Synopsis: La vie à Rome de 1930 à nos jours vue par un de ses admirateurs, Federico Fellini. Fresque monumentale où réalité et fantasmes du réalisateur sont étroitement mêlés
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
« Tu vois des gens qui travaillent, alors tu n’es pas à Rome ! »
Dans la filmographie du maître, ce film demeure une pièce maîtresse. Indispensable à la compréhension d’un créateur qui, évoquant sa jeunesse, parle de l’Histoire de son pays, et plus précisément d’une ville aux bouleversements gigantesques.
Ce qu’il traduit en son et en images de manière particulièrement violente, bruyante,anarchique, quand le burlesque et le tragique se disputent la nostalgie d’une Histoire qui s’efface au profit d’un avenir encore incertain. Fellini nous le montre déjà dans cette déambulation nocturne d’une équipe de tournage qui entre dans Rome par un contournement routier à peine terminé.
Un défilé de prostitués et de travestis, sous la pluie, salue la compagnie prolongée par ces usines presque modernes où le feu crache à plein régime. Une séquence intense qui nous raconte le temps qui passe, et se prélasse aux terrasses des restaurants où l’italien n’est jamais aussi bien représenté.
Vigueur et concordance des voix, chaleur des regards et des poitrines ouvertes, quand la concupiscence n’est ici qu’un péché d’orgueil pour dissiper malheur et trahison. On interrompt une représentation au music-hall pour lire un communiqué officiel du Duce, dont le portrait trône dans la classe où l’ordre et le silence rythment la saccade du bâton professoral.
Fellini allume les flammèches de son enfance (un plat d’escargots soulève une discussion inimaginable, voire tendancieuse) qui le rattrape autour d’un plateau de tournage où il est pris à partie. Le citoyen honnête et romain le prévient qu’il ne doit pas montrer n’importe quoi « au monde entier », surtout pas ces jeunes dépravés, drogués et hippies qui eux « s’inquiètent de la prise en compte ou non du contenu social et politique ».
Une scène mémorable magnifiquement conclue par une jeune femme qui crie à l’amalgame pour un réalisateur « qui ne sait même pas résoudre ses propres problèmes ». Mais le plus beau est encore à venir dans la construction du métro où des fresques vieilles de 2.000 ans sont mises à jour et disparaissent aussitôt, polluées par l’air ambiant.
Un raccourci parfait de l’idée que Fellini se fait de son cinéma, et de l’Histoire de son pays. Une synthèse idéale d’un discours imagé en chapitres disparates où le réalisateur jette chaque fois une passerelle entre son enfance et le temps qui lui reste à filmer. « Huit et demi » avait déjà dix ans, mais « Amarcord », « Répétition d’orchestre », « Et vogue le navire » restaient encore à imaginer. Ça méritait bien une petite pause de nostalgie romaine !
LES SUPPLEMENTS
Bonus Blu-ray et DVD :
- Interview de l’écrivain Italo Moscati, auteur de l’œuvre « Fellini & Fellini, l’inquilino di Cinecittà » (22′) . « La chose la plus belle chez Fellini, c’est sa liberté idéologique qui l’a rendu antipathique aux yeux de ceux qui pensent que les idées historiques doivent être exprimées à travers l’exaltation alors que Fellini a toujours distingué entre l’enthousiasme et le concret, le problème, l’absence de solution et l’emphase ».
L’écrivain (scénariste de « Portier de nuit ») voit dans « Fellini Roma », « un bilan de ce qu’il a fait et de ce qu’il lui reste encore à faire ».
- Scènes coupées (17 mn). Principalement autour de la fête de Noantri avec Mastroianni et Alberto Sordi qui ont disparu du montage définitif.
Il y en a aussi dans le petit théâtre de la Barafonda où le music-hall a fort à faire avec les spectateurs, et dans le chantier du métro. La plupart du temps ce sont des scènes que l’on voit dans le montage final, mais raccourcies.
- Disque 3 : Zoom sur Fellini
– « Les Acteurs (Part 1) (48′)-(Part 2) (50′)
Marcello Mastroianni, Anouk Aimée, Anita Ekberg, Giulietta Masina, Donald Sutherland… quasiment tous les acteurs et actrices qui ont tourné sous la direction de Fellini évoquent dans ces deux chapitres leur expérience. De belles rencontres de cinéma et une Histoire qui s’écrit à nouveau à travers des témoignages éloquents.
- Disque 4 : Zoom sur Fellini
– Episode 3 : « Fellini au panier » (50′) avec Oreste del Buono, écrivain, traducteurs, journaliste.C’est un vieil ami de Fellini qui se méfie de sa relation avec le réalisateur. « Ça ne veut rien dire, il est capricieux et inconstant comme tous les empereurs (…) mais je peux voir les copies de travail de ses films qui constituent le meilleur de son œuvre, une fois le film fini, inévitablement il manque cette petite séquence qui vous avait marqué ».
Le film dans le film, on aperçoit le réalisateur à hauteur de la portière avant droite.
De tous les réalisateurs Fellini était celui qui coupait le plus, alors « revoir des scènes » est une aubaine pour le journaliste qui espère ainsi « comprendre pourquoi elles ont été coupées, du moins je l’espère parce qu’avec Fellini la vérité est toujours partielle ».Ce chapitre particulièrement intéressant est mis en scène avec Nicoletta Della Corte, qui à l’époque n’était pas encore comédienne.
Fellini se prête au jeu de l’interview autour des scènes coupées de « Amarcord », « La nuit de Cabiria » et « Casanova », sans réellement expliquer pourquoi elles ont été supprimées.« Je suis gêné comme un tailleur à qui on demanderait les chutes de son tissu ». Plutôt que de répondre précisément sur la coupe il généralise sur son travail et le cinéma du moment.De toute façon « je n’y pense plus à ces coupes puisque les gens ne savent pas qu’elles existent ».
– Episode 4 : « Les visages de Fellini » (45′). Sur le tournage de « Et vogue le navire », les comédiens prennent la parole. Fellini n’est pas en reste et c’est encore un beau moment passé en sa compagnie.
Le film
Les bonus
Autour de ses souvenirs d’enfance et de ses phantasmes, Fellini fait un bilan de son existence, une dizaine d’années après « Huit et demi ». Des pièces maîtresses sont à venir comme « Amarcord », « Répétition d’orchestre », « Et vogue le navire ». On le voit alors déambuler dans Rome fourmillant aux terrasses des restaurants où la marque de Mussolini demeure très forte au cœur de l’éducation, de la religion et des manifestations qui des années plus tard laisseront encore des traces dans les relations entre la bourgeoisie italienne et sa jeunesse. C’est déjà tout ça « Fellini Roma » qui en séquence ou chapitre évoque le passé encore prégnant et l’avenir tout aussi indécis. La construction du métro où l’on découvre une villa romaine vieille de 2000 ans est à cet égard exemplaire. AVIS BONUS Les suppléments du DVD ne manquent pas d’attrait, mais dans la version collector, on ajoute encore du très bon : scènes coupées que Fellini retrouve et commente, témoignages des comédiens et comédiennes, et quasiment le making of de « Et vogue le navire » … Quand collector veut bien dire quelque chose.
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