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« Le Havre » d’Aki Kaurismaki. Critique dvd

Synopsis: Marcel Marx, ex-écrivain , exilé volontaire au Havre est devenu cireur de chaussures. Pour être plus proche du peuple , pense-t-il. Il mène une vie satisfaisante dans le triangle constitué par le bistrot du coin, son travail et sa femme Arletty. Le destin lui met sur son chemin un enfant immigré originaire d'Afrique noire.

La fiche du Disque

Le film : "Le Havre"
De : Aki Kaurismaki
Avec : Andre Wilms, Kati Outinen, Jean-Pierre Darroussin
Sortie le : 21 avril 2012
Distribution : Pyramide Vidéo
Durée : 89 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de Disque : 1
Le film
Les bonus

Il filme juste. Ses images sont d’une sobriété exemplaire. Les dialogues, tout aussi minimalistes, mais tellement appuyés, tellement drôles et pertinents donnent le ton de la comédie .Un bonheur de cinéma pour dire le malheur des déracinés. Après le «Welcome» de Calais, on les retrouve au Havre où un homme de la marge s’est lui aussi mis en travers de la société.

Il recueille un jeune africain et la vie poursuit son cours, comme si de rien n’était. Mais bien évidemment, il n’en est rien.

Tout est dans ce laisser aller du quotidien que Kaurismaki apprivoise avec l’œil du passant qui s’attarde. Dans une autre époque où le commissaire roule toujours en R 16 et qui fleure encore bon le pain frais du matin. Tout près de là,l’épicier s’en va conduire sa carriole au marché.

La scène de l’ananas, rien qu’une tranche,savoureuse…

Un monde à la Doisneau sorti de son sépia, quand ressurgit le jeune Idrissa (Blondin Miguel) pour qui le quartier va secrètement se battre, face à la hardiesse de quelques délateurs, toujours prompts à venir en aide aux plus démunis. Kaurismaki a peut-être choisi Le Havre pour la mélancolie de ses quais abandonnés.

Une jolie tache dans son paysage ; comme un spleen bercé par l’humanité débordante de Marcel. Après avoir abandonné l’espoir d’une carrière littéraire, le héros solitaire brasse aujourd’hui les sentiments par milliers.

André Wilms , est impeccable dans sa pelure bohême, personnage emblématique du cinéaste finlandais, que rejoint avec un bonheur égal Jean-Pierre Darroussin. Il faut le voir faire son entrée dans le bistrot du quartier où vit Marcel, un ananas à la main ; c’est drôle, émouvant, parfait.

Avec parfois ce côté rapiécé à la Mocky, on imagine  un hommage, ou plutôt un  gros clin d’œil au cinéma français. Pierre Etaix , dans le rôle du docteur, Jean-Pierre Léaud, en voisin dénonciateur et son actrice fétiche Kati Outinen , prénommé … Arletty.

Même s’il ne fait que passer, je m’en voudrais d’oublier  Roberto Piazza , en personne, soit Little Bob dans sa panoplie de rocker éternel. Pour le concert de soutien à Idrissa désireux de rejoindre sa maman, quelque part en Angleterre. Loin de la jungle de Calais, dont au passage  on ne parle plus beaucoup aujourd’hui. Mais l’actualité ce matin, il est vrai, est plutôt … politique !

LES BONUS

  • « Acteur, acteurs » (21 mn). Entretien avec André Wilms et Jean-Pierre Darroussin .Wilms qui connaît bien Kaurismäki , parle de son regard , par lequel  il se passe beaucoup de choses , semble-t- il . «  Il contraint mon corps à être ce qu’il veut, quand la caméra nous vole les choses, c’est plus intéressant que quand c’est moi qui donne »

L’épisode sur la façon de marcher de Gary Cooper mérite aussi  le détour.

Darroussin évoque  «  un plaisir funambulesque pour composer un personnage avec ce cinéaste pour qui l’industrie, la technique ne doit pas avoir de prise sur son imaginaire (il tourne avec une caméra de 1974, autrefois à Bergman). Le résultat est de l’ordre de la fable et pourtant ce film marque quand même une époque ».

Une fable qui marque son époque avec Blondin Miguel
  • Journal de Cannes (8 mn). De la séance photo à la grande soirée des marches, un rapide aperçu de l’ambiance. Mais surtout lors de la conférence de presse, Kaurismäki que l’on ne voit pas beaucoup dans ces bonus, s’exprime. Extrait : « Je fais confiance aux acteurs, car je ne comprends pas le Français, je me concentre pour bien regarder leurs expressions ».

