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« Gemma Bovery » d’Anne Fontaine, critique cinéma

Synopsis: Martin, ex-bobo parisien, boulanger dans un  village normand connaît tout de Gustave Flaubert. Lorsqu'un couple d'Anglais Gemma et Charles Bovery, s’installe près de chez lui, l’occasion est trop belle de pétrir - outre sa farine quotidienne - le destin de personnages en chair et en os. Mais la belle Mme Bovery a d’autres idées en tête…

La fiche du film

Le film : "Gemma Bovery"
De : Anne Fontaine
Avec : Gemma Arterton, Fabrice Luchini
Sortie le : 10/09/2014
Distribution : Gaumont Distribution
Durée : 99 Minutes
Genre : Comédie, Drame
Type : Long-métrage
Le film

Ce film est exaspérant. Il dit et se rétracte, hésite et n’ose pas, et puis s’appesantit. Ça pourrait être un effet de style pour conjuguer l’intrigue au passé simple d’un roman de Flaubert. Mais non, « Madame Bovary »  empoisonne tout le film à force de s’y référer pour confirmer les fantasmes d’un boulanger lettré .

Martin voit dans l’arrivée de ses nouveaux voisins, Gemma et Charlie Bovery, la réincarnation des héros du romancier.

L’artisan reconverti hallucine, ce qui va très bien à Fabrice Luchini, parfait dans le rôle du bobo revenu de tout. Il flashe sur Gemma,  la jeune femme anglaise qu’Anne Fontaine déshabille sous toutes les coutures. Sans jamais y toucher. Ou si peu. La cinéaste filme tout en sensualité (photo Christophe Beaucarne), mais d’une manière si grotesque que ça en devient gênant. Les audaces de « Nettoyage à sec » ont pris l’eau.

Timorée, la voici aux prises avec des références cinématographiques qu’elle inscrit maladroitement dans sa mise en scène. Je pense à « Lady Chatterley » (bien au-delà de la ressemblance entre Gemma Arterton et Marina Hands), « Le facteur sonne toujours deux fois » (de la miche au renversement sur la table) et surtout à «  Tamara Drew ».

Stephen Frears  unissait lui aussi  l’amour et la littérature dans un petit village de la campagne londonienne. Gemma Arterton était déjà la belle . Mais la manière était tout autre.

photo-Gemma-Bovery-2014-13

Ici, nous sommes en Normandie, et les clichés inhérents au paysage ne sont rien en regard de ce que le scénario réserve à nos protagonistes. Surfait, parfois sur joué (le personnage de Elsa Zylberstein est caricatural) le récit plonge dans les affres de notre héros avec une délectation suspecte.

Comme s’il fallait en donner toujours plus à notre Luchini national, qui se pourlèche les babines en ouvrant seulement  le livre. Une citation par ci, une autre par là et le reflet que projette Gemma sur les écrits de Flaubert, le met en transe.  Plus pathétique qu’émouvant.  Prévisible. Tout à l’image du film.

Ce film est exaspérant. Il dit et se rétracte, hésite et n’ose pas, et puis s’appesantit. Ça pourrait être un effet de style pour conjuguer l’intrigue au passé simple d’un roman de Flaubert. Mais non, « Madame Bovary »  empoisonne tout le film à force de s’y référer pour confirmer les fantasmes d’un boulanger lettré . Martin voit dans l’arrivée de ses nouveaux voisins, Gemma et Charlie Bovery, la réincarnation des héros du romancier. L’artisan reconverti hallucine, ce qui va très bien à Fabrice Luchini, parfait dans le rôle du bobo revenu de tout. Il flashe sur Gemma,  la jeune femme anglaise…

Review Overview

Le film

On dira que c’est un film sympathique, pour le cadre joli et la présence de jolies femmes. A  l’image de Gemma Arterton, l’incarnation de « Madame Bovary » aux yeux du boulanger du coin.Mais le propos ne va pas plus loin, l’ensemble, assez prévisible, tourne en rond à force de ne pas donner à la mise en scène tous les arguments sous-entendus par une caméra timorée. Anne Fontaine s’appesantit sur les courbes de la belle héroïne, la rend sensuelle sans prendre les responsabilités qu’engage une telle démarche. Quand on se souvient de «  Nettoyage à sec » et de ses audaces. Luchini ne démérite pas, Gemma Arterton non plus, mais une fois le sur-place terminé, le manège (des amours) reste en rade.

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8 Commentaires

  1. J’espérais beaucoup d’audace de ce film et me voilà bien déçue…Luchini voyeur impuissant et tourmenté, la déclamation contenue,attirera peut être quelques spectateurs….mais comment a t’il pu se résoudre à vivre cette expérience si peu surprenante et si réductrice de son talent ? Il en va de même pour Isabelle Candelier….
    Flaubert est un maître indiscutable, ce qui n’est pas incompatible avec l’ennui qu’il décrit si longuement chez Emma… Et qu’Anne Fontaine réussit parfaitement à nous infliger.

  2. Je n’étais pas allé voir ce film à sa sortie après la lecture du commentaire sur ce blog. Que son auteur en soit remercié une fois de plus ! Quand on s’attaque même de loin à Flaubert, il faut essayer d’assurer.

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