Accueil » A la une » « Homeland : Irak Année Zéro » de Abbas Fahdel. Critique dvd

« Homeland : Irak Année Zéro » de Abbas Fahdel. Critique dvd

Synopsis: Le quotidien d’une famille avant et après la chute de Saddam Hussein. Une famille irakienne qui a les mêmes aspirations que toutes les familles du monde : travailler, éduquer leurs enfants, rire, aimer, s'impliquer dans leur société…

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Homeland Irak année zéro [Partie 1 et 2] - DVD"
De : Abbas Fahdel
Avec :
Sortie le : 06 septemb 2016
Distribution : Blaq Out
Durée : 340 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 2
Le film
L'interview

Le cinéaste irakien Abbas Fahdel a passé deux ans dans sa famille peu avant la chute de Saddam Hussein, puis au lendemain de l’invasion américaine de 2003. Il en résulte une puissante évocation historique de ce qui demeure encore aujourd’hui un tremblement de terre à l’échelle mondiale.

Les enfants sont très présents dans ce documentaire, et particulièrement Haïdar, 12 ans qui nous accompagne souvent dans les dédales de la vie quotidienne à Bagdad. Il n’hésite pas à donner son point de vue et à pointer des commentaires d’une pertinence assez étonnante pour un gamin de cet âge. Il sera lui aussi fauché par la folie des hommes.

Haïdar nous guide tout au long de ce long périple, avant d'être lui aussi victime de la barbarie
Haïdar nous guide au long de ce périple, avant d’être lui aussi victime de la barbarie.

Le premier volume, c’est  l’annonce d’une guerre imminente avec l’air de ne pas trop y croire, d’en faire presque un jeu, avant que les paroles des grands ne résonnent singulièrement aux oreilles des plus jeunes.

Ce sont des scènes qu’ils ont vécues comme l’incendie de cette maison où le propriétaire avait stocké des barils d’essence. L’un d’eux était troué…

Des gamins qui jouent à « attraper l’américain », sourire au vent et l’innocence cruellement accrochée  aux ébats d’une rue qui se vide de plus en plus.
Des instants d’une vie de famille qui se prépare à la guerre, les allées et venues du quotidien…

Le cinéaste n’omet jamais la cérémonie du thé, celle des retrouvailles avec les cousins ou le soir devant la TV. C’est presque bouche bée que Haïdar découvre les manifestations pacifiques à Paris. « Ils nous soutiennent, mais ça ne changera rien. Ils ont le droit de manifester, eux ». Le même garçon qui nous sert de guide dans ce qui est devenu un sanctuaire au lendemain du bombardement par les Américains de l’abri d’Al-Amiriyah, le 13 février 1991 : 400 civils tués

Le 20 mars 2003 ils bombardaient Bagdad, la guerre commençait.

  •  Après la bataille

Comme un bilan des dégâts, la maison de la radio, le passage des pillards. « Les conventions internationales interdisent pourtant le bombardement de ce genre d’immeubles, et nous ne pensions pas être bombardés, nous sommes des civils, avec des salaires qui ne couvrent pas une semaine. Pas de privilégiés parmi nous… ».

Les irakiens découvrent l’ampleur d’une invasion très vite très mal supportée car bien souvent, les soldats de la coalition ne tiennent pas compte de la population civile. Ils font exploser des immeubles, des quartiers, alors que des gens vivent tout autour. Les langues se délient et on rencontre un peuple anéanti, un pays mis à feu et à sang où dans les rues, les incidents éclatent, les bandes rivales s’affrontent.

La situation est plus que tendue.« Le vice-recteur a été tué dans son bureau » rapporte l’oncle d’Haïdar

« C’est l’héritage de Saddam » lui répond une voix.

Des histoires anciennes resurgissent aussi, car toujours aussi vives  comme la disparition de ces  deux jeunes hommes exécutés sans raison par la police irakienne. L’un d’eux avait 13 ans. Ou des témoignages sur les malheurs de la guerre, des personnes disparues dans une ville qui tente malgré tout de survivre alors que la radio annonce l’arrivée d’aides prochainement. La reconstruction de l’Irak va bientôt débuter, dit la journaliste.

