Synopsis: Mario, jeune employé de banque, rencontre Natalia un soir au bord d'un canal. Le comportement de la jeune fille l'intrigue. Il revient, la retrouve et découvre bientôt qu'elle attend l'homme qu'elle aime qui lui a donné rendez-vous un an auparavant au bord du canal. Mario va tenter et presque réussir à se substituer à cet amour qui lui semble désormais improbable.
La fiche du Disque
Le film
Les bonus
- Lion d’Argent au festival de Venise .
Dostoievski a connu de nombreuses adaptations . Cette nouvelle éponyme à elle-même inspiré plusieurs créateurs , dont Robert Bresson (« Quatre nuits d’un rêveur »), et James Gray dans un ratage parfait à mon sens : « Two Lovers »
Tous marqués par cette étrange histoire d’une femme qui à la nuit tombée attend un homme qui ne vient jamais. Un passant a remarqué cet étrange manège , et s’éprend de la belle .
Sur cette mince intrigue pleine de promesses , Luchino Visconti déploie tous ses talents pour se démarquer de sa période néoréalisme, afin d’ aborder quasiment l’extrême de la palette : un réalisme poétique et baroque .Pour les décors, l’univers de Alexandre Trauner et de Marcel Carné (« Les Enfants du paradis ») ,alors que ses personnages se profilent façon Arletty . Voyez Clara Calamai, dans un petit rôle de prostituée .Dans « Les amants diaboliques » du même réalisateur, c’était Giovanna .
Un film d’ambiance, et d’atmosphère, ordonné dans un noir et blanc ,tantôt ouaté, tantôt brumeux, souvent inquiétant . Le décor ,personnage à part entière, interroge à sa façon le quotidien des gens, alentour.
Avec un projecteur diffus braqué sur nos deux héros , qui au jeu de la séduction déclinent l’amour sous ses facettes les plus noires . Impossible, désespéré, renaissant … et surtout complexe puisqu’il est aveugle.
Luchino Visconti, le décrit bien avec ces deux êtres aux antipodes l’un de l’autre, et qu’une même solitude rapproche de façon inexorable. Marcello Mastroianni, excelle dans la posture de l’homme , aussi candide qu’émouvant , face à celle qu’il vénère et qui ne voit rien , sinon un grand frère, puis un ami très proche.
Il s’agit de Maria Schell. Le réalisateur l’avait remarqué dans « Gervaise » de René Clément, lors d’un festival qu’il présidait . Et la dame ne lui fait pas défaut, rehaussant pour l’époque, la modernité du ton et des propos .
Il s’agit bien d’une adaptation, et la liberté qui s’en dégage , va crescendo pour exploser totalement lors d’une scène dans un dancing ,époustouflante, sublime,inattendue, et de mémoire , nullement citée dans l’œuvre de Fedor Dostoïevski
Toute la dimension créatrice de Visconti s’expose ici pour notre bonheur . Le final, entre mélodrame et romantisme chichiteux, est un peu tiré par les cheveux . Quelques mèches seulement, qui n’enlèvent rien à la coupe parfaite du maître.
LES SUPPLÉMENTS
- COSTUMES INTEMPORELS (23 mn) . « Nuits blanches » a nécessité une extrême précision appuyée par la volonté du perfectionniste Visconti. Comment travailler les costumes avec le noir et blanc ? Comment adapter le roman de Dostoïevski ? Piero Tosi costumier du film et fidèle collaborateur de Luchino Visconti, revient sur ces questions. Il nous dit que son maître ne voulait pas de « sur-mesure » . Alors pour ses premières collaborations, « j’arrêtais les gens dans la rue , pour leur acheter leurs vêtements. Ils ne devaient pas être lavés, afin de garder la température du corps . C’est ainsi que j’ai appris mon métier ».
Tosi évoque aussi la façon dont Visconti travaillait sur « Les nuits blanches » pour avoir le ciel, les orages, la brume « de manière très théâtrale ». Il lui fait part de certains doutes et regrette encore aujourd’hui « que Jean Marais, apparaisse réellement dans le film. Je l’imaginais encore plus énigmatique, filmé de loin, ou de dos . La fin m’a déçu ». Effectivement, je le comprends.
. ONIRISME ET RÉALISME (24 mn). Vieri Razzini, critique de cinéma et producteur, explique comment Luchino Visconti et son équipe artistique orientent personnages et mise en scène vers une certaine théâtralité, entre onirisme et réalisme.
« Two Lovers », ratage parfait, mon coeur se pince à la lecture de ce bout de phrase ;-(
Un si bel exemple d’une histoire si simple, si banale, magnifiée en un beau film…