Synopsis: Le prince Muichkine arrive à Saint-Pétersbourg. Idiot de naissance, il est infiniment bon. Projeté dans un monde cupide, il l'illumine de son regard. Par sa générosité,Léon Nicolaïevitch révélera le meilleur enfoui en chacun. La trop belle Anastasia, achetée cent mille roubles, retrouve la pureté, Gania Yvolguine le sens de l'honneur, et le sanglant Rogojine goûte, un instant, la fraternité.
La fiche du Disque
Le film
- D’après le roman de Dostoïevski
Nastassia et quatre hommes.
Totski ,son protecteur, veut s’en débarrasser pour faire un mariage de raison. Elle est promise à Gania contre une dot avantageuse. Mais son soupirant Rogogine est riche. Enfin, le prince Mychkine l’aime follement . C’est l’Idiot, qui sème la pagaille dans une soirée mondaine où il n’était pas invité. Mais n’est-ce pas ce que cherche, Nastassia , femme-esclave qui a décidé d’arracher ses chaînes et de s’enfuir, quitte à sacrifier l’amour pur de Mychkine ?
Cinéaste artisan d’origine russe, Pierre Léon assume totalement la théâtralité de cet extrait du roman de Dostoïevski, une transposition quasi littérale des derniers chapitres de la première partie.
L’ambiance de ce huit clos, hors du temps, la mise en scène sobre et épurée , l’exceptionnelle intensité du jeu des acteurs avec Jeanne Balibar époustouflante dans le rôle d’un « diamant non taillé » (yeux de biche, regard de braise ) font de ce film un ovni formidable dans le paysage actuel. Ce n’est pas du théâtre filmé, mais un regard théâtral accentué par les atouts du septième art , et la grâce d’un dialogue amoureux à fleuret moucheté.
On se laisse prendre au jeu ( un véritable jeu s’y déroule ) sans trop saisir les nuances du drame qui se trame. C’est déroutant, captivant et Sylvie Testud en maîtresse de cérémonie, participe à cette intrigante confrontation des cœurs et des intérêts.
Octobre
Avec Pierre Léon, Vladimir Léon et Sébastien Buchmann
- Octobre qui complète cette édition est peut-être un peu plus difficile à saisir. Ce film qui adopte la même théâtralité que « L’Idiot », est une improvisation originale sur quelques thèmes inspirés du roman de Dostoïevski. Une fois les codes admis, on se laisse happer par ce trajet entre Paris et Moscou, où la littérature et l’amitié font bon voyage.
Trois hommes dans le train Bruxelles-Moscou. Ils ne se connaissent pas, mais se rencontrent autour de la lecture de L’Idiot . Ils s’appellent Benoît, Charles et Jérôme. Ils se séparent, arrivés à Moscou, mais promettent de se revoir.
LE POINT DE VUE DE PIERRE LEON
Dostoïevski est l’un des meilleurs scénaristes qu’on n’ait jamais eus, dit-il. Et le personnage du prince Mychkine l’a beaucoup attiré (« qui ne le serait pas ? »). « C’est une sorte d’œuvre d’art, c’est un personnage-artefact, et du coup personne ne sait comment se comporter avec lui, il est comme un bibelot de porcelaine dans une boutique d’éléphants. »
Un début d’explication à l’adaptation partielle roman. « Je n’avais pas les moyens de produire un film d’une quinzaine d’heures. Ceux qui en avaient les moyens n’en ont pas eu le courage (1) et c’est alors que j’ai décidé de chercher, à l’intérieur du roman, un épisode qui serait à la fois le plus « facile » à tourner et le plus parlant quant aux enjeux dramatiques de l’ensemble. La fête chez Nastassia Philippovna, qui clôt la première partie, m’est alors apparue comme terrain idéal d’expérimentation. »
Les acteurs
Et si vous vous étonnez du jeu des acteurs, faussement statique, réellement vivant, le réalisateur pourrait se fâcher : « La direction d’acteurs, en tant que méthode générale, ça n’existe pas, c’est une invention de critiques qui n’ont jamais dirigé personne ou un leurre dont se servent les réalisateurs pour impressionner les journalistes. Ma direction pour Jeanne Balibar, par exemple, se résume , je pense,à lui proposer le rôle, qu’aucune actrice sensée ou non ne peut refuser .J’ai réussi à composer une troupe, ce qui est pour moi absolument essentiel, parce que je ne peux pas travailler tant que je n’ai pas accordé les différents timbres de voix : ça relève de l’orchestration. Les films, pour moi, ça se regarde aussi avec les oreilles. »
(1) Il existe au moins deux versions longues dont celle de Georges Lampin en 1946 avec Gérard Philippe dans le rôle titre, et la version de Kurosawa.
8 Commentaires
Pingback: Critique DVD. Tunnel
Pingback: « Dostoievski » , critique dvd
Pingback: [Critique DVD] La Rafle
Pingback: "Nuits blanches" de Visconti, critique dvd
Pingback: "Barbara" de et avec Mathieu Amalric. Critique cinéma
Pingback: « L'idiot » de Georges Lampin. Critique dvd
Pingback: « L'idiot » de Yuri Bykov . Critique dvd
Pingback: « Les nuits blanches » de Luchino Visconti. Critique Cinéma