Accueil » A la une » « Etre et Avoir » de Nicolas Philibert. Critique dvd

« Etre et Avoir » de Nicolas Philibert. Critique dvd

Synopsis: Ce documentaire porte sur la classe unique d'une école communale, à Saint-Etienne sur Usson, en Auvergne. Le réalisateur Nicolas Philibert a ainsi filmé une de ces classes qui regroupent, autour du même maître ou d'une institutrice tous les enfants d'un même village, de la maternelle au CM2.

La fiche du film

Le film : "Être et avoir"
De : Nicolas Philibert
Avec : Axel
Sortie le : 28/08/2002
Distribution : Les Films du Losange
Durée : 104 Minutes
Genre : Documentaire
Type : Long-métrage
Le film
Le bonus

A sa sortie, au cœur de l’été 2002, ce documentaire a fait sensation. Aujourd’hui, l’engouement retombé, ce film demeure un beau et fort témoignage de l’école … d’autrefois.

Et de la vie dans les campagnes.

Un regard éloquent sur la manière d’enseigner dans un coin reculé de l’Auvergne : classe unique, maître unique, peu d’élèves, mais des différences d’âges telles qu’il lui faut passer de la maternelle au CM2 sans discontinuer. Nicolas Philibert a posé sa caméra dans la pièce où l’enseignant, Georges Lopez, dispense son savoir. Le réalisateur n’intervient jamais.

Les gamins n’y prêtent pas beaucoup attention. A peine si de temps à autre jettent-ils un œil du côté de l’équipe, sans autre forme de commentaire. Ils sont dans leur élément, et leur quotidien ne s’en trouve pas chamboulé. Bien sûr, quelques têtes se distinguent des autres et Jojo est inévitablement la vedette.

Un p’tit bout d’chou avec une mine pas possible et une spontanéité qui le rend sympathique. Jojo ne feint jamais, ne se dérobe pas un instant devant l’insistance de son maître à vouloir lui laver les mains. Il comprend pourquoi, comme il semble comprendre très vite tout ce qu’il doit engranger en une journée.

Aux beaux jours, l’école est en plein air

L’instit est patient, pédagogue. Ce que nous révèle avant tout Nicolas Philibert qui s’est pris d’une passion évidente pour cet apostolat. La tendresse que George Lopez porte à ses élèves accompagne une vérité première : tenir la responsabilité d’un avenir plus complexe pour cette communauté rurale, confrontée aux vicissitudes du temps, des contraintes géographiques ( le transport est périlleux ) et de l’isolement de l’habitat.

Il y a comme une sorte d’abnégation relayée par les efforts des familles, le soir après les travaux des champs et de la ferme. C’est aussi le sujet de Nicolas Philibert, cette vie en retrait du monde, égarée dans des montagnes superbes, à la fois prisonnière et libérée des contraintes coutumières.

Ce que le documentariste suggère dans le prolongement de ces images parfaites, ces regards d’enfants sans calcul, leurs adieux émouvants à Georges le professeur, avant une autre année, un autre cycle là où la vie a décidé de ne jamais s’arrêter.

C’est du moins ce que l’on pouvait alors espérer.

Je ne sais pas ce qu’est devenu l’école de Saint-Etienne-sur-Usson. Moins de 300 habitants au dernier recensement. A-t-elle fermé ? Ou bien continue-t-elle à enseigner la belle leçon de Mr Lopez ? Comme un mirage au pays …

LE SUPPLEMENT

  • Entretien avec Alain Bergala, critique de cinéma ( 39 mn ) . Les documentaristes ?  « La partie saine de la communauté du septième art , pas de vanité, de course aux récompenses, ils pensent plus à leur film qu’à leur carrière et certains le paient très cher. »

Les difficultés autour de l’avancée du film auquel personne ne croit et quand il a du succès «  ceux qui l’encourageaient alors trouvaient cette réussite suspecte et  des défauts au film ».

Il y a aussi cet épisode surprenant avec le maître qui devant l’engouement public réclame sa part des droits . «  Et ça c’est également passé avec des parents d’élèves mal conseillés par des avocats, et pour moi c’était la nausée. (…) Qu’il considère être le co-auteur du film c’est invraisemblable, s’il avait gagné c’était la fin du documentaire ».

Sur la méthode Philibert, sa technique, son approche cinématographique , Alain Bergala est intarissable .

Quel est le sujet du film ? « il dit toujours le sujet je le trouverais en cours de route , un sujet jamais écrit. Il y a un centre de gravité, mais tout est excentré. (…) Jamais de forcing, les choses arrivent, et sinon il ne les sollicite pas ».

« Sa capacité d’anticiper le découpage, alors même qu’il tourne , c’est extraordinaire » dit-il encore en soulignant le  caractère de cet « homme si discret , pas de marque de son autorité, pas manifeste, mais très réelle, une élégance . La façon qu’il a d’effacer sa marque d’auteur est magnifique, les autres s’affichent plus »

Meilleur dvd Mai 2019 ( 8 ème ) Ce DVD fait partie du coffret "L'intégrale" . -  Acteurs : Georges Lopez, Jessie, Alizé, Julien, Nathalie Audio : Français , Espagnol, Anglais Sous-titres : Anglais, Espagnol Pour sourds et malentendants : Français Studio : Blaq Out DVD : 07 mai 2019 A sa sortie, au cœur de l’été 2002, ce documentaire a fait sensation. Aujourd’hui, l’engouement retombé, ce film demeure un beau et fort témoignage de l’école … d’autrefois. Et de la vie dans les campagnes. Un regard éloquent sur la manière d’enseigner dans un coin reculé de l’Auvergne : classe unique, maître unique, peu d’élèves, mais des différences d’âges telles qu’il lui faut passer…
Le film
Le bonus

Comme tout choix celui de Nicolas Philibert peut-être contestable. Mais comme il n’est pas question de parler de l’Education Nationale, le fait d’ouvrir les portes d’une petite école de campagne , au début de ce siècle, parait singulier et symptomatique d’une époque aujourd’hui peut-être révolue . Un regard éloquent sur la manière d’enseigner dans un coin reculé de l’Auvergne : classe unique, maître unique, peu d’élèves, mais des différences d’âges telles qu’il lui faut passer de la maternelle au CM2 sans discontinuer. Nicolas Philibert a posé sa caméra dans la pièce où l’enseignant dispense son savoir. Le réalisateur n’intervient jamais. C’est la force de sa présence avec des gamins plus vrais que nature. Il nous parle donc de la vie de cette école, mais aussi de la campagne environnante, des parents d’élèves tiraillés par les travaux de la ferme et un avenir très incertain pour leurs progénitures. Ils s’y préparent et le maître est à l’écoute. Touchant, attentif et confiant.

AVIS BONUS Un bel entretien avec le critique Alain Bergala

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Vivement dimanche! » de François Truffaut. Critique cinéma-dvd

Un film noir, façon Truffaut, et en bonus l'excellent documentaire " François Truffaut, le scénario de ma vie"

Laisser un commentaire