Synopsis: Richard Bone, Alexander Cutter et sa femme Mo forment un trio singulier. Cutter est un infirme, il a perdu un œil, un bras et une jambe au Vietnam et son épouse continue à l'aimer comme si rien ne s'était passé. La vie des trois personnages va connaitre d'autres bouleversements tragiques par l'intermédiaire de Bone, qui est arrêté pour le meurtre d'une fille. Relâché, il mène sa propre enquête, mais finit par se résigner. Cutter prend la relève et y laissera ses dernières illusions...
La fiche du film
Le film
Dans la série d’une Amérique obsédée par le Vietnam, je pensais avoir tout vu. Funeste erreur qui ressurgit du passé (1981) aux contours incertains, mais aux traumatismes toujours aussi belliqueux.
Avec une jambe, un bras et un œil en moins, Cutter (John Heard, très très bien), ancien bourreau des cœurs, bat la campagne. Enjoué et cynique, il en veut au monde entier. « Le monde manque de héros » clame-t-il à la cantonade.
« Il essaie de combler le vide » répond son meilleur ami, un beau jeune homme qui plaît toujours à la gente féminine, et qui semble-t-il n’a pas connu les affres des bombardements. C’est Jeff Bridges, tout en retenu…Le duo est boiteux, et celui que forme Cutter avec son épouse Mo (Lisa Eichhorn, joliment énigmatique) tout aussi peu fiable.
Soit un trio bancal, excellent support pour une tragédie qui n’arrête pas de dérouler ses complexes.
Il n’y en a pas du côté de la réalisation d’Ivan Passer qui entame son périple de fabuleuse manière, un peu à la Cimino dans « Voyage au bout de l’enfer ». Sous la pluie, la nuit, dans la sombre fumée d’un tripot , on ne sait encore rien de l’histoire, mais la tension est déjà à son comble. Question d’ambiance qui nous alerte dans l’approche d’une affaire forcément pas très claire.
Le corps d’une jeune fille retrouvée dans la rue pluvieuse, un suspect qui devient témoin, et qui témoigne. Manque de pot, le nouveau présumé coupable est trop respectable pour être atteint. Alors nos deux copains, affublés de la sœur de la victime se mettent en quête de ce qu’ils imaginent être la vérité.
Rien dans le processus policier n’étaye la thèse des héros. Ivan Passer fait d’ailleurs l’impasse sur le dossier, préférant traquer le trio au prise avec son imagination .Les dialogues sont de feu, des répliques à la Chandler , ou James Ellroy, des mots , des phrases inconnues du langage courant , de la vraie vie. Ca coule de sources.
L’autre ressort de ce film policier pas ordinaire entretenu par la relation qui filtre entre les deux copains et Mo, comme un drame personnel, intime qui se noue sans le vouloir. Elle aime son mari, violent, alcoolique, désespéré, elle aime aussi Cutter, l’avenir de la nation. Obsession et paranoïa, l’Amérique n’en finit pas de payer son passé.
Review Overview
Le film
Un réalisateur quasiment oublié, un film méconnu et trois comédiens parfaitement en phase avec ce thriller d’après-guerre (Jeff Bridges, John Heard, Lisa Eichhorn), l’Amérique recèle donc encore quelques pépites du genre Cimino ( « Voyage au bout de l’enfer ») . Ivan Passer possède une personnalité forte et particulière qui met en scène un duo de copains dont l’amitié permanente est mise à rude épreuve par les souvenirs et les obsessions. 35 ans après « Cutter’s way » s’inscrit indéniablement dans la mouvance du cinéma underground et contestataire, page de l’Histoire du septième art à consulter de toute urgence.
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