtés pour le sujet, et la mise en scène langoureuse qui s’accorde à cette mission en rémission pour un soldat devant escorter un chef indien, à la veille de sa mort. Les deux hommes se sont sauvagement combattus et la haine demeure encore dans leur regard quand débute le chemin de croix. Pénitence pour le héros d’autrefois dont la conduite intérieure le mène à un examen de conscience approprié sur ce qu’il l’animait autrefois. Que le cinéma réfléchisse sur cette Histoire cruelle et dévastatrice ne manque pas de panache, mais le faire de manière aussi angélique, voire candide, amenuise la force du propos. Que dire alors du jeu monotone de Christian Bale contrebalancé par l’interprétation assez juste me semble-t-il de Rosamund Pike victime de la barbarie indienne, mais pleine d’une charité chrétienne que le western d’aujourd’hui se charge de mettre en scène. AVIS BONUS Sympathique making of qui montre beaucoup l’environnement du film, sa préparation, les réflexions autour des personnages, des décors, avec des commentaires des intéressés et aussi beaucoup d’éloges de part et d’autre…

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Trois amies » d’Emmanuel Mouret. Critique cinéma

Beaucoup moins inspiré par ses marivaudages, Emmanuel Mouret en rajoute

Laisser un commentaire