Synopsis: Turin, 1969. Massimo, un jeune garçon de neuf ans, perd sa mère dans des circonstances mystérieuses. Quelques jours après, son père le conduit auprès d’un prêtre qui lui explique qu’elle est désormais au Paradis. Massimo refuse d’accepter cette disparition brutale. Année 1990. Massimo est devenu un journaliste accompli, mais son passé le hante. Alors qu’il doit vendre l’appartement de ses parents, les blessures de son enfance tournent à l’obsession…
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le bonus
Meilleur dvd Mai 2017 ( 2 ème )
C’est une histoire intemporelle, peut-être un chef d’œuvre. Le temps doit le patiner. Avant de saluer ce film unique qui reviendra par étapes, par images…Marco Bellocchio à qui l’on doit « La Belle endormie », « Le prince de Hombourg » … atteint ici des sommets. Il a 77 ans et le temps ne fait rien à l’affaire. Il la bonifie c’est une évidence quand il s’empare d’un gros roman de 40 ans d’une histoire compilée par Massimo Gramellini pour mieux se raconter. Se voir et se comprendre à travers le décès d’une mère qui va le hanter toute sa vie.
Le gamin refuse cette mort qu’il n’a pas vu venir. Pourtant, lui dit-on, le dernier geste de cette mère ( Barbara Ronchi ) le twist aura été de le border. Sa vie est désormais suspendue à cette absence inconsolable, qu’il comble par des angoisses accrochées au sourire de Belphégore. Seul remède à ses malaises, cette figure de son enfance qu’il caressait sur le petit écran avec sa maman.
Le mal-être se rebelle sous les traits du jeune Nicolò Cabras, attachant et poignant, ceux plus tard de Valerio Mastandrea, totalement habité lui aussi par cette enfance que Bellocchio rejoue avec constance. Des va et vient subtiles, dans l’esprit du flash-back pour une épopée italienne des années soixante-dix à l’aube d’un siècle nouveau.
Chroniqueur sportif, puis reporter de guerre, Massimo efface peu à peu son passé quand une scène meurtrière à Sarajevo le ramène sur son champ de bataille. Elle est d’autant plus cruelle à ses yeux d’enfant retrouvé que le photographe qui l’accompagne va la « magnifier » en la mettant en scène. On peut donc mentir à tout un peuple, trafiquer la réalité de la mort. Le souvenir de la disparition de sa mère, inexpliquée, entaille à nouveau le mystère qui le taraude.
C’est poignant, saisissant, et l’écriture, d’une grande délicatesse gomme le pathétique, la surenchère ou la pitié. La mise en scène de Bellocchio s’accorde à ces mouvements de tendresse jusqu’à les rendre parfois merveilleux dans l’accomplissement de leurs désirs.
Voir, les retrouvailles du père et du fils devant le mausolée de l’équipe de foot décimée dans un accident d’avion. Il y a plusieurs années qu’ils ne se sont pas revus. L’entente n’est toujours pas parfaite et le fils demande à changer de sujet. « On a passé notre vie à ca » répond le père.
Un constat en forme d’au revoir, sinon d’adieu. A son passé recalé par l’amour d’une femme (Bérénice Béjo ) qui après l’avoir soigné de ses angoisses panse un cœur encore malheureux. Une danse, la frénésie, réminiscence d’un vieux twist d’autrefois. Mais cette fois, sans regret, ni remord. La vie reprend ses droits.
SUPPLEMENT
- Court-métrage : « I Pagliaci » – 2016- 16 mn. Avec Lucia Ragni, Luca Micheletti, Federica Fracassi. Dans un théâtre, les membres d’une même famille préparent une représentation de l’opéra I Pagliacci. Après la répétition, une séance d’hypnose est l’occasion pour chacun de déballer sa rancœur. Particulièrement les enfants vis-à-vis de leur mère qui finance le spectacle.
La carrière de Bellocchio est jalonnée de couts métrages dont le dernier en date, tourné l’an passé, est un exercice de style mené brillamment sur la technique de mise en abyme contenu dans l’opéra de Ruggero Leoncavallo « I Pagliaci » : le spectateur se perd entre fiction et réalité jusqu’à ne plus savoir distinguer l’une de l’autre.
A l’image de ce court métrage : la répétition se fond dans le vécu des comédiens observés sans grâce ni aménité par une femme qui n’est autre que la mère et la financière.
« Et si Arlequin te vole Colombine » chantent les acteurs quand dans les coulisses leurs alter-ego manigancent ces mêmes amours interdites. On les retrouve après lors d’une séance d’hypnose. La fille de la famille, dans une autre dimension, crie alors toute sa haine envers une mère de représentation. Mais la vraie mère n’est pas dupe.
Ça ne dure que 16 minutes, c’est un petit bonheur de cinéma que Bellocchio signe avec un savoir-faire qui n’appartient qu’à lui …
Le film
Le bonus
Massimo Gramellini a écrit l’histoire de sa vie, et celle de la mort de sa mère qu’il n’a jamais pu élucider. Le mystère qui l’entoure restera longtemps gravé dans sa mémoire jusqu’au jour où devenu adulte il oublie peu à peu cette disparition tragique. Mais, reporter de guerre, une image va venir raviver ses souvenirs douloureux et hanter à nouveau un passé qui redevient bien présent.
Il fallait oser adapter ce gros bouquin et ses 40 ans d’histoire, ce que Bellocchio réussit formidablement bien, au point de frôler ce qui risque de devenir un chef d’œuvre. Le temps doit toujours confirmer la grandeur d’une telle réalisation, qui s’accorde à des mouvements de tendresse jusqu’à les rendre parfois merveilleux dans l’accomplissement de leurs désirs.
C’est poignant, saisissant, et l’écriture, d’une grande délicatesse gomme le pathétique, la surenchère ou la pitié qui pourrait surgir des incartades angoissées de Massimo interprété avec brio par Valerio Mastandrea.
Avis bonus
Un très beau court métrage, c'est tout mais bon ...
Décevant.
Magnifier ainsi le culte de la mama italienne frôle le cliché.Cet homme demeure handicapé dans un silence qu’il n’osera pas brisé, choisissant le déni prolongé plutôt que d’affronter ce que son cœur d’enfant ne pouvait accepter. Les secrets de famille sont destructeurs, d’accord. Les circonstances qui lui permettront d’y faire face relèvent de la naïveté. J’ai fait preuve de persévérance pour adhérer à cette histoire mais n’ai pu me laisser convaincre.