Synopsis: Pour remplacer un ”nègre” disparu prématurément Ewan McGregor fait un pacte avec le diable . Mais il ignore que c’est un diable , et surtout que ce n’est peut-être pas le bon. Les politiciens sont tous des démons, et Polanski est un démiurge.
La fiche du Disque
Le film
Les bonus
- Septembre 2010 : le meilleur dvd du mois. _
- D’après l’œuvre de Robert Harris (II) , « Les hommes de l’ombre »
Un petit bijou de cinéma. Un excellent divertissement, un thriller haletant et un film d’une grandeur d’âme et de cœur qui le situe parmi les plus belles réalisations de Polanski.
Le fond ( la manipulation du pouvoir ) et la forme ( une mise en scène accordée à une écriture savoureuse ) se conjuguent ici au plus que présent de la réussite.
Celle qui accompagne ce jeune écrivain à qui l’on propose pour une somme mirobolante de terminer les mémoires d’un ancien premier ministre. Ewan McGregor, dans le rôle titre est magnifique, d’une sobriété à l’égale de son talent . Plus étonnant Pierce Brosnan, ( ex James Bond ) tire également très bien sa révérence à l’égard de sa majesté.
Un roublard de service qui semble se méfier de ce jeunot d’écrivain, remplaçant son ami, mort noyé dans des circonstances un peu bizarres. Et si c’était la seule étrangeté dans cette affaire , il n’y aurait pas de film.
Roman Polanski promène sa caméra dans les coins et recoins de l’Histoire très récente, et de la belle maison où s’est retranché le politicien. Il y déniche quelques secrets et des dialogues joliment ciselés, dont l’ironie mordante le partage parfois à un humour très discret.
Malgré des décors parfois un peu lugubre quand au bout de nulle part , sur une lande déserte ,la mer et la tempête accordent leur même désespérance. Un vieil homme vit retranché non loin de là et s’étonne lui aussi de l’étrange noyade . Dans une maison voisine, une femme dit connaître le secret, mais depuis une chute dans l’escalier, son sommeil est profond.
Si les règles sont rapidement instaurées ( le rôle du « nègre » devenu confident, les tractations en sous sol, … ) les codes ne tiennent pas en place . Il y a trop de passerelles, de raccords labyrinthiques, et d’ouvertures possibles pour tenir tout le monde à sa place . Et surtout les femmes qui d’un regard un peu trop appuyé peuvent changer la face du monde.
Kim Cattrall , assistante du premier ministre , marquée à la culotte ( !!! ) par son épouse , une remarquable comédienne en la personne d’ Olivia Williams dont la froideur et la distance cachent bien quelque chose .
Dont cet homme qui ignorait bien évidemment que l’actualité allait rattraper sa propre imagination.Et si vous ne l’aviez pas reconnu dans ces lignes le premier ministre en question à bien existé .
Il vit toujours quelque part en Angleterre traqué par les fantômes d’une guerre qui lui doit beaucoup. Avec la collusion d’autres puissants made in USA, des marchands d’armes et des services secrets qui flinguent les écrivains qui savent lire entre les lignes. C’est aussi ça l’histoire de « The ghost writer » et certainement encore bien d’autres choses . A voir et à revoir .
LES SUPPLEMENTS
Il n’y a pas de making of, à proprement parler, mais chaque interview ou rencontre est illustrée par des scènes de tournage.
- Rencontre avec Robert Harris. L’auteur du roman adapté par Roman Polanski a eu l’idée de cette histoire, entre réalité et fiction, d’après le récit « d’un ancien dirigeant d’une grande puissance, qui voulait que l’on écrive ses mémoires ». Mais l’idée n’avançait pas vraiment, quand Harris apprend au cours d’une interview en 2006 que Tony Blair pourrait être poursuivi pour crimes de guerre.
« Ca faisait le lien avec mon personnage principal » poursuit l’auteur qui écrit alors son roman tout en pensant à une adaptation possible… au théâtre. « Avec trois -quatre personnages, autour d’une question qui m’intéresse depuis toujours sur le comportement d’un homme au pouvoir et qui le perd. »
Si avec Polanski, ils ont souvent fait référence à « Sunset Boulevard » de Billy Wilder, lors de l’écriture du scénario, Harris assure qu’il avait personnellement Alfred Hitchcock en ligne de mire : « un type ordinaire est plongé dans un monde étrange ; pour évoquer ça, il était le maître. J’ai essayé de reprendre cet élément dans mon bouquin ».
Ses rapports avec le réalisateur ? Excellent à l’entendre, « Polanski a toujours dit que le roman était le scénario et il s’y est tenu. Je n’ai jamais travaillé avec quelqu’un qui respectait autant ce que j’avais écrit ».
- Rencontres avec les comédiens . Un chapitre plus convenu où tout le monde dit du bien de tout le monde, raconte son personnage et les intrigues qui s’y rajoutent. Pierce Brosnan prévient qu’il « ne voulait pas être Tony Blair, mais j’ai regardé quelques images et vidéo. Après quoi je me suis concentré sur le personnage ».
Ewan McGregor est admiratif du travail de Polanski. « Il est tout ce que Hollywood n’est pas. Il contrôle tout, et veut tout faire lui -même ». Preuves à l’appui on voit le réalisateur fixer le parquet, appliquer du maquillage (sueur et sang…).
« Quand j’ai reçu le livre, ça m’a fait penser aux romans de Chandler, et j’ai été très rapidement accroché par le suspense du récit. Et les résonances avec les problèmes politiques au moment du tournage me plaisaient bien aussi ».
Le réalisateur évoque toute l’élaboration de son travail, avec notamment un beau moment autour de la construction de la maison. « Telle qu’on la voulait, isolée, au bord de la mer, avec des grandes vitres, ça n’existait pas. C’est une pièce essentielle du film et nous l’avons construite en fonction du script. S’il y avait des éléments visuels évidents, d’autres reposaient sur l’atmosphère, mais tous dépendaient de la géographie de la maison ». Une évidence, après avoir vu le film !
Une petite mécanique parfaite, sans prétention, mais qui accroche sans discontinuer. Pas un immense Polanski mais du très bon cinéma, bien interprété, à la solution classique. On fait un retour en arrière, à l’époque où le 7ème art s’inspirait d’Agatha Christie. Finalement, le vrai talent, c’est aussi de savoir faire simple !
Si si, un grand Polanski ,au niveau de » La jeune fille et la mort » et » Le pianiste » , pour ne parler que de ces quinze dernières années
Chacun sa petite musique… Mais le pianiste joue dans un autre registre !
un très beau film il est vrai…peut être un peu trop mou :sleep: