Synopsis: Lara, 15 ans, rêve de devenir danseuse étoile. Avec le soutien de son père, elle se lance à corps perdu dans cette quête d’absolu. Mais ce corps ne se plie pas si facilement à la discipline que lui impose Lara, car celle-ci est née garçon.
La fiche du film
le film
Le bonus
- DVD 19 février 2019
- Cinéma : 10 Octobre 2018
- Festival de Cannes 2018. Un certain regard : Caméra d’or et prix d’interprétation Victor Polster
- Meilleur dvd Février 2019 ( 7ème )
Lara est née dans un corps de garçon, quand tout son être refuse de l’être. Lukas Dhont l’observe à distance dans l’évolution d’un processus psychologique et physique radical pour un film de ce genre.
Habituellement le transgenre au cinéma est abordé sur un angle plus social (« Noor »), identitaire (« Lola Pater »), historique (« Orlando« ), familiale ( « About ray » ) quand ce n’est pas une voie plus énigmatique au sein d’un thriller épique (« Man on high heels »).
Le réalisateur belge opte ici pour une vision déviante d’un sujet qu’il maîtrise pleinement. Il ne lâche jamais son héroïne qui au fil de son parcours va découvrir les limites de la persévérance et de la patience, premiers traits de sa personnalité hors du commun.
Lara est résolue dans un choix qu’elle sait irréversible et aux multiples contraintes. Dont le parcours médical auprès de nombreux spécialistes pour la préparer à sa future mutation.
Avant de placer la future jeune femme dans ce corps de petit rat dont elle rêve depuis sa plus tendre enfance. On la voit répéter et répéter encore au milieu de ces copines, ces pas et ces gestes qui la font souffrir. Avec un corps qui ne correspond pas forcément aux exigences de sa pratique, Lara a pris du retard dans son enseignement de la danse classique. L’apprentissage des pointes est un véritable calvaire.
Lukas Dhont ne se prive pas de nous montrer la chaire à nu et le sang qui coagule entre les orteils. La peine qui se lit sur le beau visage de Lara encore ballottée par l’enfance que son petit frère lui rappelle avec un amour infini. Le même qui se lit sur le visage du papa ( Arieh Worthalter) totalement impliqué dans le choix de sa fille, compréhensif et plus qu’aimant.
A l’ image de toute la famille ( mais on ne sait rien de la mère ) pleinement aux côtés de la jeune fille qui semble vivre dans un monde si tolérant qu’on en oublie sa différence. Dhont plus que complaisant avec son héroïne tarde à lui ouvrir les portes de la vie, à la confronter à ses semblables qui un jour en viendront à l’interroger. Lara n’y est pas forcément préparée comme l’attente de ses premières amours qui risquent de la mettre en porte à faux.
Entre cette douleur morale et la souffrance physique quotidienne ( le sexe quotidiennement dissimulé par des sparadraps ) la jeune fille poursuit alors sa quête d’une identité de moins en moins affirmée dans les atermoiements d’une mise en scène redondante, et parfois très nombriliste. Dhont se plait à filmer les corps et l’intime, la féminité en attente, une belle ligne de cou.
Il faut alors tout le talent de ce jeune comédien Victor Polster, pour la première fois à l’écan, avant d’adhérer à ce personnage complexe et ambigu, partagé entre le vouloir et le pouvoir. D’un processus hormonal à celui de l’accomplissement, Lara va enfin révéler à elle-même, cette extrême et douloureuse vision de son identité. Une intimité mise à nue.
LE SUPPLEMENT
- Lukas Dhont dans « L’heure bleue » de Laure Adler ( 53 mn ). Une émission radio qui revient sur le film bien évidemment mais aussi sur le cinéma en général.
On évoque ainsi l’impact des cinéastes belges ,ou encore plus important celui de Chantal Ackermann qui a compté pour de futurs réalisateurs.« Elle m’a montré le temps en cinéma, j’étais très narratif, ça m’a changé, elle regardait le temps, et le prenait ».
« Elle a abordé l’appréhension de la sexualité, on ne disait pas encore transgenre, mais un regard de l’intérieur vis-à-vis du sexe dont on avait hérité et qui ne correspondait pas à ce que l’on ressentait ».
L’aspect autobiographique du film est alors abordé, « mais je n’étais pas aussi courageux à 15 ans que mon héroïne ».
Autour de « Laurence Anyways », un commentaire intéressant de Xavier Dolan. « Je suis homosexuel mais je ne fais pas des films sur l’homosexualité. » Il en détaille les attendus …
« je me sens proche de lui » reconnait Lukas Dhont « il porte quelque chose de nouveau, il nous montre des choses qu’il est le seul à pouvoir montrer. L’amour peut transcender le genre, nous dit-il ».
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Le transgenre dans ce blog …
« Noor » de Guillaume Giovanetti- « Man on high heels » de Jang-jin. – « Lola Peter » de Nadir Moknèche – « About ray » de Gaby Dellal – « Tangerine » de Sean Baker – « Orlando » de Sally Potter- « Une femme fantastique » de Sébastian Lelio – « Laurence Anyways » de Xavier Dolan
le film
Le bonus
Des deux distinctions cannoises je retiens avant tout le prix d’interprétation pour le jeune Victor Polster effectivement sidérant dans ce personnage de petit homme qui veut devenir danseuse étoile. Le thème du transgenre habituellement abordé au cinéma ne prend pas position aussi frontalement que le fait le réalisateur belge très préoccupé ( au risque de beaucoup se répéter ) par le processus médical nécessaire à l’accomplissement de la transformation physique de son héros. Si Dhont n’occulte pas le côté familial des choses auquel il confère une très grande sérénité ( le papa est totalement aux côtés de sa fille, la mère n’apparait jamais … ), il prend aussi surtout position sur l’évolution psychologique et physique d’une héroïne qui après avoir montré beaucoup de patience et de persévérance commence à flancher quand elle doit se confronter aux réalités de son environnement et de ses proches . Un aspect qui me semble-t-il tarde à venir dans le monde du réalisateur qui s’attarde beaucoup trop sur le nombril de son histoire. Il se plait à filmer les corps et l’intime, la féminité en attente, une belle ligne de cou. Il faut alors tout le talent de ce jeune comédien Victor Polster pour en saisir les nuances et la force de son combat .
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