Synopsis: A sa libération, Gino Strabliggi, un ancien truand, est chaperonné par l'inspecteur Cazeneuve, inspecteur à la retraite, qui l'aide à se réinsérer. Malheureusement un autre policier cherche à le faire trébucher.
La fiche du Blu-Ray
Le film
Les bonus
Meilleur dvd Juillet 2015 ( 5 ème )
Collabo pendant la seconde guerre, puis gangster à la petite semaine, José Giovanni a su de ce passé détestable tirer les enseignements nécessaires . Tel un acte de contrition, son œuvre littéraire et cinématographique, est devenu un plaidoyer pour la liberté et la dignité de l’homme, deux vertus qu’il a autrefois méprisées.
Son réquisitoire contre la peine de mort (huit ans avant son abolition) prend ici une toute autre valeur, doublée par l’habileté d’une mise en scène qui relève de la nécessité de faire du cinéma. Giovanni utilise sa caméra pour ce qu’elle est, et non plus pour ce qu’on lui demande d’enregistrer.
Un témoin à elle seule des turpitudes de ce bas-monde dans lequel un éducateur va connaître la seconde désillusion de sa carrière. Ancien flic, Cazeneuve est aujourd’hui visiteur de prison. Comme il le dit à l’inspecteur Goitreau, méchamment obsessionnel « c’est bien beau de mettre les gens à l’ombre, encore faut-t-il s’en occuper ».
Il l’entreprend avec l’intime conviction d’accomplir une mission d’intérêt public. Gino Strabliggi, son protégé le suit alors les yeux fermés, pour l’avoir fait si longtemps à l’ombre d’un cachot. Les deux hommes s’entendent bien et Giovanni en tire un profit exemplaire en posant parfaitement les bases problématiques de la réinsertion sociale encadrée par une activité dont il décrit aussi avec précision les rouages.
Un juste portrait de l’éducateur que Jean Gabin dessine sans excès, guidé par une forte personnalité confrontée à l’opiniâtreté déplacée de la police. Le sujet est un brin manichéen. Mais le nouvel inspecteur de police, maladivement suspicieux, avait passé les menottes à cet ancien truand, dix ans auparavant dans une autre région .
Il va le harceler, pourrir la vie de son entourage et donner au cinéma l’un de ses face à face dont le souvenir est à jamais gravé dans le marbre. Michel Bouquet est extraordinaire dans son personnage de fouille-merde que le réalisateur cerne au plus près de sa parano. Un cinéaste qui dans la foulée filme la courte rencontre sur charbons ardents entre Delon et Depardieu, dans un petit rôle de voyou.
Une date à marquer également d’une pierre blanche sur laquelle reposera le couronnement de ce film : le duo Delon-Gabin, à nouveau réuni pour le meilleur du cinéma français.
Giovanni a dû maitriser ses nerfs pour diriger un tel couple mais l’effort en valait la chandelle. Son filmage ne souffre d’aucune faiblesse, des cadres bien soignés, trop bien même parfois, comme apprêtés autour des reflets, des vitrines, des portières de voitures… Des cadres naturels en quelque sorte posés sur une machination policière et son engrenage inéluctable, dans une stratégie parfaitement huilée.
Il faudrait aussi parler du procès, de ses attendus scéniques (Giovanni a toujours le coup d’œil …) et de ses conséquences. Le cérémonial qui préside à la peine de mort vaut tous les discours contre cette procédure aujourd’hui reléguée dans les oubliettes de l’Histoire de France. Et pourtant lors d’un récent sondage, un français sur deux se disait favorable à la peine capitale. Le film de Giovanni ressort au bon moment.
LES SUPPLEMENTS
Attention si vous regardez les bonus avant le film vous risquez d’être déçus, des scènes capitales sont évoquées, notamment la dernière. Il en va de même pour la lecture qui suit .
Les bonus renferment des commentaires passionnants sur et autour du film, avec ici et là quelques vidéos courtes du tournage, ou des photos d’archives.
