Synopsis: Marie est pute. Pas par obligation ni par ennui, mais par vocation. Elle est heureuse de donner et de prendre du plaisir, ainsi que du fric. Puis Jeannot débarque dans sa vie. Clochard qu'elle ramasse par bonté d'âme, le pauvre n'aura pas le coeur assez grand pour celle qui voulait qu'il soit son "son homme", et non pas juste son mac
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
« Mon homme » ? C’est un mec, qui devient mac… par hasard. Une fleur de pavée s’offre à lui, et le supplie d’empocher la recette . Jeannot, l’ancien clodo accepte… La vie facile, les filles qui se donnent et se redonnent. Les héroïnes sont érotiques, mais Gérard Lanvin plutôt sceptique.
« En recevant le scénario j’étais heureux comme tout. J’attendais tellement que Blier me propose un rôle » dit-il un brin rêveur. « Quand je l’ai lu, j’ai commencé à faire la tronche. Je me suis dit voilà c’est la première fois qu’il m’envoie quelque chose et ce n’est pas pour moi. Les scènes crues, voire hardes, ce n’est pas ce que je préfère. Je ne m’imaginais pas un instant dans la peau de ce SDF qui n’arrête pas de s’envoyer des filles. »
Le cinéaste en convient « L’érotisme c’est plus facile à écrire qu’à tourner, quand on est sur le plateau on est mal. » Les deux hommes se rencontrent et composent. Lanvin ne veut pas se déshabiller « Un clodo qui fait l’amour ne prend pas le temps de tout enlever. »
« Il avait entièrement raison » reconnaît le réalisateur. « J’apprécie quand les acteurs ajoutent leur grain de sel de cette façon. » Blier aime les acteurs et Lanvin sa famille par dessus tout. Marié, deux enfants, il vit tranquille en terre bretonne dans un coin du marais guérandais.
C’est aussi pour eux qu’il refuse les scènes de nu. « Ca peut paraître idiot mais j’ai des principes, et j’aurais été dérangé de me déshabiller à l’écran en sachant que mes gamins allaient voir ça. Plutôt que mon cul je préfère que l’on regarde mes yeux. Après, le reste c’est un jeu d’acteur… ».
Le reste c’est une histoire d’amours volées dans la pénombre des chambres adultères. Prostituée de luxe et heureuse, Marie « donne de l’amour » et refuse l’argent. Parfois. Jeannot l’entoure de son affection et va voir ailleurs. Blier ne raconte rien d’autre que ce va et vient des sentiments torturés, la confusion des étreintes charnelles.
Loin d’éluder son propos, il en rajoute, à la limite voyeur. Ce dont il se défend « J’aime bien que ce soit un peu cru et violent, mais je pense m’arrêter au moment adéquat pour ne pas sombrer dans n’importe quoi. » De toute façon Blier-la-provoc sait que son film suscitera une fois encore la controverse. « J’adore être attaqué, je ne suis pas un homme de consensus. »
Anouk Grinberg, à l’époque sa compagne, joue Marie. Elle non plus ne craint pas les sarcasmes. « Il est plus indécent de montrer ses souvenirs que ses fesses. Surtout qu’ici on ne parle que d’amour et de dignité. Je suis contre la féminité telle qu’elle est affichée aujourd’hui, toutes ces minauderies m’agacent. Moi pour séduire j’ai ma gentillesse. »
Arletty dans le texte mais la chanson de caniveau n’a pas sa place ici. On lui préfère Barry White (« une autre pute » claironne Blier) et le sublime compositeur polonais Gorecki. Dans l’amour qui se vautre, ses symphonies rythment la juste respiration du film.
Mais ce n’est qu’une mélodie, un peu de sincérité enfouie sous des dialogues convenus, des clichés, des images répétitives. Bertrand Blier agace son monde. Le voilà rassuré !
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