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« El Reino » ( « Le Royaume » ) de Rodrigo Sorogoyen. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Manuel López-Vidal est un homme politique influent dans sa région. Alors qu'il doit entrer à la direction nationale de son parti, il se retrouve impliqué dans une affaire de corruption qui menace un de ses amis les plus proches. Pris au piège, il plonge dans un engrenage infernal...

La fiche du film

Le film : "El Reino"
De : Rodrigo Sorogoyen
Avec : Antonio de la Torre, Monica Lopez
Sortie le : 17/04/2019
Distribution : Le Pacte
Durée : 131 Minutes
Genre : Policier, Drame
Type : Long-métrage
Le film
Les bonus
  • Sortie DVD : 21 août

Le film est espagnol, mais Rodrigo Sorogoyen nous le rend familier. Quand il dénonce la corruption en Espagne, il la dénonce aussi chez nous.  Si proche d’une actualité hexagonale qui renvoie de temps en temps les riches et les puissants au fond d’une geôle.

Manuel Lopez-Vidal n’en est pas encore là, mais la machine qui s’emballe tranquillement lui montre un chemin qu’il va tout faire pour éviter. A la veille de grimper les échelons de sa direction nationale, le politicien local borde comme il peut une affaire embarrassante.

Mais la personne concernée réussit à tirer les marrons du feu, condamnant ipso-facto son ami de parti à prendre les coups et à porter le chapeau.

Ana Wagener est la chef du parti visé par le scandale.Des plombs doivent sauter et se retrouver en poste à Washington , par exemple , dit-elle à Manuel qui va refuser…

Lopez-Vidal n’a rien vu venir, mais le réalisateur est pourtant très clair dans sa démonstration : la haute hiérarchie en ainsi décidé et à lui désormais de suivre leurs recommandations pour éviter le naufrage collectif.

Ce que l’intéressé , trop orgueilleux dit-on, n’entend pas de la même oreille. Il va contre attaquer, par quelques escarmouches qui très vite deviennent pugilat. Une obstination totale. Antonio de la Torre la traduit très bien, avec pertinence, pour infliger à son personnage un parcours qui va détruire peu à peu tout ce qui pouvait encore le garder à flot.

Dans cette mécanique de l’ombre, les politiques s’agitent à la sauve qui peut, mais la moindre incartade vous élimine du réseau, puis de l’affiliation. Ses amis le lâchent , ses soutiens s’éloignent , assurant pour eux-mêmes une impunité dont Manuel ne se préoccupe même plus. Je l’appelle Manuel, il nous devient presque familier. Mais pas sympathique.

L’homme a perdu la bataille, il le sait, mais dans sa chute il ne sera pas tout seul.

Ce que révèle très bien la caméra de Sorogoyen et son scénario co-écrit avec la fidèle Isabel Pena. La complexité des magouilles, la finalité des manœuvres orchestrées en sous-main prennent ici une signification hautement symbolique et évidente, au regard de la traque que l’homme politique engage sans relâche.

Le suspect pourra toujours compter sur son épouse ( Monical Lopez, parfaite)

A en dépasser les bornes, comme s’autorise aussi le réalisateur dans un braquage nocturne  invraisemblable. Mais la séquence est tellement ahurissante et conforme au délire dont s’est emparé Lopez-Vidal qu’elle en devient plausible.

Aussi crédible que cette superbe mise à mort télévisuelle pour un homme qui pensait faire de ce média l’ultime levier de son combat…

Un scoop pour la presse. Des révélations. Un parti plongé dans le scandale. «  Tout va bien se passer  » lui assure la journaliste (Barbara Lennie). Mais le pouvoir protège le pouvoir se souvient trop tard l’interviewé. On ne lui pose pas les bonnes questions ….