- Sophie Seydoux, au Festival Lumière. Le film y est programmé, et la présidente de la Fondation Seydoux-Pathé le présente en rappelant principalement qui était José Giovanni. Et l’objet de la restauration.
- « Deux hommes dans la ville », documentaire .Olivier Rajchman, journaliste :« C’est le premier film en France à dénoncer la peine de mort, une dizaine d’années avant son abolition, ce qui en fait un film courageux de la part de Delon, comédien et producteur » (l’acteur est toujours en faveur de la peine capitale) et de Giovanni dont la carrière mouvementée et criminelle est à nouveau rappelée ici, suivie d’une carrière artistique tout aussi remarquée. Ses œuvres sont adaptées au cinéma dont « Le trou » par Jacques Becker. Et lui-même signera quelques films qui demeurent encore dans les mémoires dont « Deux hommes dans la ville ».
Le choix des acteurs ? Delon immédiatement pressenti, mais pour l’inspecteur, Giovanni essuie les refus de Ventura, et Montand. Rajchman les explique et c’est intéressant à savoir…
« Les dialogues écrits par Daniel Boullanger ne plaisent pas à Delon et au final seul Giovanni est crédité » poursuit le journaliste qui fourmille d’anecdotes, comme ce « Gabin qui veille paternellement sur Giraudeau ».José Giovanni à la sortie du film souligne « la responsabilité de la société dans le sens qu’elle donne à la vie humaine. (…) Avant les forçats étaient marqués au fer rouge, maintenant c’est le casier judiciaire et les interdictions de séjour qui les marquent à tout jamais… »
Alain Delon :« J’ai saisi la chance que j’avais de produire Gabin, et pour un acteur comme Delon (sic) cela devenait un privilège de produire un Gabin-Delon (re-sic) ». Le comédien était pourtant toujours à cette époque favorable à la peine de mort, et le fera savoir dans une lettre ouverte à Badinter quand celui-ci obtiendra la suppression de la sentence fatale.
Mme Giovanni explique les difficultés que rencontre alors son mari pour réaliser la scène ultime que les producteurs italiens redoutaient, ils pensaient que le public n’apprécierait pas de voir la guillotine fonctionner.
- Entretien avec Philippe Sarde .Le compositeur explique comment il en est venu à prendre la partition du film et sa conception de la musique pour un tel scénario. Le musicien me parait ici très fatigué, et ses explications tardent parfois à venir.
Review Overview
Le film
Les bonus
Après un passé tumultueux au cours de la seconde guerre et dans les années qui suivirent, José Giovanni est devenu le romancier de sa propre vie. Des cinéastes l’ont adapté, avant qu'il ne prenne goût lui aussi à la caméra, avec ce point d’orgue « Deux hommes dans la ville », plaidoyer contre la peine de mort, huit ans avant le discours de Badinter.
Avec une affiche en béton menée par le duo Delon-Gabin, et un Michel Bouquet remarquable, le réalisateur aborde frontalement le problème de la réinsertion des prisonniers, entre les policiers qui n’y croient pas et les éducateurs qui se donnent à fond. Plusieurs face à face demeurent aujourd’hui gravés dans le marbre du septième art dont celui de Delon avec le jeune Depardieu.
Il n’est pas encore question de passation de pouvoirs, ni de transmission, mais plutôt d’un duel à distance qui se joue à travers les mailles d’un filet de scénario, l’ancien et le jeunot, figure de style que l’on retrouve ici encore plus affirmée avec Delon et Gabin. Plusieurs séquences sont tout à fait marquantes dans cet excellent film dont l’interrogatoire de Bouquet sur Delon, bien mené, par le réalisateur ou l’inspecteur de police, allez savoir la symbiose est parfaite.
A noter aussi l’utilisation de la voix off, d’une écriture parfaitement orale (ce que les français habituellement n’arrivent pas à faire). Le récitatif façon Gabin demeure un modèle du genre.
Avis bonus
Avec quelques documents d’époque, vidéos et photos, de nombreux commentaires sur et autour du film. On apprend encore beaucoup …
15 Commentaires
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