Un matin les soldats de Saddam Hussein ont encerclé la maison, on ne la plus revu...
Un matin les soldats de Saddam Hussein ont encerclé la maison, on ne la plus revu…

« Je préfère continuer à vivre dans la misère plutôt que de piller le bien d’autrui, mais la plupart des pillards étaient des pauvres » témoigne un voisin des palais de Saddam Hussein qui ne ressemblent plus à rien.  Abbas Fahdel pose son objectif n’importe où, c’est un spectacle de ruines, de tristesse, de désolation que laisse l’administration Bush.

« Tout ce que les américains avaient promis n’est pas arrivé, ils n’ont pas rétabli l’électricité, ils nous ont menti » conclut un jeune homme qui prévient que dès qu’il rencontrera un américain, il le tuera. La famille du réalisateur a elle aussi été durement touchée par ce conflit. Pendant dix ans ce film restera en sommeil…

 

 LE SUPPLEMENT

  • Entretien avec le réalisateur Abbas Fahdel par Philippe Piazzo. Il est préférable d’écouter ce témoignage  après la vision des deux dvd.

« Je vivais en France depuis 13 ans, mais j’ai ressenti le besoin de retourner en Irak, sans savoir ce que j’allais faire, ce que j’allais filmer. Pendant un an j’ai filmé, ma famille surtout, son quotidien, mais après tant d’absence ce n’est pas ce que je voulais filmer, c’est ce que je voulais vivre avec eux. Mais j’ai filmé et la guerre n’a pas eu lieu. Trois jours après être rentré à Paris, les bombes ont commencé à tomber sur Bagdad, alors je suis reparti et là tout avait changé, mais comme il y a eu un drame dans ma famille je n’ai pas pu regarder les rushs. Il m’a fallu dix ans avant de faire mon deuil et puis de reprendre le cours de ce film ».

Au-début on venait rendre visite aux soldats, avant que l'on ne jette des pierres sur l'envahisseur
Au-début on venait rendre visite aux soldats, avant que l’on ne jette des pierres.

« On voit beaucoup d’enfants, mais ce n’est pas délibéré, c’est la réalité, l’Irak est un pays très jeune et la caméra attire les enfants, et les enfants c’est la survie ».

« Heureusement que j’ai filmé Bagdad avant la guerre, nos archives ont été entièrement détruites, il ne reste rien de la mémoire visuelle de mon pays, ce qu’était le souk, la vie des habitants, et il est dommage également que personne n’ait filmé Hiroshima avant la bombe atomique, on ne souvient que d’un champignon et d’un terrain vague ».

Le cinéaste irakien Abbas Fahdel a passé deux ans dans sa famille peu avant la chute de Saddam Hussein, puis au lendemain de l’invasion américaine de 2003. Il en résulte une puissante évocation historique de ce qui demeure encore aujourd’hui un tremblement de terre à l’échelle mondiale. Les enfants sont très présents dans ce documentaire, et particulièrement Haïdar, 12 ans qui nous accompagne souvent dans les dédales de la vie quotidienne à Bagdad. Il n'hésite pas à donner son point de vue et à pointer des commentaires d’une pertinence assez étonnante pour un gamin de cet âge. Il sera lui…
Le film
L'interview

On a souvent parlé des ravages de la guerre, filmé le désarroi dans lequel sombre des populations tout entière mais cette fois Abbas Fahdel nous montre avec une simplicité poignante le quotidien de gens qui s’apprêtent à recevoir des bombes et à en mourir. Le plus souvent c’est un gamin de 12 ans, Haïdar qui nous sert de guide et de repère, à travers une ville et une Histoire marquées par plusieurs conflits et une culture ancestrale fortement ancrée dans la famille. En l’occurrence, celle du réalisateur. C’est le ciment de ce document qui tout en relevant les malheurs et ses conséquences abominables, ne s’appesantit jamais sur le noir et la douleur. Il en ressort encore plus de vérités premières sur les affres d’un événement qui des années durant demeurera dans le cœur et les esprits de ses protagonistes.

Avis bonus Une courte interview du réalisateur

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Trois amies » d’Emmanuel Mouret. Critique cinéma

Beaucoup moins inspiré par ses marivaudages, Emmanuel Mouret en rajoute

Laisser un commentaire