Synopsis: C’est une formidable leçon d’enthousiasme et de vitalité qui est donnée à travers ce portrait de Michel Petrucciani, n’hésitant pas à casser les mythes, et ne laissant de côté aucune facette du prodige,même les plus sombres de ce fabuleux pianiste de jazz.
La fiche du Disque
Le film
Je ne pense pas qu’un biopic, un jour, soit réalisé sur Michel Petrucciani. Pour des raisons évidentes, mais la première n’est pas sa petite taille. Ce documentaire a simplement déjà tout dit, de si belle manière, qu’en rajouter serait superflu.
On le découvre, dès sa plus tendre enfance ( naissance 28 décembre 1962 ) , malmené par cette maladie qui, au moindre écart lui brise les os. Mais il a toujours refusé de se complaire dans la souffrance, porté par un insatiable appétit de vivre par le jazz. Cloîtré dans le cocon familial, des musiciens semi professionnels obsédés par les classiques du Modern Jazz, il vit entouré par la musique de Miles Davis, Django Reinhardt, Art Tatum… A trois ans, il chante la plupart de leurs chansons, et quand il donne son premier concert à treize ans, en compagnie du trompettiste américain Clark Terry, la légende est en marche.
Selon son père, c’est en effet par hasard qu’il accompagnera le célèbre musicien, mais pour d’autres témoins, Michel Petrucciani était bien prévu à l’affiche de cette soirée.
Qu’importe l’histoire est belle et le talent indéniable. Tous les témoignages vont dans ce sens : une rencontre avec l’artiste, et le génie éclatait, dans toute sa simplicité. « On ne se rendait pas compte de son handicap ». On le voit plaisanter au restaurant, faire le pitre dans sa cuisine et surtout faire des gammes sur tous les pianos du monde entier.
Sa famille, ses ex (dont Isabelle qui l’aurait enfermé dans son appartement parisien pour lui éviter d’aller voir d’autres filles …),de nombreuses personnalités du monde de la musique et du jazz, alimentent ainsi des images d’archives publiques et privées souvent inédites, que le réalisateur anglais Michael Radford met en scène de manière très éloquente.
« C’était un méridional, il fallait diviser par dix tout ce qu’il racontait » mais tout ce qu’il racontait était vrai , comme cette première rencontre avec Charles Lloyd, qui avait alors décidé d’arrêter définitivement de jouer du saxo.Après avoir entendu le pianiste français, il reprit le chemin des studios.
« Il avait tout intégré, il avait tout au fond de lui » dira-t-il, plus tard. L’artiste n’a pas encore vingt ans, et l’aventure américaine lui tend alors les bras. De l’Europe au Etats-Unis, il va construire un parcours hors du commun, devenant le premier non-américain à signer sur le label mythique Blue Note. Ses interviews sont d’ailleurs ici le plus souvent en anglais. Sauf, peut-être, quand il parle des femmes, dont il ne pouvait se passer. Cet artiste hors du commun, voulait seulement « marcher sur la plage, avec une femme à ses côtés ».
Une carrière fulgurante stoppée par une disparition prématurée.