LES SUPPLEMENTS

  • Entretiens avec Rodrigo Sorogoyen et Antonio de la Torre (  23 mn ). Le réalisateur évoque les scandales de corruption en 2015/2016, « la quantité hallucinante des affaires, l’impunité qui a régné longtemps et surtout la fierté qu’affichaient les politiciens impliqués ».
Joliment piégé par la journaliste auprès de qui il pensait pouvoir s’expliquer…

« En Espagne il n’y avait pas de film sur le sujet »

« La fascination négative pour ces personnages, ce n’est pas tant de savoir comment ils volent, mais comment ils s’arrangent avec la corruption et comment ils vivent pour éduquer leurs enfants par exemple , dorment-ils bien, tout ça nous paraissait et nous parait encore inconcevable ».

Beaucoup de documentation, de livres, de journaux et la rencontre avec des politiciens, des juges, des journalistes, « souvent par l’entremise d’Antonio de la Torre beaucoup plus connu que nous » .

Le comédien parle alors de son personnage Manuel Lopez Vidal. Ce que lui a dit le vrai politicien : «  je ne sais pas pourquoi je suis corrompu, le juge me le dira »

Antonio de la Torre, en compagnie de Bárbara Lennie, Nacho Fresneda et du réalisateur à la barbe de tournage…

« Ce film est engagé car il parle de notre société, certains faits sont reconnaissables mais aucun nom n’est cité ».  Le réalisateur est d’accord. «  Important que le film suggère plus qu’il ne dénonce, ce serait alors devenu un film politique , et le film aurait été bien moins reçu, car en Espagne les idéologies sont très mal perçues ».

L’évocation du casting permet de revenir sur la déception de «  Que dios nos perdone » pour Antonio de la Torre, oublié par les récompenses, ce que regrette le réalisateur.

«  Et j’avais très envie de retravailler avec lui, personnellement et professionnellement. (…) Ancien journaliste, il est toujours intéressé par l’actualité et le monde politique , l’intrigue de ce film lui va comme un gant ».

  • Making of ( 14.30 mn ). Bizarrement ça rappelle pas mal de choses qui sont déjà énoncées dans le chapitre précédent, avec en plus cette fois pas mal d’images du tournage. Et là encore, la manière de travailler le scénario et le tournage est explicite
Sortie DVD : 21 août Le film est espagnol, mais Rodrigo Sorogoyen nous le rend familier. Quand il dénonce la corruption en Espagne, il la dénonce aussi chez nous.  Si proche d’une actualité hexagonale qui renvoie de temps en temps les riches et les puissants au fond d’une geôle. Manuel Lopez-Vidal n’en est pas encore là, mais la machine qui s’emballe tranquillement lui montre un chemin qu’il va tout faire pour éviter. A la veille de grimper les échelons de sa direction nationale, le politicien local borde comme il peut une affaire embarrassante. Mais la personne concernée réussit à tirer…
Le film
Les bonus

Un polar dans le genre ibérique comme les cinéastes espagnols savent si bien les ménager. Sur un fond assez classique et une histoire tout aussi convenue ( la prévarication manifestée par le détournement de fonds et la fuite de capitaux en Suisse ) Rodrigo Sorogoyen use d’une technique particulière dans sa mise en scène pour clarifier un système que ses détenteurs tiennent à garder le plus secret et le plus obscur possible. La complexité des magouilles, la finalité des manœuvres orchestrées en sous-main prennent ici une signification hautement symbolique et évidente, au regard de cette caméra et de ce scénario qui nous éclairent joliment. Aidés en cela par le jeu sans excès mais pertinent d’ Antonio de la Torre, et très bien secondé par des comédiens comme Monica Lopez, Josep María Pou…

AVIS BONUS A travers cette rencontre avec le réalisateur, on distingue tout à fait bien la façon dont il aborde un nouveau film, du sujet au casting, en passant par l’écriture du scénario et la direction d’acteurs . C’est net et précis Le second chapitre est quand même répétitif, mais intéressant grâce au making of

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Voir aussi

« El-(Tourments) » de Luis Buñuel . Critique cinéma-dvd

Le film préféré de son auteur et il a tout à fait raison. Et les bonus sont au top !

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