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« Tetro » de Francis Ford Coppola . Critique DVD

Synopsis: Tetro est un homme sans passé. Il y a dix ans, il a rompu tout lien avec sa famille pour s'exiler en Argentine. A l'aube de ses 18 ans, Bennie, son frère cadet, part le retrouver à Buenos Aires. Entre les deux frères, l'ombre d'un père despotique, illustre chef d'orchestre, continue de planer et de les opposer. Mais, Bennie veut comprendre. A tout prix. Quitte à rouvrir certaines blessures et à faire remonter à la surface des secrets de famille jusqu'ici bien enfouis.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Tetro"
De : Francis Ford Coppola
Avec : Vincent Gallo, Alden Ehrenreich,Maribel Verdú,Silvia Pérez
Sortie le : 23 juin 2010
Distribution : Pathé
Durée : 121 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Le temps imprime sa patine. «  Tetro » sera peut-être un chef d’œuvre . Un film unique qui vous accompagne , bien après le générique  , quand les spectateurs quittent leur fauteuil en silence, un sourire discret pour un regard et puis bonsoir .

Francis Ford Coppola à qui l’on doit de belles pages ,  depuis les années 70 en tant que réalisateur, scénariste ou producteur , ou les trois à la fois , n’a jamais atteint un tel  sommet .

Une écriture fluide , originale , une mise en scène qui n’apparaît pas dans la performance, mais dans l’évidence d’une histoire racontée avec un brio scénographique , ( voir les scènes d’opéra  et le bel hommage à Michael Powell et à son film « Les chaussons rouges »)  inégalable au point parfois de changer de décor devant nos yeux, un peu comme au théâtre, sans que cela ne se remarque.

Je pense au moment où Miranda (Maribel Verdu ) , une fois  ses exercices de danse terminés poursuit sa conversation avec son jeune beau-frère , tout en rangeant la table, le miroir …C’est d’une beauté naturelle, évidente, et pourtant .. .

Le garçon en question , c’est Bennie (Alden Ehrenreich )  au cœur  du récit, égaré dans un imbroglio familial  que les retrouvailles avec  son frère aîné  ne facilitent pas . Angelo a rompu tout lien avec son passé, et son entourage ignore ce qu’il fut . Il s’appelle aujourd’hui Tetro , et vit avec une psychiatre rencontrée dans l’asile où il a été soigné. Pourquoi, comment ?

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Vincent Gallo dans le rôle-titre porte merveilleusement  tout le poids des silences douloureux qui lui interdisent  de vivre. Le regard sombre , perdu dans la révolte qui gronde . Un père rejeté  ( fabuleux Klaus Maria Brandauer ), une histoire refoulée , une vie  brisée comme la marionnette de «  Coppélia » que le gamin d’autrefois découvrait avec un enchantement respectueux . Pourquoi, comment ?

Sur cet écheveau, Coppola  noue  les fils du récit dans un  noir et blanc tantôt intriguant, tantôt lumineux , mais qui toujours confine à l’universel . Mihai Malaimare Jr, le directeur de la photo a les honneurs des bonus et c’est justice.En dehors de quelques repères ( téléphone portable … )  il est difficile de situer l’époque

. Et  l’Argentine nommément située, prend un tout autre visage derrière la caméra  , qui se joue des contrastes et des paysages. Pour mieux nous entraîner dans ce  voyage vers la Pantagonie, scène ultime du drame pressenti, où les dieux doivent être honorés , ou sacrifiés. Comme dans l’Antique . Quand  les masques tombent , dans le  théâtre , où l’on joue la pièce écrite par Bennie, ou son frère , qui sait ?

Klaus Maria Brandauer , un père mystérieux, chef d’orchestre et maestro incontesté, jusqu’au jour où…

Car cette fiction ressemble terriblement à leur histoire et le dénouement  se joue maintenant  ailleurs, dehors, dans le huis-clos de cette famille retrouvée , dans cet autre opéra où s’aiment et vont se perdre un homme et une  femme .

C’est la fin du film, et le début aussi . C’est «  Coppélia »  et «  Les contes d’Hoffmann» mêlés dans une mise en scène généreuse pour l’histoire, ses personnages, et ses seconds rôles magnifiques . Pas un comédien n’échappe à la magie de ce cinéma transporté dans un autre monde .  Et le spectateur non plus n’échappe pas au bonheur de cette sublime émotion , qui vous fait regarder votre voisin en silence . Le sourire discret, mais complice .

 

LES SUPPLEMENTS

  • Mihai Malaimare Jr. directeur de la photo .Un excellent regard sur cet artiste , qui assure que son rôle est de «  servir l’histoire. Ca ne sert à rien d’avoir de belles images si elles sont déconnectées du contexte. Il faut saisir la vision du réalisateur, pour lui donner non pas de belles images, mais des images qui respectent un style précis, et qui apportent quelque chose. » On le suit  dans son travail sur le plateau, avec ses repères photos numériques …
  • La musique née du film. C’est ce qu’explique en détail, Osvaldo Golijov , « par opposition à une musique qui suit le film ». On le voit au cours d’une séance de travail avec un quintette , puis un orchestre symphonique «qui donne du poids aux vingt dernières minutes, oppressantes » .« Le plus angoissant est de créer une entité au carrefour de l’image et du son » dit-il en rappelant que FFC « ressent et comprend la musique, il entend des choses et j’essaie de les entendre aussi ».
Alden Ehrenreich , Sofía Castiglione , Vincent Gallo
Alden Ehrenreich , Sofía Castiglione , Vincent Gallo
  • Le ballet. Egalement passionnant et raconté en long et en large l’importance du ballet dans «  Tetro », en référence au film de Michael Powell, «  Les chausson rouges » dont certaines scènes sont similaires à celles de Coppola. «  Je suis intrigué par la façon dont l’histoire se reflète dans la trame du ballet de Powell. Si je finance mes  films, je veux au moins y mettre ce que j’aime.Il est toujours ardu de représenter un livre ou une musique quand il est question d’un écrivain, d’un artiste.Dans mon cas je n’avais pas de prose digne de la reconnaissance que je souhaitais ». Alors l’idée des scènes dansées apparaît.

« Comme il est établi que Bennie associe son frère à des films magnifiques comme «  Les contes d’Hoffmann » et «  Les chaussons rouges » , elles servent selon moi à susciter l’émotion que ressentait Bennie »La chorégraphe Ana-Maria Stekelman , collabore de très près et c’est elle qui assure la mise en scène de l’accident. «  J’essaie d’être ouvert à d’autres idées que les miennes, si je peux les utiliser ».

Le temps imprime sa patine. «  Tetro » sera peut-être un chef d’œuvre . Un film unique qui vous accompagne , bien après le générique  , quand les spectateurs quittent leur fauteuil en silence, un sourire discret pour un regard et puis bonsoir . Francis Ford Coppola à qui l’on doit de belles pages ,  depuis les années 70 en tant que réalisateur, scénariste ou producteur , ou les trois à la fois , n’a jamais atteint un tel  sommet . Une écriture fluide , originale , une mise en scène qui n’apparaît pas dans la performance, mais dans l’évidence…

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Les bonus

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