Synopsis: Chaque jour, Ismaël est ébloui, fasciné, épuisé par ce lieu. C’est sur le quai du RER qu’il voit Mathilde pour la première fois. Peu à peu, ils tombent amoureux. Ils croisent Sacha et Joan. Sacha est à la recherche de sa fille disparue, Joan passe sa vie dans cette gare entre Lille, Londres et Paris.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Meilleur dvd Avril 2014 ( 6 ème )
Je n’aime pas les gares, je n’aime pas les quais de gare, je n’aime pas les trains qui prennent les gares pour des au revoir. C’est pourquoi j’aime plutôt bien ce film qui fait de cet enfermement, un lieu détestable.
Il y a aussi, et surtout, dans mon inclinaison, cette étrange atmosphère accrochée par Claire Simon, qui croise les mêmes gens que nous, mais les approche de manière si différente, qu’elle reconstitue dans ce microcosme interlope, l’humanité entière. Une prof d’université (Nicole Garcia, parfaite) y passe deux fois par jour pour se rendre à l’hôpital, où elle va bientôt se faire opérer. Quand Ismaël (Reda Kateb, de mieux en mieux) l’aborde pour une enquête sur le RER, elle dit non et puis l’insistance du jeune homme la conduit dans des contrées qu’elle pensait avoir délaissées à jamais.
Dans ce même hall de gare, une jeune fille s’est peut-être perdue, comme tant d’autres. Son père, François Damiens (étonnant dans son propre rôle ), comédien célèbre pour sa caméra caché, fend la foule à visage découvert, une photo accrochée à son espoir.
Etrange confrontation de la réalité et de la fiction, que Claire Simon révèle dans le panoramique de ce lieu « dont on ne sort pas ». L’homme qui parle y est arrivé par hasard, dit-il, de son Népal natal. Il répond à Ismaël, qui pour ses études, prépare aussi une thèse sur la Gare du Nord. Il vend des bonbons et souhaite une autre éducation pour ses enfants. Il y a la dame-pipi qui ne s’en laisse pas conter, où bien les gens de la sécurité avec qui on n’a pas trop le temps de discuter.
Des histoires chamboulées, des gens qui se quittent, beaucoup, une histoire amoureuse qui tourne à l’obsession, Claire Simon écoute maintenant, plus qu’elle n’observe. Son petit théâtre d’ombre appartient désormais à ses acteurs, témoins, observateurs, victimes d’un monde qui ne tourne plus très rond.
On ne comprend pas forcément tout (Joan, bac +8 qui va et vient, elle pleure beaucoup). Et faire les cent pas, à la longue, on se lasse. Je pense qu’en élaguant quelques scènes, en oubliant celle de la manifestation, sans réelle signification pour son film, Claire Simon aurait gagné en puissance et en émotion. Il reste néanmoins une œuvre singulière et originale, qui contredit Chéreau. Ceux qui l’aiment, ne prendront pas le train.
LES SUPPLEMENTS
- A la recherche des lignes de vie (21 mn). Un entretien avec la réalisatrice, son assistante, Judith Fraggi et Stéphane Batut, le directeur de casting
La manière de procéder pour en arriver au film : des enquêtes plus ou moins discrètes (des écoutes à la sauvette) sur le terrain. « On avait l’angoisse de ne pas ramener d’histoire » se souvient Claire Simon, tandis que Stéphane Batut rappelle le principe de base de son casting : trouver les personnages qui correspondent avec ce qui avait été vu et entendu sur place, en leur donnant des textes écrits comme pour le théâtre ».
« Tout ça faisait de la fiction, car les gens étaient contents de jouer plus que d’être interviewer » se souvient encore la réalisatrice. « Refaire la prise c’était formidable pour eux, par le fait de jouer, ils et elles légendaient leur réalité. (…) Des réalités un peu triviales, ça ne me dérange pas de les arranger, c’est une forme habitée par du romanesque ».
- Géographie humaine : portrait documentaire de la gare du Nord . Il s’agit en fait d’un excellent film-documentaire réalisé au cours de la préparation du film, quand l’équipe allait sur le terrain pour mettre en scène l’ensemble du projet. C’est la rencontre avec les gens qui vont et viennent, leur histoire, leur destinée… avant de prendre le train et de disparaître. Claire Simon suit au plus près, le guide de cette visite, son ami Simon Mérabet, varois d’origine algérienne. « Et Simon traversant tout cela se souvient qu’il est fils d’immigré. »
- Ne perdons pas le nord. Rencontre entre la réalisatrice et l’architecte de la gare du Nord Jean-Marie Duthilleul
Un échange assez surprenant entre celui qui a repensé la gare et la manière dont la réalisatrice l’a voit à travers son objectif. Il y a beaucoup de concordance entre ses deux créateurs…
Review Overview
Le film
Les bonus
Prétexte à un coup d’œil sur le monde, la gare du Nord prête son décor à tous ces gens qui y déambulent, et s’attardent. A l’image de ce film un brin trop long, mais si vrai dans le rapport qu’il établit entre les êtres, au hasard d’une rencontre ou de la fugue d’une gamine. Claire Simon, qui vient du documentaire, nous le rappelle au travers de quelques portraits de commerçants du lieu. La fiction la rattrape et donne à son film une puissance et une émotion, très particulières. Tous les comédiens, de Nicole Garcia à François Damiens sont excellents…
Avis bonus
Beaucoup d'éclairages sur la préparation du film, la façon d'appréhender les voyageurs , que l'on voit ensuite dans un très bon documentaire. Et puis cette confrontation avec l'architecte qui a repensé la gare du Nord, excellent ...
Je ne pense pas que la scène de la manifestation soit en trop. Elle souligne au contraire la réalité au delà de ce lieu, et aussi l’influençabilité de notre thèsard. Finalement, il s’approprie la vie des autres sans vraiment s’engager lui meme sous prétexte que ses origines l’handicaperont. Tableau de nos vies ordinaires, ce film liste nos pertes… et c’est tristement réussi.