Synopsis: Alhassane, 17 ans, a quitté la Guinée et arrive seul en France après un éprouvant périple. Accueilli dans un village en Normandie, il rencontre Louka, 13 ans. Ce qui les sépare les lie tout autant que ce qui les unit. Durant l’été, ils construisent une cabane sur la falaise qui surplombe la mer.
La fiche du film
Le documentaire
Les bonus
VOD le 06 mai 2020
DVD : 20 avril 2021
On disait boat-people, on dit réfugié. Des centaines et des centaines de candidats à l’espoir qui se perdent en mer ou dans des contrées à jamais étrangères.
Le fait presque nouveau ici est de rencontrer un survivant de ce désastre planétaire. Un guinéen de 17 ans, Alhassane qui pendant deux ans a sillonné plusieurs contrées, connu le froid, la prison, les privations, les brimades avant d’arriver en France.
On le voit aller et venir dans la campagne normande en compagnie de son nouveau copain, Louka un peu plus jeune que lui, mais du pays,un lien direct à cette réalité toujours aussi mal appréhendée : l’insertion.
Alhassane est en passe semble-t-il d’y parvenir. Autour de lui ce n’est que prévention et bienveillance, sous l’œil éveillé de ce jeune normand qui ne trouve rien à redire à la présence de ce grand gaillard incongru dans le paysage.
Alhassane ne se raconte pas, il vit. Découvre le bocage et son littoral. C’est en voix off que la réalisatrice lui demande de reprendre le cours de son histoire sur des images contredites par l’avenir qui se profile le long des pâturages et des falaises.
Peut-être pourquoi on ressent de façon si distante ce fait ancré depuis des années dans le calendrier des drames de l’Univers .
Des faits, des impressions aussi, encore plus terribles dans ce qu’elles évoquent à l’exilé.
« La manière dont la mer fait des mouvements ça fait peur , les passeurs, la nuit, beaucoup de vagues, mais faut y aller, ils nous poussent, c’est leur business… ».
Il pense à sa mère ( « elle va dire – Alhassane est parti faire quelque chose d’intéressant » ) . Il pense aux démarches à effectuer pour se faire reconnaître en France.
Aux gens qu’il rencontre dans la campagne, il parle d’autre chose, mais le ton me parait complètement décalé. Des gens éminemment sympathiques, comme ce pêcheur qui lui révèle les secrets de la pêche à l’épuisette.
Ce monsieur évoque le périple du déraciné sur un ton presque badin. Tout juste s’il ne lui demande pas s’il a fait bon voyage. « Ah deux ans quand même, c’est très long ! … ».
Une dame tout aussi charmante est tout aussi déroutante dans sa relation à Alhassane maintenant à l’abri sous une cabane « à l’africaine » qu’il a construite près du rivage. Toujours en compagnie de Louka, paisible témoin de l’avancée du monde, innocent regard encore adolescent, qui ne croit pas au diable.
Alhassane connaît des gens qu’ils l’ont rencontré. Mais à la façon dont il sourit à son nouvel ami, on comprend qu’il n’y croit plus beaucoup …
LES SUPPLEMENTS
- « La Cabane d’Altaher » d’Ariane Doublet – ( 11 mn ) . Je ne sais pas si le titre de ce court-métrage correspond exactement à ce que l’on découvre ici : le périple d’un jeune africain évoqué à travers ses dessins. A la fois naïfs et très expressifs, ils parlent de son histoire dans son village, sa traversée en mer, avec des personnages, des portraits très vivants, des gens qui l’ont aidé « Quand quelqu’un fait quelque chose d’humain, tu ne peux pas l’oublier ».
« Ce dont j’ai besoin, c’est de sécurité » dit-il encore « autrement je n’ai besoin de rien ». Altaher est allé de problème en difficulté, mais ni larmoyant, ni pathétique, il espère vivre maintenant, enfin, tranquillement.
- FAQ#1- Rencontre avec les spectateurs-Vidéo conférence (34 mn ) . On parle de l’origine du film , Alhassane dans son foyer d’accueil aspire à jouer au foot. Lucas le rejoint et en les découvrant la cinéaste décide de tourner. Alhassane n’est pas très chaud pour le projet, mais se laisse convaincre. « Ils se connaissaient depuis plusieurs mois quand j’ai commencé à tourner » .
Il a fallu mettre le foot entre parenthèses. « On n’a rien rejoué ( … ) j’ai privilégié son regard ».
Ont-ils eu l’impression de jouer comme des acteurs ? Lucas, pas vraiment , Alhassane totalement « Il fallait que je rentre dans l’action. »
Ariane Doublet conclut : « Dans ma façon de faire des documentaires, je ne veux pas que l’on oublie la caméra » .
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Exilés, réfugiés, immigrés :
« L’ordre des choses » de Andrea Segre
« Fuocoammare : Par-delà Lampedusa » de Gianfranco Rosi
« Libre » de Michel Toesca
« The good lie » de Philippe Falardeau.
« Hope » de Boris Lojkine.
« Fortuna » de Germinal Roaux
Le documentaire
Les bonus
Je suis assez surpris par la manière dont la réalisatrice a conduit son documentaire sur l’insertion d’un jeune guinéen, auteur d’un périple incroyable pour arriver jusqu’en France. Qu’elle ne le filme pas frontalement pour entendre son témoignage est un parti pris qui fonctionne plutôt bien. C’est en voix off que la réalisatrice lui demande de reprendre le cours de son histoire sur des images contredites par l’avenir qui se profile le long des pâturages et des falaises normandes. Le filmage tient alors plus du Super 8 familial que du documentaire argumenté . Avec l’intervention de « promeneurs », des habitants du coin semble-t-il dont les propos bienveillants paraissent cependant un peu étonnants, voire légers, au regard de la situation du jeune guinéen. Il n'en demeure pas moins que son témoignage demeure exemplaire, édifiant ...