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« Donbass » de Sergei Loznitsa. Critique dvd 2019

Synopsis: Dans le Donbass, région de l'est de l'Ukraine, une guerre hybride mêle conflit armé ouvert, crimes et saccages perpétrés par des gangs séparatistes. La propagande est érigée en vérité et la haine prétend être l'amour. Un périple à travers le Donbass, c’est une suite d’aventures folles, dans lesquelles le grotesque et le tragique se mêlent comme la vie et la mort.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Donbass"
De : Sergey Loznitsa
Avec : Valeriu Andriuta, Natalya Buzko, Evgeny Chistyakov, Georgiy Deliev, Vadim Dubovsky
Sortie le : 5 février 2019
Distribution : Pyramide Vidéo
Durée : 121 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Le bonus

Comme un chemin de croix, mais 13 tableaux seulement. Un pays morcelé au sein duquel, une région, le Donbass reçoit depuis quelques années toute la misère et la bassesse du monde.

Un conflit ténu oppose l’armée ukrainienne secondée par des milices, aux séparatistes ukrainiens que Moscou entretient. Sur le papier c’est malheureusement très limpide, sur le terrain Sergei Loznitsa s’y perd un peu entre check-point et zone assiégée, village anonyme et zone avancée .

Son idée de morceler l’histoire facilite donc la démarche, en y posant parfois un regard documentaire tout aussi déstabilisant que l’approche fictionnelle. Je pense à la visite des abris souterrains où se terre une population totalement démunie , dans le froid, l’humidité et les relents nauséabonds.

Un « guide » montre aux journalistes allemands, tout en détail, ( c’est assez long ), l’état désastreux des lieux avant de pousser une porte sur la plus grande salle de l’abri. Des gens sont attablés alors qu’une jeune femme blonde houspille sa mère qui ne veut pas la suivre. Cette femme est bien mise sur elle et fait comprendre qu’elle a les moyens de l’accueillir confortablement  » et là-bas on ne nous bombarde pas… »

Elle quitte la place, seule, une voiture officielle l’attend…

Sergei Loznitsa reprend ainsi le cours de son récit dans une mise en scène très éloquente qui dénonce la corruption des édiles ( belle scène dans la maternité ), la propagande rageuse, ou en rappel de Kafka la manière dont les autorités récupèrent argent, voitures et confisquent toute liberté.

A cette torture morale d’un camp, le cinéaste répond par le lynchage d’un homme en pleine rue. Une scène très longue, édifiante, grave… . Un tourbillon de haine et de violence, où la farce et le drame prennent une ultime respiration lors d’un mariage auquel personne ne semble croire.

Les mariés sont hilares, grotesques, face à une communauté de jeunes criards et assoiffés. Il y a aussi quelques miliciens qui avant de ripailler vont aller jouer du calibre, comme ils disent.

Presque le terme de cet égarement implacable au cœur d’une envolée désespérante d’appels et de cris réprimés par la botte et le lance-rocket. Edifiant !

Les passagers d’un car sont réquisitionnés d’office par la chef qui les insulte copieusement pour leur lâcheté…

LE SUPPLEMENT

  • Une master class avec le réalisateur. A partir de ses films,le travail du son . Ou comment il concocte sa bande sonore

Pour « Le jour de la victoire », la musique joue un grand rôle :  quatre micros ( dont deux caméras)  sur une scène projetée sur écran . Comment sont-ils disposés, et pourquoi un réenregistrement en studio est nécessaire.

« Parfois il faut jeter tout ce qui a été enregistré au moment du tournage , et refaire en studio ce que vous voulez garder ».

La police le prévient que l’on a retrouvé sa voiture. Il pense la récupérer facilement …

Sur « Donbass » : la version cannoise n’était pas définitive. On entend certaines pistes rajoutées depuis et ce qui est intéressant c’est de comprendre le travail piste par piste sur certaines séquences, voir sur le film entier . Ainsi il y a des sons que l’on n’avait pas forcément remarqués, en continu, comme le cri des corbeaux qui traverse tout le film , ils ont été rajoutés , et puis post-synchronisation des pas, et enregistrement des respirations .

La scène de bastonnade, elle est incontournable  « tout le monde parle en même temps, difficile à contrôler surtout que je voulais ce chaos-là, et puis après quel sous-titre retenir dans toutes ces paroles »…

Un Certain Regard au festival de Cannes 2018 : Prix de la Mise en scène._ Comme un chemin de croix, mais 13 tableaux seulement. Un pays morcelé au sein duquel, une région, le Donbass reçoit depuis quelques années toute la misère et la bassesse du monde. Un conflit ténu oppose l’armée ukrainienne secondée par des milices, aux séparatistes ukrainiens que Moscou entretient. Sur le papier c’est malheureusement très limpide, sur le terrain Sergei Loznitsa s’y perd un peu entre check-point et zone assiégée, village anonyme et zone avancée . Son idée de morceler l’histoire facilite donc la démarche, en y posant…
Le film
Le bonus

Je ne pense pas que ce film soit très objectif , mais pour dénoncer les affres et cruautés d’une telle guerre, un parti pris relève logiquement l’ignominie de la situation. En imaginant que dans le camp adverse la tendresse n’est pas non plus au programme. Après quoi on comprend la détresse et l’angoisse de tous ces protagonistes qui pour se protéger des événements à venir tentent de les précéder par des manières souvent mafieuses et criminelles. Ce qui n’est pas une excuse en soi, mais un regard porté sur ce bout du monde où le petit peuple lui ne fait que subir leur haine et leur force. Le réalisateur a choisi un mode particulier pour nous exposer son point de vue et malgré quelques longueurs descriptives, il réussit à nous entraîner sur le terrain des opérations, entre reportage de guerre et documentaire, pour finaliser l’ensemble par une fiction qui ressemble à la guerre d’aujourd’hui, quelque part en Ukraine, où les Russes tentent d’imposer leur puissance d’autrefois. Comme la population est divisée sur le soutient à apporter, ça craint un peu plus chaque jour .

Avis bonus Une petite maste rclass autour de la technique du son dans la mise en scène du réalisateur, instructif !

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