Synopsis: Anna, une adolescente, vit seule avec son père en Sardaigne. Un jour, un drame éclate. Poursuivie par un homme, elle doit s’enfuir. Elle fait alors la rencontre de Basim, jeune migrant ivoirien de 16 ans, qui veut rejoindre le nord de l’Europe à pied. Sans ressources, ils font la route ensemble. Basim est intrigué par Anna. Pourquoi ne parle-t-elle pas ? Quel secret cache-t-elle ? Que fuit-elle ?
La fiche du film
Le film
- En compétition au festival italien de Tours » Viva il cinema » avec également « Menocchio » « A l’improviste »,
Une fuite éperdue . L’homme blessé au ventre ne lâche pas. Un regard de prédateur. Anna, toujours droit devant, et la nuit maintenant pour complice. Les phares de la voiture se perdent dans les buissons où la jeune fille trouve refuge.
Première scène, haletante, mystérieuse, pleine de questionnements. Le film ne lâchera jamais cette matière indicible qui mène les êtres vers des destinées peu conformes. C’est un très beau film.
Dans ses souvenirs, Anna laisse l’empreinte d’un père qu’elle chérit. Il le lui rend bien, mais ses activités illicites la contrarient. Il le sait et sait qu’il va y remédier, prochainement.
Mais pour l’heure elle se terre et vagabonde quand Basim la sauve des griffes de deux jeunes loulous pas très malins. Basim connaît les agressions, les insultes, les nuits de pleine lune, toutes ces balises posées sur son chemin depuis qu’il a mis les pieds sur le sol Italien pour rejoindre le nord.
Elle est blanche éclatante, solaire, il est noir souriant, volontaire. Un duo de cinéma que la jeune réalisatrice réinvente pour les besoins d’un récit qui va bien au-delà d’un scénario. Laura Luchetti pose un regard faussement naïf sur cette histoire où la tendresse tente de percer les secrets des uns et des autres.
Mais là-bas en Sardaigne la parole est confinée, les regards à peine voilés. Quand on sait, on se comprend et le vieux fleuriste qui accueille Anna ( Giorgio Colangelli ) est de cette trempe-là. Un joli portrait de bienveillance au milieu d’autres mystères que l’homme ne révèlera pas. Il laisse Anna prendre son petit jardin en main.
Un répit, une pause pour le couple qui vit à l’abri du monde, même si le monde les rattrape bien malgré eux. Laura Luchetti est de la même insistance sur ces coups d’œil au passé où l’aventure d’Anna se construit. Sous tension permanente, plus ou moins forte, et présente.
Depuis sa fuite, elle ne parle plus . Basim en accepte les contraintes et l’intrigue qu’elle engendre. Qu’elle préserve pour mieux échapper à l’homme qui n’a jamais lâché prise ( Aniello Arena).
Dans le village du vieux fleuriste, les gens ont parlé. Traquée, la confiance a disparu, la peur s’est résignée. Il lui faut à nouveau partir.
Le film
Pour parler de l’immigration, de l’Italie en terre d’accueil plus ou moins concédée, de la mafia, aussi, la jeune réalisatrice-scénariste imagine une autre histoire que celles rapportées habituellement entre Lampedusa, Calais et la Camorra. Son récit se passe en Sardaigne, terre semble-t-il de compromis dramatique sur le dos des plus démunis. Un homme va en faire les frais, un autre va tenter d’y mettre un terme. Là encore de manière illicite au point de faire fuir Anna une adolescente qui abandonnera tout derrière elle, en quête d’un avenir tout aussi incertain. C’est son histoire que la jeune réalisatrice Laura Luchetti nous raconte avec un brio scénaristique lié à une mise en scène originale et pertinente, qui ne nous laisse jamais de répit, mais donne à la tension et à son mystère des allures de grand film policier. Et ce n’est pourtant qu’un film sur la vie qui se construit, se déconstruit… Anastasyia Bogach et Kalill Kone interprètent pour la première fois au cinéma des personnages de fiction qui sont ceux d’une actualité immédiate. Peut-être de futurs grands acteurs.
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