Synopsis: Dans une discrète banlieue japonaise, Toshio et sa femme Akié mènent une vie en apparence paisible avec leur fille. Un matin, un ancien ami de Toshio se présente à son atelier, après une décennie en prison. A la surprise d'Akié, Toshio lui offre emploi et logis. Peu à peu, ce dernier s'immisce dans la vie familiale, apprend l'harmonium à la fillette, et se rapproche doucement d'Akié
La fiche du film
Le film
Cannes. Prix du Jury 2016- Un certain regard .
Toshio, tôlier de profession, est bizarre, mais c’est un patron sympa. Quand Yasaka (Tadanobu Asano ) son vieil ami sort de prison, dix ans plus tard, il lui offre le gîte et le couvert et un emploi dans son atelier. La femme, Akié ( Mariko Tsutsui ) ne saisit pas vraiment toutes les nuances de cet accueil si généreux.
Son couple, encore très jeune, parait bien fatigué. Seule, leur fille unique rassemble encore ce qui leur reste d’amour. A contrario, le mari ( Kanji Furutachi ) donne quasiment tout à cet étranger qui s’installe sans tapage dans la maisonnée où il trouve tranquillement sa place. Celle d’un familier.
Il apprend l’harmonium à l’enfant, et accompagne souvent Akié qui apprécie enfin une écoute, un regard, une attention. Il va aussi se confier auprès de son ami, révéler ce passé qui visiblement les unit dans le secret et le drame. On le pressent, sans attendre plus des révélations de la caméra de Kôji Fukada (également auteur et scénariste).
C’est le cinéaste des contrastes, qui dit la foi et le doute, pose la lumière de l’enfance et dépoussière les recoins interdits.
Ce nouvel éveil à la vie d’Akié est une dégringolade pour Toshio dans la spirale d’une histoire dont ils ne connaissent en réalité ni les tenants, ni les aboutissants.
A l’image de sa mise en scène, Fukada écrit un scénario plein de retenue, et de cette délicatesse qui va réunir la femme et son amant, dans une impossible union. Comme une fuite en avant dictée par l’instinct et le désir, mais aussi par un irrésistible besoin de vengeance, quand la vie ne vous rend pas ce que vous estimez être votre dû.
C’est une véritable trame policière que le cinéaste tisse depuis le début de cette étrange relation avant d’en dénouer les ressorts psychologiques d’une intense et cruelle anxiété. En quête de sa propre histoire, le mari repousse l’échéance inéluctable face au malheur qui les accable et que l’épouse panse d’un amour maternel rédempteur.
Un selfie à peine compromettant mais lourd de symboles et d’événements à venir…
Une fois encore, les apparences sont trompeuses. Le bénéfice du doute ne profite pas forcément à celui qui le revendique. Une photo en atteste, un selfie comme le veut l’époque. Le selfie est un procédé qui vous renvoie votre propre image. Un procédé bien trompeur.
Le film
J’ai l’impression qu’il y a tout un déploiement de techniques dans ce film qui demeure malgré tout d’une belle élégance et ne laisse pas paraître un savoir-faire éloquent. Au bout du compte c’est quasiment un film policier que nous livre le réalisateur japonais en relatant l’histoire d’une famille, déjà bien fragilisée, et que l’arrivée d’un ami du mari va venir totalement chambouler. Il s’appuie sur son propre scénario, dont les ressorts psychologiques manipulent l’âme humaine avec une discrétion étonnante. Un respect paradoxal, au vu des situations engendrées par la révélation d’un passé que les protagonistes ignorent totalement, bien qu’il les concerne, à différents niveaux. C’est toute la subtilité du propos du jeune cinéaste entouré par des comédiens formidables.
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