Synopsis: Orphelin depuis l'assassinat de sa famille par les nazis, le jeune Ivan n’a plus qu’un but, se venger. Recueilli par un régiment de l’armée russe, il devient éclaireur et se faufile entre les barbelés des premières lignes allemandes jusqu’au jour où, contre l’avis de ses supérieurs, il accepte une dernière mission périlleuse…
La fiche du Disque
Le film
Les bonus
Meilleur dvd Novembre 2011 ( 2 ème )
Un cinéaste qui savait prendre son temps. Il ne laissait parler que l’épure, des sentiments, d’un paysage, d’un visage. Ses références à la nature, hostile ou pas, étant indissociables des destinées de l’homme.
Autant de caractéristiques inscrites dès cette première œuvre qui traite de la guerre et de la perte de l’innocence. Entre chien et loup, dans la fange et l’eau stagnante, Andrei Tarkovski sublime les paysages dévastés, où vient se perdre un gamin qui n’a plus rien à perdre.
Sa famille a été décimée, et il n’a plus qu’une idée en tête, se venger de la barbarie nazie en se mettant au service de l’armée russe, comme éclaireur.
Au-delà du simple portrait, et de la détermination qui s’en dégage, le cinéaste brosse un tableau déprimant de l’humanité, mais aussi tout à la gloire de la résistance armée. Pierre Murat dans les bonus dit qu’il en fait un monstre, et en cela contrarie la thèse officielle d’un film à la gloire du pays.
Personnellement je ne le vois pas ainsi, bien que le petit soldat se soit effectivement pris les pieds dans le jeu des grands, au point de les rattraper et de s’en faire craindre. Mais je vois plus dans Ivan, magistralement interprété par Nikolai Burlyayev, la nostalgie d’une enfance brisée au cœur d’un grand bordel. Il y aurait aussi un pendant aux jeunesses hitlériennes, qui font appel à l’embrigadement et justement à la mort de l’enfance.
Mais Ivan n’a pas eu le choix des armes, et son entourage militaire l’incite à quitter le terrain des hostilités, bien loin de l’endoctrinement nazi.
Sa seule évasion demeure les rêves qui le hantent, une mère diaphane, des paysages immaculés. La vie, autrefois.
LES BONUS
- Le point de vue de Pierre Murat, très éclairant, même si je ne le partage pas.
- Yevgeni Zharikov, qui joue le jeune Lieutenant Galtsev rappelle les conditions dans lesquelles le film s’est engagé, alors qu’un autre film sur le même sujet avait déjà absorbé la moitié du budget. Encore jeune comédien, il se dit à l’époque à l’affût de tout ce que peut lui apprendre Tarkovski.
- Le directeur de la photographie Vadim Yusov, dont l’importance est primordiale dans la mise en scène de Tarkovski, se souvient d’un jeune cinéaste, inexpérimenté « mais entièrement voué au cinéma, ce qui me paraissait indispensable. Et il s’est révélé être un excellent professionnel».
LE COFFRET
L’Enfance d’Ivan, 1962, 95 min
Andrei Roublev, 1966, 186 min
L’histoire du grand peintre Andreï Roublev dans la Russie tourmentée du XVème siècle.
Solaris, 1972, 169 min
Le savant russe Kelvin est envoyé en mission sur la mystérieuse planète Solaris.
Le Miroir, 1978, 106 min
Un homme gravement malade se remémore les souvenirs qui ont marqué son existence.
Stalker, 1980, 163 min
Dans un pays indéterminé, la Zone est une région dangereuse, où seuls les Stalkers, des passeurs, osent s’aventurer.
Nostalghia, 1983, 130 min
Un poète russe effectue un voyage en Italie à la recherche d’un compatriote musicien.
Le Sacrifice, 1986, 150 min
Un écrivain s’est retiré avec sa famille sur une île déserte au large de la Suède.
Tempo di viaggio, 1983, 62 min
L’écrivain Tonino Guerra entraîne Andreï Tarkovski au cœur des beautés de l’Italie.
Les Tueurs,1958, 19 min
Il n’y aura pas de départ aujourd’hui,1959, 46 min
Le Rouleau compresseur et le violon,1960, 43 min
Suppléments :
– Présentations des films par le critique Pierre Murat
– Nombreux entretiens avec des collaborateurs du cinéaste
– « Meeting Andreï Tarkovski » de Dmitry Trakovsky (2008 – 90 min)
Review Overview
Le film
Les bonus
J’ai revu ce film sans les a priori d’une courte filmographie, si riche dans son contenu. Il fonctionne parfaitement, un rien codé par l’esthétisme du noir et blanc, auquel l’interprétation du jeune garçon s’arqueboute de manière sidérante. Au final, quelque chose d’élégiaque au milieu de la désolation. Ca n’a rien de paradoxal, et ça fait un grand film.
Avis Bonus : Trois points de vue, très intéressants, d’un critique, d’un comédien et d’un directeur de la photo. On y apprend énormément en peu de temps.
Un commentaire
Pingback: « Le voyage » de Fernando Solanas . Critique DVD