Synopsis: Europe 1990, le mur de Berlin est tombé. Katrine a grandi en Allemagne de l’Est, et vit en Norvège depuis 20 ans. Elle est le fruit d’une relation entre une norvégienne et un soldat allemand pendant la Seconde Guerre Mondiale. Placée dans un orphelinat réservé aux enfants aryens, elle s’échappe de la RDA des années plus tard pour rejoindre sa mère. Mais, quand un avocat lui demande de témoigner dans un procès contre l’Etat norvégien au nom de ces «enfants de la honte», elle refuse. De lourds secrets refont alors surface, dévoilant le rôle de la Stasi, les services secrets de la RDA, dans le destin de ces enfants.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Novembre 2014 : Le meilleur dvd
Le titre est un peu trompeur. Il nous rappelle «La vie des autres » de Donnersmarck et s’en rapproche par l’une de ses thématiques : la Stasi et ses ramifications européennes. Jusqu’en Norvège où vit maintenant Katrine, repérée par un avocat de la cour européenne, comme une « enfant de la honte ».
Mère norvégienne, père allemand, à la fin de la seconde guerre mondiale elle a été placée dans un orphelinat, dont elle s’enfuit.
Heureuse, épanouie, elle refuse aujourd’hui de témoigner de ce passé douloureux, à la grande surprise de son entourage. Katrine ne veut pas rouvrir une plaie qui ne s’est jamais d’ailleurs refermée. Mais lors d’une audition qu’elle accorde à contrecœur, son aventure adolescente ressurgit avec une violence inimaginable pour ses proches.
Sa mère, son mari, sa fille ignoraient le fond de toute son histoire. Qui la rattrape, et mine le cœur de sa propre famille. Katrine n’a pas dit toute la vérité…
Le fil est bien tendu, le réalisateur le maintient au point de tension extrême, avec des révélations parcimonieuses et des flash-back sépia, de plus en plus évocateurs. Il le fait à la manière d’un film où John Le Carré aurait posé ses énigmes.
La confusion des personnages, l’approximation des situations, les absences, les mensonges, tout participe à l’élaboration d’un stratagème policier éminemment pernicieux.
« On aurait dit qu’il instruisait une affaire criminelle » s’étonne écœuré le mari de Katrine à l’issue de l’audition devant la commission européenne. L’homme n’est alors peut-être pas très loin de la vérité, quand de l’autre côté de la barre, on semble déjà posséder toutes les pièces du dossier.
Katrine n’est visiblement plus libre de ses mouvements, et devant l’évidence d’une attitude de plus en plus étrange (l’époux évoque l’adultère), elle devra choisir entre sa famille et une raison d’Etat qui ne lui appartient désormais plus.
Là encore je vous passe les soubresauts d’un dénouement au sentimentalisme retenu pour saluer cette page d’Histoire réellement vécue, et portée avec clairvoyance par Juliane Köhler, une femme double face, masque compris. Quand il tombe ça remue la famille, et le spectateur aussi.
LES SUPPLEMENTS
- Entretien avec Georg Maas (12.30 mn). Le réalisateur évoque la question identitaire qui en Allemagne fait toujours écho, après la seconde guerre mondiale et surtout la chute du mur de Berlin, il y a 25 ans. Il explique aussi la manière particulière de filmer l’époque 1970, une sorte de super8, raboté …
La moitié de ce documentaire est consacré à sa collaboration avec Ursula Werner, une dame qui étant donné son âge ne recevait plus beaucoup de scénarii. Elle ne voulait pas cependant jouer le personnage qu’on lui proposait (20 ans de plus, malade..).
Et le scénario a été réécrit « mais même sur le plateau elle continuait à me dire qu’elle n’était pas forcément d’accord de la façon dont je dirigeais le film. Elle en a quand même fait cinq, et moi deux seulement ».
