Synopsis: A 15 ans, Mia est une adolescente rebelle avec une unique passion: la danse hip hop. Un jour d'été, sa mère rentre à la maison avec un nouvel amant, Connor, qui s'installe chez elles. Est-ce enfin une promesse de bonheur ou bien un leurre ?
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Andrea Arnold ne fait pas dans la dentelle .Quelle fut son adolescence ? La manière de ramener ses histoires à des rapports mère-fille d’une violence inouïe, aussi bien physique que verbale, laisse entrevoir quelques cicatrices mal fermées . Les deux courts-métrages des bonus , « Wasp » et « Dog » évoquent le même affrontement, la même opposition .
Celle de Mia, une ado en mal de repères affectifs face à une mère livrée à elle-même ( Kierston Wareing excellente, mais détestable ) . La jeune fille ne rêve que de hip-hop et de jours sans contrainte. Quand un nouvel amant Connor , s’introduit dans l’appartement , Mia entrevoit la vie différemment . Katie Jarvis débute dans le septième art, sa prestation est sans faille. Elle se révèle totalement dans l’innocence et la beauté de ses quinze ans .
Sur ce fil fragile et convenu , la réalisatrice anglaise dresse le portait rebelle et classique de l’adolescence. Elle va au-delà en extirpant au sein même de la cellule familiale , le mal-être général de toute une société.
On pense bien évidement à Ken Loach ( des usines à l’abandon, des paysages désolés … ) et à son réalisme social qui chez Andrea Arnold reste quasiment confiné à la sphère familiale. Un huis clos oppressant et paradoxalement libérateur, puisque chacun semble y trouver ses marques . Dont ces gosses de dix ans, aux défenses prodigieuses, une résistance à l’abandon et à la solitude , surhumaine.
A l’image des adultes, le casting des minots est impressionnant. « On a déniché Katie Jarvis à la station de Tilbury Town, où elle se disputait avec son petit copain. Elle déborde d’énergie, mais elle a aussi une part de fragilité et d’innocence qui nous convenait » raconte la réalisatrice qui donne de l’épaisseur à sa mise en scène en adoptant le procédé du bout à bout . Aucun acteur ne sait ce qui va se passer par la suite. « Ils devaient se contenter de travailler la scène du moment. Dans la vie, on ne sait jamais ce qui va nous arriver . Je voulais que chaque instant recèle cette innocence. »
L’autre tour de force est d’imaginer un récit , prévisible et qui pourtant dérape à chaque nouvelle séquence. A force de se faire son cinéma, Mia joue les plus mauvais rôles , mais réussit toujours une sorte de happy end bienfaiteur . Le rôle du père de substitution ( là encore une constante chez Arnold ) mériterait un long développement , par tant de présence opportune et pourtant contradictoire . Il est joué tout aussi parfaitement que l’ensemble de la distribution par Michael Fassbender , qu’il faut avoir vu dans «Hunger» où il interprète avec une très grande maestria, Bobby Sands, un révolutionnaire irlandais ,prisonnier à vie .
Un amant pour la mère, un protecteur pour les enfants, un remplaçant fragile d’un père nourricier dont on ne sait rien . Et c’est aussi la force de cette mise en scène , toujours en alerte, de nous laisser ces quelques fêlures intimes . Personnelles, familiales, comme dans la vie, dit Andrea Arnold.
un très bon film , poignant.
quid des bonus en dehors des 2 courts métrages ?
Il n’y a que ces deux courts métrages dans les bonus , dont » Wasp » qui raconte l’histoire d’une mère qui malgré ses quatre enfants en bas âge, continue à vivre comme si elle avait dix huit ans . Raconté ainsi, ce n’est pas folichon, mais le point de vue de Mlle Arnold est là encore fort subtil et éloquent
Une découverte, un grand moment , comment des films de ce genre passent-ils inaperçus ?