Synopsis: Les Fédéraux tentent de mettre la main sur les renommés John Dillinger, Face Nelson et Pretty Boy Floyd lors d'une vague de crimes sans précédent dans les années 1930...
La fiche du DVD
Le film
On dit que la Galice, c’est un peu l’Irlande, un peu la Bretagne . La Galice ressemble surtout à la Galice. Il en va de même pour ce nouveau Michael Mann, qui nous conduit chez les frères Coen, et puis De Palma , avant de s’affirmer comme un excellent Michael Mann , point final .
Le sujet rebattu mille fois au cinéma, il le renouvelle par la grâce d’une patte technique, qui ne se voit pas, qui se dilue dans la grâce d’une mise en scène étincelante.
J’ai été bluffé par ses gros plans mitonnés dans une lumière impossible. Là où se fond le premier regard, dans un silence lourd de révélations à venir. Les visages comme sculptés, donnent des plastiques paradoxalement romantiques dans ces nuits où les mitraillettes ravagent à tout va.
On connaît l’histoire, on a déjà vu ces braquages et ces traques interminables dans les recoins d’une ville enfumée. Mais la pénombre est ici encore plus inquiétante, les regards croisés plus énigmatiques, les télescopages plus perturbants.
La scène du feu rouge qui s’éternise, alors que les fuyards s’impatientent, est vieille comme le monde, mais Mann à force de multiplier les points de vue nous rive à notre fauteuil.
Il y en a plein du même acabit et les révéler serait soulever le voile d’un récit qui sous son apparente banalité raconte la véritable histoire du gangster John Dillinger, braqueur de banques des années 30. Pour ne pas avoir voulu suivre « l’évolution » du milieu et traqué sans relâche par un flic redoutable, Melvin Purvis, il ne survivra pas à sa légende.
Une femme est au cœur de sa dérive ,une femme qu’il aime à fond. Marion Cotillard, est parfaite dans ce rôle débarrassé des clichés. Sans varier les codes en vigueur le films’en détache pour mieux toucher à la personnalité , au cœur des personnages .
Johnny Depp dans le rôle titre est sans reproche. On aimerait savoir ce qui se trame dans sa tête quand il lance la fameuse réplique de Robert De Niro (producteur exécutif) dans Heat ( 1995 ) du même Michael Mann. « Nous sommes là pour l’argent de la banque, pas le vôtre » .
Il y a aussi un gros clin d’œil à Clark Gable (« Ennemie Public N°1 » ) sur un final qui bouleverse toutes les attentes .
Vous connaissez la chute nous dit Michael Mann et bien moi sans rien changer à son aspect véridique, je vais vous en raconter une autre . C’est du cinéma ! Du grand cinéma !
LES BONUS
Et à grand film , grands bonus . Ils ne manquent ,pas et vont là encore au fond des choses quand il s’agit de décrypter qui était vraiment Dillinger, le dernier gangster de légende comme le propose l’un des chapitres . A partir de Jesse James on refait l’histoire, magnifiquement , en rappelant l’évolution du milieu dans les année trente .
Une fois la prohibition passée , la mafia s’intéresse à la prostitution et aux paris . Alors des gus de la trempe de Dillinger qui braquent à l’ancienne et donnent des poussées d’urticaire à la police, la mafia n’aime pas ça . Le FBI justement à la même époque change radicalement de méthodes de travail : Dillinger est pris entre deux feux ( il en a l’habitude) mais cette fois , trahi, il n’en réchappera pas .
Dans le making of on voit combien Michael Mann a le sens du détail et de l’authenticité. Pour les repérages on le suit avec Johnny Depp sur les lieux où a vécu le gangster. Depp enfilera même l’un de ses pantalons , avant que toute l’équipe ne gagne le prison en ruine d’où il s’était évadé.
Là, il n’y a pas de place pour le doute : Mann et Depp décident qu’ils tourneront dans cette prison réaménagée pour les besoins du film. Des décors plus vrais que nature. Les techniciens au départ sont un peu surpris mais au final le responsable de la photo reconnait que » cela permet de mieux appréhender l’histoire » . Un de ses collègues surenchérit » Une réalité physique, un endroit peut vraiment vous parler » .
Michael Mann aura le dernier mot » Quand vous touchez la même poignée de porte que l’homme que vous êtes en train de faire revivre au cinéma, ça ne peut pas vous laisser de marbre » .
Il le dit au moment où il se rend à l’auberge » Little Bohemia » où Dillinger fut pris au piège. Encore un beau moment de ces suppléments . Ne manquez pas le chapitre » Technologie criminelle », on en apprend de bien belles .
Durée du film : 2h14
Alors là, pas du tout d’accord sur ce film. La première demi heure est bonne et semblable à tous les films du même genre : présentation du gangster et du policier,braquages…. Mais après ça devient du grand n’importe quoi. Le flic et le gangster agissent de manière totalement illogique : le début de la fusillade dans la planque dans les bois; tiens je suis l’ennemie public n°1, y a 30 flics autour de ma voiture et boum je sors; ou encore tiens je vais me ramener dans le bureau des flics, et oup la y a personne. Et quand à la scène du feu rouge, les soldats ont disparu sur le plan vue de haut mais reviennent sur le plan normal.
Le déroulement de l’histoire est illogique, et vu qu’il est à prendre au premier degré, cela rend ce film pathétique.
Seul intérêt, une retranscription de l’époque qui est magnifique (l’image pas la musique).
Aucune mention spéciale pour les acteurs.
Perso, je serais plutôt à mi chemin entre l’avis de L’Heure de la Sortie et celui de Quentin. C’est objectivement un bon film nourri de nombreux clin d’oeil et références aux films et héros d’hier d’aujourd’hui. La mise en scène, la lumière, les costumes et les décors sont léchés comme toujours avec Mann. En revanche, je serais moins positive sur les rôles titres tenus par Cotillard et Depp ( pourtant un des meilleurs acteurs que j’ai jamais vu !!! ) Quasi mono expressif durant tout le film, les deux comédiens, à force d’intérioriser sans doute, semblent presque lisses, sans fêlures, dommage, on imagine pourtant que la réalité devait être tout autre. Une seule exception : la scène où Marion Cotillard apprends les dernières paroles de Depp. J’attendais plus de ce film, qui ne méritait peut-être pas d’être vu sur grand écran.