Après avoir divisé la côte d’Emeraude avec son film aussi prenant que surprenant « Prevenge », Alice Lowe a continué ses frasques lors de la soirée d’ouverture au cours de laquelle sa toute petite fille (le bébé que l’on voit à la fin du film) a gentiment fait entendre de jolis gazouillis. Rien de bien méchant sous le soleil dinardais qui s’est fait la malle ( et puis est revenu ) pour aborder des questions aussi importantes que l’avenir du cinéma britannique dans le contexte du Brexit.
Tous les intervenants français, du président Lelouch à madame le maire ont assuré de leur entière solidarité avec ce peuple « qui nous surprend souvent, avec des décisions parfois même déjantées » (dixit l’édile). Rebecca O’Brien, la productrice anglaise, notamment des films de Ken Loach, s’est presque excusée « de l’orientation de mon pays, qui va de mal en pis. Il est de plus en plus nationaliste ».
Et insulaire jusque dans ses extrêmes si l’on en croit le très bon remake de « Whisky à gogo » présenté lors de cette soirée « Whisky Galore de Gillies MacKinnon. Toujours inspiré de l’histoire vraie qui se déroula en 1941 sur l’île des Hébrides, où un groupe d’insulaires écossais avaient attaqué un navire et pillé 24 000 caisses de Whisky. Mais le réalisateur qui fut le premier à décrocher le Hitchcock d’or en 1991 à Dinard s’en tient lui aussi à la version du film d’Alexander Mackendrick.
Nous sommes en 1943 à Todday, une petite île écossaise, qui en raison des quotas imposés par la guerre n’arrive plus à se fournir en breuvage tourbé. Les vieux qui aimeraient mourir avec une dernière cuite n’ont vraiment plus le goût à la vie. Les jeunes ne peuvent pas se marier, faute de fête traditionnelle au cours de laquelle le whisky est indispensable. Le miracle viendra de ce cargo transportant des caisses de whisky et qui va s’échouer sur les récifs.
Si le ton de la comédie initiale de Mackendrick est indissociable de la teneur du récit du remake, Mackinnon a mis plus de légèreté et d’entrain dans cette aventure magnifiquement colorée par une musique de pays qui n’a rien d’artificielle. C’est elle qui porte et rythme au son du violon et de la cornemuse une fable édifiante d’un peuple malheureux. « Cette guerre est vraiment terrible » se lamente l’un des habitants de cette île pourtant protégée de tous les malheurs et bien loin d’être la cible privilégiée de l’armée allemande.
Surtout que sur place la garde nationale composée de six hommes du cru, est dirigée par un certain Capitaine Wagget (Eddie Izzard) qui se prend pour le général Montgomery. Tout le monde joue à ses dépens à commencer par son bras droit, un jeune sergent amoureux de la fille du postier. Celui-ci est joué par James Cosmo dans une retenue de faux grincheux, auquel il est difficile d’arracher un sourire. La perspective de voir partir ses deux filles lui déchire le cœur. Rien que pour ce bonhomme, le voyage en terre écossaise est un grand bonheur.
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