Synopsis: Pour lutter contre la mise en place de caisses automatiques, les employés d’un Hard Discount créent clandestinement leur propre « Discount alternatif », en récupérant des produits qui auraient été gaspillés…
La fiche du film
Le film
Un mouvement affirmé, solidaire et résistant, pour contrer une société idéalisée par le profit. Voir la grande consommation à travers l’émergence d’un magasin collectif, imaginé par les employés d’une supérette, écœurés par le gaspillage auquel ils participent quotidiennement.
Le projet est plutôt réaliste : permettre aux plus démunis de s’approvisionner à moindre frais. Surtout que les produits proposés sont destinés à la benne à ordures. Mais au fil du succès, les stocks venant à manquer, c’est dans leur propre magasin que les apprentis commerçants puisent leurs ressources.
De la constatation d’un fait à la contestation d’un système, le réalisateur engage le débat sur la société de consommation et l’engagement social qu’il implique. Une démarche militante qui n’influe pas sur le ton de la comédie (c’est souvent très drôle), mais bien au contraire nous dévoile la réalité d’un quotidien qui pressure ses employés.
Zabou Breitman joue Sonia la directrice de cette supérette, sommée par sa hiérarchie d’atteindre les objectifs.
Une ligne de conduite qu’elle adopte sans émotion particulière. Plutôt que d’y laisser sa peau, elle réglera le sort de ses subalternes, en instituant par exemple l’automatisation des achats. Les caissières les moins compétentes y laisseront leur peau.
L’heure n’est plus au cas de conscience nous dit Louis Julien Petit qui va pourtant creuser la personnalité de Sonia, humainement plus riche que ne laisse paraître le personnage directorial.
Une vie en parallèle de ce qui s’y trame, des licenciements annoncés, des invendus que l’on jette à la poubelle, du gaspillage organisé. Sonia n’est pas forcément le personnage central de la mésaventure, mais comme le catalyseur.
Les salariés (Olivier Barthelemy, Corinne Masiero, Pascal Demolon, Sarah Suco, tous excellents) réagissent en fonction de ce qu’elle représente, et des actes que cette représentation lui commande. Il n’y a pas les bons et les méchants, mais des gens avant tout.
« On ne vole pas » dit l’un d’eux « voler des voleurs, ce n’est pas voler ». Alors se fournir à la source même du profit apparait comme un acte de résistance citoyen, une position sociale qui engloberait toutes les utopies libertaires.
Un point de vue que le réalisateur inscrit dans l’émergence de ce marché parallèle, et dont la pérennité, l’impunité peuvent à la longue paraître suspectes.
C’est dans l’illégalité, voir l’amoralité la plus totale que cette activité s’exerce au bonheur des petites gens. Mais la solidarité, maître mot de « Discount » est garante de la réussite de leur entreprise.
Briser le code du silence, c’est briser une chaîne sociale tissée dans le vif d’une réalité où des surveillants, des gardiens, des membres de la sécurité, tels des kapos, chronomètrent en aboyant, le temps passé par les employés aux caisses, aux rayons, au stockage. A l’issue de plusieurs avant-premières des spectateurs ont confirmé les faits.
Review Overview
Le film
En « dévalisant » leur propre magasin au profit d’une distribution collective pour les plus démunis, c’est une mise à nue des travers du système économique de la grande distribution, et des circuits bancaires affidés à laquelle procèdent les salariés de cette supérette, menacés de licenciements. Des vies de galère, des petits boulots, des petits salaires avec cette perspective sans lendemain, voilà le quotidien de ces gens de plus en confrontés à l’engrenage fatidique de la déchéance. Si la cause militante est évidente, elle s’estompe devant l’absolue nécessité de trouver des solutions à la crise, qu’elle soit générale ou plus particulièrement alimentaire. De la production à la consommation, le réalisateur film ainsi à vif pour ne conserver qu’une seule morale : la solidarité. Quel qu’en soit le prix. A tout prix.
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