- 6 décembre 2023 en salle
- Format : Noir et blanc, PAL
- Durée : 1 heure et 27 minutes
- Dvd : 16 avril 2024
- Acteurs : Anaita Wali Zada, Jeremy Allen White, Gregg Turkington, Hilda Schmelling, Avis See-tho
- Sous-titres : Français
- Langue : Anglais
- Studio : JHR Films
L’histoire : Donya, jeune refugiée afghane de 20 ans, travaille pour une fabrique de Fortune Cookies à San Francisco. Ancienne traductrice pour l’armée américaine en Afghanistan, elle a du mal à dormir et se sent seule. Sa routine est bouleversée lorsque son patron lui confie la rédaction des messages et prédictions. Son désir s’éveille et elle décide d’envoyer un message particulier dans un des biscuits en laissant le destin agir…
- PRIX DU JURY AU FESTIVAL DE DEAUVILLE 2023
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Le cinéma qui ne mange pas de pain, ne se prend pas la tête et dit pourtant en peu de temps le traumatisme des exilés afghans, celui des jeunes filles aux rendez vous amoureux manqués et la façon dont un psychiatre peut soigner des insomnies en lisant « Croc Blanc » .
Ce film est tout simplement fabuleux dans la manière simple et peu convenue de conduire cette histoire aux ramifications incertaines à l’aide d’une seule et même personne . Quasiment. L’oeil de Jim Jarmusch. L’ intention de Kaurismaki.
Donya , autrefois traductrice pour l’armée américaine à Kaboul, a réussi à quitter le pays pour vivre aux USA « ou ailleurs » dit-elle, peut lui importait. La voici donc à Fremont, dans la baie de San Francisco qui abrite la plus grande communauté afghane des Etats-Unis.
Elle a 20 ans et travaille dans une fabrique de biscuits dont la particularité est d’offrir des petits mots à l’intérieur . La routine, l’ennui. Très peu d’amis, et des insomnies à rallonge que son psychiatre va soigner par des médicaments, comme elle le souhaitait, mais aussi de manière plus réfléchie.
Si les vertus thérapeutiques de l’œuvre de Jack London restent à démontrer , le Dr Anthony ( Gregg Turkington, remarquable ) en a fait son livre de chevet. Pour le bonheur de sa patiente, qui revient peu à peu à la vie.
Surtout que son patron très sympa – photo- ( mais pas sa femme ) lui propose d’assurer la rédaction des fameux messages. Donya va y mettre tout son cœur et même un peu plus.
Dans un noir et blanc sans éclat, Babak Jalali offre ainsi à son interprète la juste mesure des choses dont s’empare avec la même intelligence Anaita Wali Zada. De la mélancolie au bonheur elle fixe le temps qui passe dans la seule contrainte de rester elle-même.
Comme elle le fut autrefois auprès de l’armée américaine (ce passé la hante , et son voisin le lui rappelle) . Mais lors d’un nouveau rendez-vous sentimental « à l’aveugle », il a fallu sur la route vérifier les niveaux. Le garagiste était dispo !
LE SUPPLEMENT
- « Heydar, un afghan à Téhéran » de Babak Jalali- 16 mn -Avec : Rasul SharifiMorteza ZaffariHeydar Zamani
Heydar apprend l’anglais pour devenir traducteur et retourner dans son pays.
Ce court métrage dont on ne sait rien , raconte lui aussi à sa façon l’exil, de manière plus distante et sans aucun état d’âme… L’image n’est pas très bonne, les dialogues, peu consistants. Je retiens l’explication d’Heydar pour son prochain départ vers l’Afghanistan.
« C’est mon pays, je veux y retourner »
« Laisse tomber » lui répond un copain, « il est à tout le monde, sauf à nous ».
Le Film
Le bonus
C’est un film qui parle de l’exil, de l’Afghanistan, de la mélancolie, des biscuits porte-bonheur et de la dépression soignée en lisant « Croc Blanc » . Le tout joliment amalgamé dans une même histoire où le noir et blanc ne fait pas de retape à l’esthétique. Jarmusch et Kaurismaki sur la même palette.
Pour Babak Jalali la simplicité de sa mise en scène, celle de son scénario confortent l’existence de Donya, jeune réfugiée afghane, aux USA qui n’arrive pas à se détacher de son histoire récente. Elle était traductrice pour l’armée américaine …
Dans son intimité ( pas d’amoureux, très peu d’amies ) on suit tout aussi paisiblement son parcours pour venir à bout de cette solitude nonchalante, cette torpeur ambiante plus ou moins entretenue par des personnages secondaires tout aussi attachants.
Le psychiatre ( particulier comme un psychiatre ) , le patron , bienveillant ( mais pas sa femme ) et surtout le garagiste qui ranimera peut-être la flamme de son rêve américain
Anaita Wali Zada, tout en retenue patiente, voire parfois amusée débute ainsi au cinéma. Sans excès, ni tapage. Elle ira loin.
AVIS BONUS
Un court métrage qui se laisse voir et se fait oublier