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« Dossier secret » d’Orson Welles . Critique Blu-ray

Synopsis: Europe, années 1950. Juste avant de mourir, un dénommé Bracco lâche le nom de deux personnes impliquées dans son assassinat : Gregory Arkadin, un magnat d’origine russe, et une mystérieuse Sophie. Petit truand américain témoin de la scène, Guy van Stratten décide de mener l’enquête sur Arkadin avec l’aide de son amie Mily. Mais la situation prend bientôt une tout autre tournure : van Stratten est engagé par Arkadin pour enquêter sur le passé trouble de ce dernier…

La fiche du Blu-Ray

Le film : "Dossier secret a.k.a. Mr Arkadin "
De : Orson Welles
Avec : Orson Welles, Robert Arden, Paola Mori, Patricia Medina, Michael Redgrave
Sortie le : 08/07/2015
Distribution : Carlotta Films
Durée : 98 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Ca parait brouillon, bancal, indécis. On ne comprend pas forcément tout. Les gens vont et viennent, meurent un couteau dans le dos. Ce n’est pas tant son propriétaire qui nous intéresse, que l’objet du délit. Car il va revenir à plusieurs reprises ce couteau dans les discussions. Et dans le dos.

La victime lâche un nom, et son témoin, petit malfrat, se mêle de retrouver sinon l’assassin, du moins son commanditaire. Un homme au passé trouble, évidemment, et à l’identité incertaine. Aujourd’hui il se fait appeler Arkadin, riche en affaires ayant réussi on ne sait comment. Et lui-même reconnaît qu’il ignore tout de son passé.

Seule sa fille unique importe à ses yeux. Elle ne sait rien de lui, sinon qu’il la fait suivre jour et nuit, pour ne pas la perdre. Son regard innocent, un peu enfantin est merveilleux ( Paola Mori ). «  Mais je vis comme une gitane de luxe » concède-t-elle à l’homme chargé d’enquêter sur son géniteur, et qui forcément est tombé amoureux de la belle. Robert Arden dans le rôle me parait assez transparent…

Mr Arkadin retourne lui aussi sur son passé, en quête de souvenirs qu'il tente de découvrir avant son enquêteur...
Mr Arkadin retourne lui aussi sur son passé, en quête de souvenirs qu’il tente de découvrir avant son enquêteur…

Mais avant de songer à l’épouser, il se doit de remplir la mission que le futur beau-papa lui confie : dévoiler ce qu’il fut autrefois. Un peu bizarre comme requête, mais la somme rondelette qui va avec le convainc d’aller au bout de sa mission. Le piège ne serait-il pas en train de se refermer ?

Autour de ces gens forcément bizarres, comme cet éleveur de puces (Mischa Auer ) qui dit ne rien savoir, ou cet antiquaire qui lui vend un télescope douteux, et se fait payer cash en fonction de la manière dont il épelle le nom de ses informateurs. Michael Redgrave est impayable !…

Orson Welles le réalisateur prend un malin plaisir à mettre en scène tous ces gens pas très recommandables, dont  son double de comédien dans le rôle-titre. Un manipulateur agile désignant les marionnettes de son jeu.  Et qui en un éclair alterne  contre plongée et gros plan, pour donner à a la physionomie du personnage toute la ressemblance de l’ombre qui la porte.

dossier secret

 « C’est dur d’avoir une conscience et aucun souvenir » confesse Arkadin à son possible futur gendre qu’il inscrit désormais dans sa galerie de portraits où la fameuse Sophie ( photo ) devient la clé du problème. Mariée en seconde noce à un général mexicain, jamais divorcée de son premier mari alcoolique et drogué, elle est brillamment interprétée par Katina Paxinou. Une artiste grecque, le trait méchant, expressive, émouvante dans sa passion perdue. «  S’il y a eu des choses contre moi, maintenant c’est fini, laissez donc les gens tranquilles » dit-elle encore à l’enquêteur improvisé, subjugué à son tour par le belle ensorceleuse.

