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« En Thérapie » de Eric Toledano, Olivier Nakache, Laetitia Gonzalez. Critique cinéma

  • Prix de la Meilleure fiction TV au Grand Prix des médias-@CB_News-2021
  • Avec Frédéric Pierrot, Carole Bouquet, Mélanie Thierry, Reda Kateb, Clémence Poésy, Pio Marmai, Céleste Brunnquell

L’histoire : Paris, automne 2015. Philippe Dayan reçoit dans son cabinet une chirurgienne en plein désarroi amoureux, un couple en crise, une ado aux tendances suicidaires et un agent de la BRI traumatisé par son intervention au Bataclan. A l’écoute de ces vies bouleversées, le séisme émotionnel qui se déclenche en lui est sans précédent. Pour tenter d’y échapper, il renoue avec son ancienne analyste, Esther 

  • Film

35 séances en forme de court-métrages. Un décor unique, ou presque. Le même huis clos dans le cabinet du psychanalyste Philippe Dayan ( Frédéric Pierrot ), situé à deux cents mètres du Bataclan. Le drame encore récent, de ce 13 novembre 2015, remplit  l’agenda de ses patients.

Cette nuit là, Ariane ( Mélanie Thierry) n’a pas arrêté d’opérer. Une nuit de peur et d’épuisement que la chirurgienne revit devant son thérapeute. Un flot de paroles, de larmes et de fous rires. Elle est drôle parfois, pertinente souvent.

Cette nuit là, Adel Chibane (Reda Kateb), le policier de la BRI est rentré sans trop comprendre dans la salle de spectacle où il n’y avait plus un bruit. Difficile d’en oublier l’odeur et la peur. Mais aujourd’hui ce qu’il ressent c’est l’impuissance de ses mots, et de ses gestes à endiguer un monde qui va plus que mal.

Ce qu’il explique ou tente d’expliquer à son soignant qui parle à peine, attend, écoute. Adel comme Ariane n’ont pas l’impression d’être compris. Le flic s’énerve, invective, Ariane est en colère. Les autres patients sont de la même trempe.

Victime d’un accident de la circulation, Camille ( Céleste Brunnquell ) en est jugée responsable par l’experte de l’assurance adverse. Il lui faut une contre-expertise, tout de suite, sans autre forme de procès que la lecture du rapport de police. La jeune fille est très énervée.

Le praticien écarte poliment le document et dit « je vous écoute, je préfère que ce soit vous qui me racontiez ».

Pio Marmaï et Clémence Poésy, problèmes de couple, qui vont bien au-delà du couple. Le thérapeute a ouvert une faille…

 

Tout le travail psychanalytique en apesanteur. Eric Toledano, Olivier Nakache, et Laetitia Gonzalez ont su le capter, dans une mise en scène ad-hoc.

La caméra va et vient d’un visage à l’autre, et s’adapte aux attitudes, aux comportements. Un dialogue différent qui s’instaure quand le plan serré sur le regard, guette une autre histoire, une autre vérité.

Derrière le mal-être affiché, un trauma plus secret souvent se révèle, en sous-sol où le spécialiste s’aventure avec précaution. Le psychanalyste prend les coups, et en donne très peu. Il reçoit, encaisse et se tait. Jusqu’au trop plein de cette misère morale accumulée qui le renvoie à ses propres angoisses. Ses patients le minent… Son couple bat de l’aile…

Adel n’imaginait pas qu’il évoquerait son enfance bordelaise où son père boulanger ne parlait jamais de ce qu’il avait connu en Algérie.

Une crise existentielle pour laquelle il retrouve Esther (Carole Bouquet), son analyste d’autrefois avec qui il était très lié. L’analyse dans l’analyse, le retour sur leur propre histoire, ambiguë et toujours aussi douloureuse. 12 ans pourtant se sont écoulés, mais la vie n’en finit pas de nous rappeler à l’ordre.

Les patients de Philippe Dayan en savent quelque chose. Pendant sept semaines, ils reviendront dans son cabinet. Et le spectateur, aussi, normalement.  On n’écoute pas leurs histoires, on les vit. L’interprétation  générale est remarquable. La série est grande.

  • Eric Toledano, Olivier Nakache, c’est aussi 

 » Hors normes« -« Le sens de la fête« -« Samba« -« Intouchables« 

Prix de la Meilleure fiction TV au Grand Prix des médias-@CB_News-2021 Avec Frédéric Pierrot, Carole Bouquet, Mélanie Thierry, Reda Kateb, Clémence Poésy, Pio Marmai, Céleste Brunnquell L'histoire : Paris, automne 2015. Philippe Dayan reçoit dans son cabinet une chirurgienne en plein désarroi amoureux, un couple en crise, une ado aux tendances suicidaires et un agent de la BRI traumatisé par son intervention au Bataclan. A l’écoute de ces vies bouleversées, le séisme émotionnel qui se déclenche en lui est sans précédent. Pour tenter d’y échapper, il renoue avec son ancienne analyste, Esther  Film :  35 séances en forme de court-métrages. Un décor unique,…
La série

Au lendemain des attentats du Bataclan, novembre 2015, un psychanalyste reçoit des patients directement concernés par le drame. Mais aussi d’autres personnes tout aussi troublées par le mal-être qui les anime et qu’elles veulent régler rapidement . 35 court-métrages, et un décor unique. Le même huis clos dans le cabinet du psychanalyste joué avec un brio remarquable par Frédéric Pierrot , entouré de comédiens tout aussi forts dans leur comportement. Tout le travail psychanalytique en apesanteur. Eric Toledano, Olivier Nakache, et Laetitia Gonzalez ont su le capter, dans une mise en scène ad-hoc, reprenant l’idée de la série israélienne originale « BeTipul » , adaptée aux USA (« In Treatment,) avec Gabriel Byrne dans le rôle du psychanalyste. Sans repère sur ces deux créations, je tiens la version française pour une œuvre originale, indépendante et parfaitement instruite des tenants et aboutissants d’une pratique aux contours si flous pour le commun des mortels. Dans ce qu’elle révèle à travers cette fiction, il me semble qu’elle ouvrira bien des horizons. Une grande série !

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