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« Fatima » de Philippe Faucon . Critique cinéma-dvd

Synopsis: Fatima, femme de ménage, vit seule avec ses deux filles : Souad, 15 ans, adolescente en révolte, et Nesrine, 18 ans, qui commence des études de médecine. Fatima maîtrise mal le français et le vit comme une frustration dans ses rapports quotidiens avec ses filles. Un jour, elle chute dans un escalier. En arrêt de travail, Fatima se met à écrire en arabe ce qu'il ne lui a pas été possible de dire jusque-là en français à ses filles.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Fatima"
De : Philippe Faucon
Avec : Soria Zeroual, Zita Hanrot, Kenza Noah Aïche, Chawki Amari, Dalila Bencherif
Sortie le : 01 mars 2016
Distribution : Pyramide Vidéo
Durée : 76 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Meilleur dvd Mars 2016 ( 2 ème )

Philippe Faucon parle de l’intégration, d‘après l’oeuvre de Fatima Elayoubi, qui au jour le jour a confié à son journal de bord, tout ce qu’elle ressentait. Un sujet habituellement  traité de manière frontale. Le réalisateur y met cette fois plus de sagesse que de révolte et une intelligence innée dans le regard de la femme.

C’est Fatima, dont il parle beaucoup. Le titre la porte bien.  Elle est mère, ballottée entre deux cultures et entre deux filles que rien ne retient autour d’elle.

Fatima va pourtant sceller ce reste de famille avec l’obstination de l’ancêtre. Le passeur d’un savoir que les jeunes ne peuvent pas connaître. Nesrine, l’aînée (Zita Hanrot),  entend cette parole qui s’exprime principalement en arabe. Et pour lui conserver la fierté qui la guide, elle veut lui être fidèle à travers ses études.

Souad de trois ans sa cadette (Kenza Noah Aïche), c’est une ado. Musulmane ou pas, elle est comme toutes les ados du monde entier, en colère contre l’autorité, en marge de toute idéologie. Fatima prend ses débordements en pleine face. A la limite de la correction. Souad a honte de sa mère, de son statut de balayeuse, de sa méconnaissance du français.

Tout en opposition, les deux femmes posent les limites d’un pays qui ne sait pas encore comment vivre de ses différences. La voie à suivre, peut-être celle de Nesrine, Philippe Faucon la trace avec une prudence presque simpliste.

Comme s’il enfonçait des portes ouvertes. La sagesse qui condamne les excès de l’ado sans la clouer au pilori. Celle qui retient l’étudiante au fond de sa chambre, à réviser. La sagesse qui unit les trois femmes, envers et malgré tout.

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La mère est très aimante, très aidante. Soria Zeroual est magnifique. Il est touchant de la voir coucher sur le papier tout ce qu’elle n’a jamais pu exprimer dans la langue de ses filles. Des mots d’amour, des réflexions, la peur qui s’éloigne, la confiance qui revient.

Et la médisance et la jalousie qui  raturent le voisinage. On n’échappe pas à sa culture, mais peut-on l’adapter interroge le cinéaste toujours paré pour les confrontations les plus audacieuses. Beaucoup moins radical que par le passé («  Dans la vie », «  La désintégration » …) Faucon n’en demeure pas moins attentif aux dérives identitaires, aux croche-pieds de l’humanité. Il y ajoute une touche de délicatesse, un brin de sagesse. Ca surprend, mais ça marche !

LES SUPPLEMENTS

  • Entretien avec Philippe Faucon (21 mn). « A la sortie de «  La désintégration » qui était un film assez dur, j’avais envie de passer à un propos à l’envers » se souvient le réalisateur qui raconte l’histoire de la romancière Fatima Elayoubi  et de son livre dont il s’est inspiré : une femme de ménage qui à l’origine ne pouvait pas s’exprimer contrairement à ses deux filles.

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«  C’était en fait un journal écrit de façon très introspective, pas évident à retranscrire à l’écran et elle l’a tenu sur une vingtaine d’années, alors qu’il fallait que je ramène ça à une seule période ». Philippe Faucon aura rencontré de nombreuses femmes concernées par cette situation et il explique comment le casting a pu s’élaborer, notamment avec des non-professionnelles comme Soria Zeroual. On la voit dans les essais et on comprend mieux…

  • Essais (12 mn). Ils sont intéressants à suivre, et en particulier celui de Kenza Noah Aïche qui lorsqu’on lui demande de traduire les insultes qu’elle prononce en arabe, a bien des réticences. Mais en compagnie de Soria Zeroual, une comédienne non professionnelle l’émotion est aussi très forte, comme lorsque Zita Hanro doit éclater et pleurer de joie.

  • « Making off » de Philippe Faucon (22 mn). Dans le cadre d’une formation professionnelle à Caen, le réalisateur réalise un court métrage sur et avec de jeunes artistes, comédiens et techniciens qui tournent eux-mêmes un court métrage. C’est absolument fabuleux à voir, drôle et touchant, avec des portraits de jeunes femmes, notamment, formidable. Les situations sont cocasses mais vécues : tensions dans l’équipe, direction d’acteurs (et même d’un chanteur dans une salle de bain, je suis plié en deux) ou recherche d’un job («  j’aime beaucoup le travail de Jacques Rozier »).

Il y a des moments plus tendus, et c’est souvent très prenant. Et le final est absolument réussi. Bravo à tout le monde !

  • « Fatima » à Cannes (2 mn). C’est beaucoup plus anecdotique mais touchant.
Meilleur dvd Mars 2016 ( 2 ème ) Philippe Faucon parle de l’intégration, d'après l'oeuvre de Fatima Elayoubi, qui au jour le jour a confié à son journal de bord, tout ce qu'elle ressentait. Un sujet habituellement  traité de manière frontale. Le réalisateur y met cette fois plus de sagesse que de révolte et une intelligence innée dans le regard de la femme. C’est Fatima, dont il parle beaucoup. Le titre la porte bien.  Elle est mère, ballottée entre deux cultures et entre deux filles que rien ne retient autour d’elle. Fatima va pourtant sceller ce reste de famille avec l’obstination de l’ancêtre.…
Le film
Les bonus

Comme l’intégration est au cœur de ce film, on attend les sempiternelles questions sur une banlieue qui ne pourrait être qu’à feu et à sang. Philippe Faucon prend le contre-pied des clichés du genre pour dessiner le portrait d’une femme qui porte bien le titre du film. Mère, ballottée entre deux cultures, et entre deux filles, Fatima va sceller son reste de famille avec l’obstination de l’ancêtre. Le passeur d’une connaissance que les jeunes ne peuvent pas connaître. L’aînée demeure malgré tout très proche de sa mère, sinon de ses racines, face à sa cadette, une ado en révolte et colère. Fatima prend ses débordements en pleine face, mais demeure très aimante, très aidante. Philippe Faucon poursuit ainsi son exploration des dérives identitaires. Moins radical que par le passé («  Dans la vie », «  La désintégration » …) il ajoute cette fois une touche de délicatesse, un brin de sagesse. Ca surprend, mais ça marche !

Avis bonus Rien que pour le court métrage, ça vaut cinq étoiles. Mais l’entretien avec le réalisateur et les essais des comédiennes ne déméritent pas du tout …

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