Mais l’homme en sait maintenant assez pour boucler son dossier avant de retrouver sa promise. Enfin, si Welles , (le réalisateur ? le comédien ?) le veut bien !…

LES SUPPLEMENTS

  • Orson Welles et le dossier Arkadin (47 mn). Un entretien fleuve avec Jean-Pierre Berthomé, historien du cinéma et co-auteur du livre « Orson Welles au travail. » Il  explique d’abord les différents titres du film, à l’origine d’une émission radio enregistrée par Welles autour des enquêtes de son personnage Harry Lime.« Il a trouvé son modèle d’Arkadine dans les profiteurs de guerre comme il y en avait beaucoup à cette époque-là, Welles en connait, des trafiquants de tout, dont l’étrange Dolivet qui financera aussi son film ».

dossier secret

« Il aurait voulu Michel Simon dans le rôle d’Oscar (joué par Frederick O’Brady), Marlene Dietrich dans celui de la baronne qu’interprétera Suzanne Flon. Mais en attendant l’argent nécessaire, il patiente, il pique des décors sur des tournages voisins, invite des gens pour fêter son tournage et ça devient les figurants du bal masqué ».

Un tournage périlleux, donc et que l’historien rappelle dans le détail (c’est passionnant) comme cette même scène tournée dans trois lieux différents, toujours par manque d’argent. «  Un château en toile de fond, et il filme en signifiant que c’est le château de son héros. Idem pour un yacht qui lui plait ». De nombreux raccords doivent être ensuite tournés afin que l’illusion puisse faire son chemin

  • « Men of mystery » par Simon Callow (25 mn). Auteur d’une biographie en plusieurs volumes sur Orson Welles, il parle des acteurs Robert Arden, Michael Redgrave et du producteur Louis Dolivet.

Robert Arden est l’un des acteurs ayant déjà travaillé sur la version radio, mais autrement complètement inconnu, choisi par pur caprice . Ce qui explique peut-être son interprétation en demi-teinte. «  Je n’étais pas prêt » confirme l’intéressé lors d’une interview accordé à Simon Callow «, mais j’avais le premier rôle ». Il  quitte Londres et le théâtre dans lequel il jouait pour rejoindre l’équipe en Espagne, la suite est comme un rêve, même si les méthodes de travail de Welles le surprennent.

Un éleveur de puces peut-il avoir des secrets ?
Un éleveur de puces peut-il avoir des secrets ?

Welles aimait les acteurs britanniques, et Callow en parle encore très bien comme Michael Redgrave, acteur de théâtre, qui excellait au cinéma contrairement à de grands comédiens de théâtre comme Laurence Olivier, beaucoup moins à l’aise avec la caméra.

Louis Dolivet, d’origine roumaine, agent communiste, vit à Paris, puis aux USA, c’est le mentor politique de Welles, qui écrit dans les années 1940 dans « Free world » créé par ce Dolivet. Il quitte le pays, ne peut y revenir car son passé stalinien est découvert. Dolivet disparait, réapparait comme producteur de ce film, disparait à nouveau du côté de Londres où il est impliqué dans un réseau d’espionnage . De nombreuses questions restent sans réponse, fascinant !

  • Rushes (18 mn). En provenance des archives de la Cinémathèque de la Ville de Luxembourg et inédits en France. On y voit Orson Welles jouer et diriger. Il est omniprésent effectivement, aussi on aime bien quand le directeur d’acteur laisse un peu la place à sa vedette .
Meilleur dvd Juillet 2015 Ca parait brouillon, bancal, indécis. On ne comprend pas forcément tout. Les gens vont et viennent, meurent un couteau dans le dos. Ce n’est pas tant son propriétaire qui nous intéresse, que l’objet du délit. Car il va revenir à plusieurs reprises ce couteau dans les discussions. Et dans le dos. La victime lâche un nom, et son témoin, petit malfrat, se mêle de retrouver sinon l’assassin, du moins son commanditaire. Un homme au passé trouble, évidemment, et à l’identité incertaine. Aujourd’hui il se fait appeler Arkadin, riche en affaires ayant réussi on ne sait comment. Et…

Review Overview

Le film
Les bonus

Dans la saga du Welles touche à touche, ce « Dossier secret » fait figure de proue d’une aventure cinématographique qui n’en finit pas de réveiller le 7 ème art. Orson Welles le réalisateur prend un malin plaisir à mettre en scène des gens pas très recommandables, dont  son double de comédien. Un manipulateur agile désignant les marionnettes de son jeu.  Et qui en un éclair alterne  contre plongée et gros plan, pour donner à a la physionomie du personnage toute la ressemblance de l’ombre qui le porte. C’est assez étrange, incertain, de plus en plus dangereux et fascinant pour ce thriller de plus en plus noir, ce film d’espionnage qui s’égare des sentiers battus.

Avis bonus Avec d’éminents spécialistes on apprend encore beaucoup sur la saga d’un film qui se fond dans l’histoire de son réalisateur. En prime quelques rushes méritent le détour.

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