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« Une exécution ordinaire » de Marc Dugain. Critique DVD

Dans l’intimité d’une vie finissante, Staline se fait soigner en secret, tandis qu’à l’extérieur, ses plus proches amis tremblent toujours de peur. Marc Dugain adapte lui-même son roman éponyme . Avec André Dussollier , méconnaissable dans l’uniforme de Staline, c’est une performance de plus .

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Une Exécution ordinaire"
De : Marc Dugain
Avec : Andre Dussolier, Marina Hands
Sortie le : 08 juin 2010
Distribution : StudioCanal
Durée : 101 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Imagine-t-on André Dussollier revêtir les frusques du « petit père des peuples » ? Un pari fou, impensable. Il l’habite pourtant entièrement avec talent et désir de vérité.
Plus que parfait dans ce Staline qui sous des airs volontiers débonnaires, cache une volonté de fer et une quête de puissance absolue, frôlant la démence. A partir de son roman éponyme , Marc Dugain se charge de l’adaptation . Un autre pari  réussi.

A l’automne 1952, quelques mois avant sa mort, le dictateur malade fait venir en secret un jeune médecin urologue moscovite , Ekaterina ( Marina Hands ). Elle allège les souffrances de ses patients en imposant les mains sur leur corps.

Une fois que la jeune femme a franchi les portes du Kremlin,sa vie est désormais entièrement aux mains de  Staline .Il s’octroie un pouvoir absolu sur elle et son mari physicien que joue Edouard Baer, complétant une distribution cent pour cent française, ou presque , qui aurait pu nuire à la crédibilité du récit .

Les premières images confortent d’ailleurs cette impression, dans le regard d’un concierge délateur et sirupeux  remarquablement joué par Denis Podalydès ou d’un directeur d’hôpital ( Tom Novembre ) tout aussi bon, bien que son rôle soit beaucoup plus secondaire.

Mais la force du récit écrit et mis en scène par  Marc Dugain ( chapeau pour un premier film ) évacue le malaise d’un casting couronné par la performance de Dussollier .


 J’ai lu le livre , il y a deux ans  et c’est en voyant ce film que les pages me reviennent à l’esprit . Le cinéaste n’a pas trahi, bien au contraire, et sans s’accrocher mordicus à la trame littéraire , il restitue bien  cette période de terreur sur un mode intimiste.

Loin des grandes fresques cinématographiques, il nous rappelle la grande Histoire dans l’intimité d’un tyran , qui  à la face du monde  terrorise tout un peuple . Un contraste saisissant et une lorgnette bien affûtée par ce cinéaste qui dans sa mise en scène demeure très prudent, presque classique . Mais le sujet , exigeait peut-être un tel traitement, de la part d’un réalisateur novice qui pour ses premiers pas , fait des pas de géants.

Ils emboîtent ceux de  Marina Hands, qui au fil de ses prestations gravit un peu plus chaque fois  les échelons .  César de la meilleure actrice en 2007 avec sa bouleversante composition dans « Lady Chatterley » de Pascale Ferran , elle est l’incarnation sans faille de la dimension humaine confrontée au totalitarisme , quel que soit son champ d’application .

Une femme forte , intelligente , totalement désarmée devant l’ignominie . Marina Hands, n’en fait jamais trop . Une très grande comédienne .

LES SUPPLEMENTS

Vu le film, on pouvait s’attendre à des bonus plus percutants..

  • Entretiens avec Marc Dugain et Marina Hands. C’est plutôt classique : le réalisateur et la comédienne donnent leur point de vue sur la réalisation et l’interprétation.

«On partait sur une improvisation de la caméra.Les acteurs dans un cadre répété étaient très libres de leur mouvement; ils bougeaient  selon leur propre sensation et la caméra à la main  filmait ça comme elle le voulait, pour faire appel à la sensation, plus qu’à la réflexion d’un regard.(…) J’ai été moi-même prix au piège de cette façon de faire.L’ univers visuel dépend de cette technique.  Vous avez  peu de projecteurs et donc  vous caractérisez une zone dans l’image au détriment du reste.(..) Il s’agissait alors de ressentir une sensation, plutôt que de rendre réaliste.Seul Staline devait ressemblait à Staline et, ce n’est pas le travail photo qui a permis de voir un Staline très approchant, mais  le maquillage qui est très bien fait.(…) Ce n’est pas 200 ou 300 plans qu’il faut réussir, mais l’impression des plans; l’humeur d’un film est plus compliquée paradoxalement à faire ressortir que de réussir des plans ».

MAIS ENCORE

Staline , vu par Wajda c’est  aussi « Katyn » un massacre perpétré en Pologne pendant la seconde guerre mondiale .  .

Imagine-t-on André Dussollier revêtir les frusques du "petit père des peuples" ? Un pari fou, impensable. Il l’habite pourtant entièrement avec talent et désir de vérité. Plus que parfait dans ce Staline qui sous des airs volontiers débonnaires, cache une volonté de fer et une quête de puissance absolue, frôlant la démence. A partir de son roman éponyme , Marc Dugain se charge de l’adaptation . Un autre pari  réussi. A l’automne 1952, quelques mois avant sa mort, le dictateur malade fait venir en secret un jeune médecin urologue moscovite , Ekaterina ( Marina Hands ). Elle allège les souffrances…

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Le film
Les bonus

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13 Commentaires

  1. Ca fait quand même bizarre que ce soit tourné par des français , et moi aussi ça me gêne un peu
    mais l’histoire est authentique et elle est bien jouée
    on passe un bon moment et on apprend , c’est ce que j’aime au cinéma

  2. L’enfer, c’est les autres. La dictature, c’est l’enfer et c’est aussi – surtout – les autres. La démonstration de Dugain est implacable. La menace est omniprésente, chez le concierge, le voisin, le collègue. La vie est un piège, chaque jour plus dangereux, où l’on ne peut même plus aimer sans se mettre en danger.
    La terreur est même plus grande au quotidien – lorsque n’importe qui devient un ennemi, profitant de son pouvoir illusoire pour assouvir ses pires tendances (veulerie, jalousie, méchanceté, machisme) – que lorsque qu’elle émane de la logique politico-mathématique du tyran, finalement plus prévisible. Le stalinisme a mis en place, en le poussant à son paroxysme, une sorte de « principe de précaution » que le néo-libéralisme liberticide applique avec plus de douceur, sans doute, mais autant de conviction.
    Pour survivre, le dictateur doit créer un climat où chacun devient son double, multitude de salauds anonymes qui espèrent ainsi éviter, vainement, d’être eux-mêmes écrasés. « Une exécution ordinaire » décortique le système, vu d’en-haut (Staline) ou d’en bas (les victimes et les bourreaux… ordinaires) et en démontre brillamment l’avance inéluctable. En ce sens, le « happy end » manque de logique même s’il s’appuie sur un événement historique.

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