Un mystérieux tueur se déplace à travers l'Espagne à la rencontre de correspondants qui lui permettront d'atteindre sa cible. Hypnotique, ésotérique, Jarmusch qui racontait si bien d'étranges histoires , radicalise son propos. C'est pas drôle du tout ...
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
L’un de mes réalisateurs fétiches Qui cette fois pousse à l’extrême, ou perd le contrôle. C’est un exercice de style fort appuyé , sans la grâce de « Dead man » ou la poésie de « Paterson ».
Les déambulations d’un tueur dans l’Espagne contemporaine. Pour atteindre sa cible, il rencontre des correspondants aussi étranges qu’anonymes qui après le mot de passe fatal, débitent ce qu’ils ont sur le cœur.Leur sujet de prédilection tourne le plus souvent autour de l’art, et donc du cinéma .
Ce que filmait autrefois très bien Jim Jarmusch sur le septième art, genre “Coffee and Cigarettes” , il le raconte ici dans des dialogues aussi pompeux que ceux du making of. C’est sa vision du monde, livrée façon Karl Lagerfeld , l’air de ne pas y toucher, mais en se prenant au sérieux. Ca fait flop chaque fois, et même ses références à Orson Welles dans le film, comme dans les suppléments font contre-plaqué. C’est creux, étonnamment creux.
Bien avant que n’arrive Tilda Swinton en cow-boy blonde platinée, je me disais que Jarmusch flirtait avec le cinéma ésotérique de David Lynch, ses ambiances nocturnes et sa folie de l’irrationnel. Mais une fois la belle à l’écran, le doute est levé. Il y a bien un peu de ça dans le jeu du réalisateur . L’inspiration en moins.
Il est beaucoup plus intéressant de le suivre sur le tournage , d’observer une façon de travailler là encore très peu commune avec ce que l’on peut savoir des autres réalisateurs.Sa complicité, faussement distante avec son directeur de la photo Christopher Doyle , est assez étonnante. A noter que ce Mr Doyle réussit à illuminer des plans, à fixer des cadres de merveilleuse façon .
Il y a aussi un moment complètement surprenant quand toute l’équipe artistique attend que les techniciens aient terminé leurs réglages. Jim Jarmusch joue à la star impatiente , (et là il est drôle ) puis se promène sur le plateau sans un regard pour un monsieur , un peu à l’écart, imperturbable dans son fauteuil. John Hurt, en personne, quand même, l’un des mystérieux correspondants du tueur patenté. Il est joué par Isaach de Bankolé surprenant dans sa dégaine de solitaire affamé.
Le comédien répond de façon appuyée à mon avis à la demande du cinéaste, tout en énigmes et suggestions, traînant sans trop comprendre ce que l’on attend de lui. Un personnage sur un même tableau composé différemment au fil du récit, l’objet d’un désir esthétique lié à une musique toujours aussi hypnotique .Ce qui fait le charme du film à ses débuts, ce qui le casse très rapidement .
LE BONUS
- « Behind Jim Jarmusch » ( 52 mn ) . Un documentaire très passionnant tourné dans les rues de Séville par Léa Rinaldi. Elle suit caméra au poing les déambulations du réalisateur, et de son équipe technique .
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