Le destin d'une famille tsigane dans la France occupée de 1943...
La fiche du Disque
Le film
Les bonus
Cette guerre n’est pas la sienne. Au cœur de la France occupée, une famille tzigane ne comprend pas qu’on lui refuse d’aller sur les routes comme son peuple le fait depuis des siècles. Elle ne comprend pas les contrôles incessants des gendarmes français , discrètement relayés par la soldatesque allemande . Elle ne comprend pas ces fils barbelés qui lui interdisent tout mouvement.
Le titre du film n’est pas une auréole . Il est l’histoire de ces gens attachés à leurs roulottes et aux chevaux qui les mènent par monts et par vaux . Jusqu’à ce petit village où il faut donc mettre pied à terre sous l’œil bienveillant du maire-vétérinaire qu’interprète magnifiquement Marc Lavoine extirpé de ses chansonnettes. Marie-Josée Croze l’institutrice qui n’arrive toujours pas à chanter avec ses élèves « Maréchal , nous voilà » est à ses côtés, à l’unisson .
Elle veille particulièrement sur P’tit Claude (Mathias Laliberté le bien nommé ), un orphelin ramené par les Tziganes, qu’elle réussit à convaincre de suivre ses cours . A leur façon, qui nous fait bien sourire. Le film est plein de clins d’oeils malicieux à l’image de ces « voleurs de poules » que l’on sollicite musicalement pour que… les poules se remettent à pondre .
C’est une chronique villageoise, un rien débonnaire . Le tableau est champêtre. Il y a du bleu et du vert et un soleil rieur. Il y a aussi un peu de brun , et un accent guttural se heurte à la fougue musicale des bohémiens. A leur guitare ,à leur violon qui dansent dans la nuit insouciante, car ce n’est pas leur guerre et ce n’est pas leur vie .
Taloche , l’un des membres de la communauté , joué remarquablement par James Thiérrée , le petit-fils de Charlie Chaplin est l’illustration de cette liberté totale . Il est un peu fou, beaucoup fantaisiste, rivé à son violon qui accompagne les écoliers saluant leur second papa. Et quand la maîtresse fait les gros yeux , il enjambe la fenêtre et part gambader dans la campagne .
Poésie rare pour dire le drame, légèreté paradoxale pour conter le déracinement , sur une partition toujours aussi enchantée. Le désenchantement est dans les cœurs.
LE MAKING OF
Il débute par une question adressée à plusieurs protagonistes du film. « Selon vous, qu’est-ce que la liberté ? ». Les réponses fournissent les têtes de chapitres en compagnie de Taloche.
Avec ses collègues comédiens il lui faut suivre des cours de Rom, avant de rencontrer sur le lieu de tournage, une famille gitane qui participe activement au film. « Il a fallu apprendre à se connaître, au début chacun restait chez soi, mais très rapidement l’adaptation s’est faite et à la fin on a adopté leur mode de vie ».Les roms ne jouent pas , ils sont eux-mêmes, alors que les comédiens « doivent cogiter » reconnaît un comédien, déniché du côté de Los Angeles et qui se retrouve « dans ce petit coin de France, sans scénario . »
Ainsi travaille Tony Gatlif qui ne donne « pas d’explication sur les personnages, pas de repères psychologiques » remarque un acteur. « Je vous demande de vivre » se contente-t-il de dire. « Ne me faites pas honte ».
On ne le voit pas souvent sourire sur le plateau, et même parfois il est plutôt bourru quand il dirige sa petite troupe de figurants (les gendarmes, mais quand même). Mais sur la scène du rot de Taloche, au fond de la classe, Gatlif se lâche et n’en peut plus de rire.
Une scène de tournage est particulièrement émouvante, quand la famille gitane est confrontée aux soldats allemands. L’illusion de la représentation n’a plus lieu d’être pour une vielle dame de 77 ans qui a eu réellement à subir leurs exactions.
La conclusion revient à Marc Lavoine qui dit bien connaître le peuple rom, dans le monde de la chanson et du cinéma. Il regrette alors que « la diversité n’existe pas parmi les élites. La société devrait aider à organiser la vie nomade. Sur le plan de l’éducation, des droits et des devoirs. On a besoin d’une société qui circule pour que les gens apprennent à vivre les uns avec les autres. »
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Le monde des Gitans
» A Ciambra » de Jonas Carpignano-« Mange tes morts – Tu ne diras point » de Jean-Charles Hue-« Liberté » de Tony Gatlif-« Spartacus et Cassandre » de Ioanis Nuguet-« Zaneta » de Petr Vaclav-« Just the wind » de Benedek Fliegauf.
Review Overview
Le film
Les bonus
La rafle des tsiganes pendant la seconde guerre mondiale vue par un observateur attentif qui n'en rajoute jamais dans le pathos . Avec Marc Lavoine , Marie-Josée Croze et James Thiérrée, lunaire comme ce film qui porte bien son nom . Et sa réussite .
Avis bonus
Un making of qui ne lésine pas , très sympa
effectivement un film tout en nuances, pour parler de choses graves et qui bien que rapportées à la seconde guerre mondiale , perdurent encore de nos jours
je n’ai pas encore vu » La Rafle », mais je crains à un traitement radicalement différent