- « Les pouponnières du 3ème Reich » (52 mn). D’après l’idée du film, ce documentaire remarquable, rapporte l’idée principale de ces maternités très particulières à qui il fallait fournir (c’est bien le terme) « des enfants spécifiquement conçus par le Reich, pour le Reich. »
Ce que découvrent les alliés quand ils arrivent près de Berlin. Les poupons devaient être la relève SS. 70 ans plus tard certains d’entre eux évoquent l’un des projets les plus fous d’Hitler. Beaucoup d’entre eux n’ont appris que très tard l’origine de leur naissance…
« C’est l’autre aspect de l’holocauste, car si vous vous débarrassez des sous-races, il faut imaginer des personnes censées être les meilleures ». Le genre de commentaire rapporté à travers le fonctionnement d’un système très élaboré. Les membres du Parti national socialiste sont contraints de faire au moins quatre enfants à leur femme, sous peine de se voir rétrograder dans la hiérarchie du parti. Plus secrètement il leur est recommandé d’en faire aussi autant qu’ils en veulent hors du foyer.
Les vidéos ou les images qui charpentent ce documentaire sont des archives toujours très éloquentes, le plus souvent officielles « il existe très peu de documentaires amateurs sur ce sujet » .On voit ainsi, et ce n’est qu’un exemple, les nourrissons amenés à la chaîne, triés, puis un peu plus grands, jouant avec leur nounou.
Des maternités du même type ouvrent dans les pays conquis, car Himmler en veut toujours plus .La race est la pierre angulaire du système, il faut que le couple prouve son aryanité afin que l’enfant soit admis dans la pouponnière.
Certains s’interrogent toujours sur le choix de leur mère : rassurée pour l’enfant à naître, et un repas par jour jusqu’à l’accouchement. Mais après elles sont contraintes de l’abandonner, faute de moyen de subsistance. Gisèle ne connaîtra jamais sa mère, et officiellement elle est née à Bar Le Duc.
Au Lebens Born on ne manque de rien, alors que dans tous les pays c’est la pénurie, mais Himmler veillait sur ses établissements, qui comptent les meilleurs sage femmes, les meilleurs médecins .Les enfants qui présentent le moindre problème sont dirigés « vers le traitement spécial, l’euthanasie, on ne sait pas combien sont morts, les mères étaient informées de la mort prématurée de leur bébé sans plus d’explication ».
Au moment du débarquement, c’est la panique, les alliés récupèrent des enfants, (la France en réclame pour repeupler le pays) mais les allemands tentent de « limiter les dégâts ». Après quoi la question de l’avenir de ces enfants se pose avec acuité.
Une dame témoigne qu’elle se souvient qu’après « 4 ans d’idéologie nazie » la petite fille qu’elle était voit alors arriver les américains dont elle se méfie et qui lui offre des cadeaux .Que faire de ces enfants rejetés par leur famille d’accueil (« des bâtards SS » disent-ils alors) et désormais sans famille, sans identité : les nazis ont brûlé à la débâcle tous les papiers concernant leur naissance.
Review Overview
Le film
Les bonus
Ce film appartient à cette veine créatrice, dont la force et l’originalité résident dans la sourde complicité qui relie la fiction à l’histoire contemporaine. Nous sommes en 1990 en Norvège : le passé douloureux d’une enfance volée rattrape une jeune femme qui pensait avoir définitivement fermé la porte à ses mauvais souvenirs.
Juliane Köhler porte le film avec une clairvoyance exemplaire pour nous dire que cinquante après la fin de la guerre, celle-ci se poursuivait dans l’ombre d’une nébuleuse européenne. Une histoire à la John Le Carré, avec la Stasi toujours aux commandes, même après la chute du mur de Berlin.
Une histoire d’espionnage que va soulever sans le savoir un avocat du Parlement européen soucieux de faire la lumière sur le sort réservé aux enfants norvégiens, nés de pères allemands, au cours de la seconde guerre mondiale. Une histoire vraie, terriblement vraie.
Avis bonus
Après la rencontre très intéressante avec le réalisateur, on nous propose un documentaire que j’ai trouvé passionnant sur les pouponnières du III ème Reich .
7 Commentaires
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