« Garde à vue » de Claude Miller. Critique dvd

• DVD :  03 décembre 2024
• Cinéma : 23 septembre 1981
• Avec Lino Ventura, Michel Serrault, Romy Schneider, Guy Marchand, Elsa Lunghini, Jean-Claude Penchenat
• Durée : 87 min
• Sous-titres : sourds et malentendant
• Dialogue : Michel Audiard 
• Studio : Rimini Editions

L’histoire : Maître Martinaud, riche notaire de province, passe la nuit de la Saint-Sylvestre en garde à vue pour répondre à l’inspecteur Gallien et à son adjoint Belmont de l’accusation de viol et de meurtre de deux fillettes. Sa personnalité troublante, le secret intime qu’il cache, le témoignage à charge de sa propre épouse en font-ils pour autant le coupable idéal ? 

• D’après le roman de John Wainwright « À table! » (Éditions Gallimard) – collection Série noire

Grand Prix du cinéma français Louis Lumière –Prix Méliès –Prix du meilleur scénario au Festival de Montréal 

César 1982: meilleur scénario-meilleur acteur : Michel Serrault-meilleur second rôle : Guy Marchand-meilleur montage : Albert Jurgenson

• Le film et les bonus :   

Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez vous à la fin de l’article

Audiard en met des tonnes, (mais quel délice !) Serrault retient ses mimiques ( mais quel acteur !). Lino fait du Ventura ( sans en avoir l’air ! ) et  Miller millimètre ses effets scéniques à la loupe près. Quelle mise en scène !

45 ans après, sans la moindre ride. On demeure toujours à l’affût du fameux face à face dialogué aux petits oignons entre un notable bien établi et son contradicteur de policier. Duo parfois, complice à l’occasion, quand son adjoint dévisse de son fauteuil et de sa trajectoire enquêtrice.

Guy Marchand complète ainsi ce trio peu stable dans un huis clos tout aussi chamboulé. Soir de réveillon, allez donc interroger un suspect en tenue de cérémonie ! Mr Martinaud, notaire, est soupçonné d’avoir violé puis assassiné deux fillettes. Intuitif, extravagant , le suspect repousse habilement les assauts de l’inspecteur Gallien .

L’interrogatoire est assez classique, la scénographie beaucoup moins. Dans un commissariat labyrinthique, la garde à vue s’égare dans la mécanique perverse de l’investigation. On va, on vient, on s’absente, on prend la fuite … Claude Miller les traque tout aussi habilement dans leurs costumes de vraisemblance.

Au-delà des mœurs, l’étude des personnages les emmène là où ils n’auraient pas forcément envie d’aller. Martinaud se confie, se révèle.

Sa femme aussi, nullement conviée, mais accablante au possible. Et puis cet adjoint qui le bouscule un peu trop et sort d’une réserve que la mise en scène borde d’ombres et de silence. De là où Mme Martinaud s’échappe pour une ultime révélation en guise de confession maritale .

Romy Schneider à peine éclairée, dans ce second rôle aux accents majeurs , figure une fois encore la comédienne sans apprêt . Si vraie, si magistrale. A l’image de ce film !  

Les Suppléments  

• Interview Claude Miller & Michel Audiard – Archive RTBF (10 min)- On retourne en Studio, «  pour éviter le documentaire sur le monde policier, pour contrôler le plus de choses possibles, que le film soit bien rond (…) dans une mise en scène stylisée ».

• Interview Michel Serrault– Archive RTBF (10 min) – La notion du travail au cinéma. «  On prépare la mécanique des choses, et au moteur il doit se passer quelque chose d’imprévu ».

Quid de l’extravagance coutumière de Michel Serrault ?

Sur le blu-ray :

• Émission Champ Contrechamp – Archive INA (52 min) -Le film policier dans le cinéma français  , autour de « Garde à vue » et «  Le choix des armes » de Alain Cornaud.

• Garde à vue, histoire d’un succès (36 min)- Toute l’histoire du film à travers ceux qui l’on vécu, du projet à la réalisation, des interprètes aux … dialogues. Avec Michel Audiard, il n’était pas facile d’ajouter son grain de sel … «  Surtout qu’il ne voulait plus travailler sur les scénarios, uniquement les dialogues, exclusivement … «

• Garde à vue, une exemplaire leçon de mise en scène(6 min)-Un connaisseur, Patrice Leconte évoque « la rigueur formelle de la mise en scène », dans un cas aussi particulier et unique de passer de part et d’autre d’un bureau. «  L’exercice le plus compliqué à imaginer ».