Little Bob participe aux agapes et visiblement il est heureux. Il est le seul avec le réalisateur qui ne soit pas habillé en pingouin.

  • Essais de Blondin Miguel (8 mn). Le jeune acteur est directement confronté à André Wilms qui lui sert joliment de partenaire.
  • 2 clips de Little Bob, réalisés par Aki Kaurismaki. «  Libero » et «  Sheila ‘n’Willy » : deux titres du films captés live, comme dans un concert.
  •  Bandes annonces de plusieurs films de Kaurismaki.
Prix Louis Delluc. Prix de la Critique internationale, Cannes 2011. Meilleur dvd Avril 2012 Il filme juste. Ses images sont d'une sobriété exemplaire. Les dialogues, tout aussi minimalistes, mais tellement appuyés, tellement drôles et pertinents donnent le ton de la comédie .Un bonheur de cinéma pour dire le malheur des déracinés. Après le «Welcome» de Calais, on les retrouve au Havre où un homme de la marge s’est lui aussi mis en travers de la société. Il recueille un jeune africain et la vie poursuit son cours, comme si de rien n’était. Mais bien évidemment, il n’en est rien. Tout est…

Review Overview

Le film
Les bonus

Aki Kaurismaki ,faux naïf, dit toute l’absurdité d’un système qui s’acharne sur un gamin de la « jungle » alors que le commissaire de l’histoire roule encore en vieille bagnole des années soixante-dix. Un décalage temporel comme une fantaisie à l’histoire qui ici n’en manque pas. Le cinéaste finlandais donne au septième art, ses lettres de sagesse.

Avis Bonus : Plusieurs chapitres dont l'interview croisé de Wilms et Darroussin , et le passage cannois , on ne s'ennuie pas. Dommage simplement que le réalisateur soit si peu loquace...

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12 Commentaires

  1. Tout-à-fait d’accord avec les 4 étoiles Loïck, c’est un très bon film avec une ambiance qui me rappelle ma jeunesse. Je mets ce film en parallèle ou plutôt en miroir avec les neiges du Kilimandjaro (l’excellent Daroussin m’y aide), bien sûr ce sont des cinéastes très différents, mais on y retrouve les mêmes valeurs de solidarité, de bonheur pour une vie simple. C’est aussi un conte et à ce titre la fin est surprenante.

    On peut donc faire des films intelligents avec des valeurs et quelques bons sentiments, ce qu’on a tendance à oublier. A voir car c’est à mon avis un des 3 meilleurs films de l’année.

    Bonnes fêtes de fin d’année

  2. le retour du jedi ! il y a bien longtemps que je ne vous avais pas lu, et de tels propos me réconfortent, nous sommes bien sur la voie d’un cinéma qui nous parle encore ….Pour les neiges, j’aime bien, mais Le Havre , malgré Marseille , c’est quand même autre chose dans l’intelligence du regard, l’épure et le temps qui passe , que l’on aimerait tant retenir . Mais le cinéma va fermer ses portes… Bisous à toute la famille

  3. il nous arrive encore de partager les mêmes points de vue sur le cinéma. Sur d’a

  4. Oups, désolé. Je recommence et je termine : il nous arrive encore de partager les mêmes points de vue sur le cinéma. Sur d’autres sujets, c’est plus habituel. Je n’ai pas eu trop de temps pour aller au cinéma ces dernières semaines (il paraît que je bosse). Derniers films vus : Intouchables (bien) et l’irrésistible chef d’oeuvre (cinémathèque) une journée particulière.
    Pour Le Havre, j’ai oublié de préciser que c’était un régal de retrouver ce bon vieux Little Bob …Que j’ai dû voir une bonne dizaine de fois en concert.

  5. Jour de pluie,hier, donc recherche d’une petite salle de cinéma d’autant plus appréciée!Et quand vous voulez voir ces films qui vous font du bien au coeur mais pas assez pour les recettes de la grande distribution,je peux vous en indiquer une du côté d’Anneçy.
    Donc,pour en revenir à ma pluie,je me suis régalée avec le conte d’Aki Kaurismäki avec son « Havre »en décalé:décor des années 50,on fume dans les bistrots (ça vous donne envie d’écraser votre clop avant de l’avoir allumée en sortant),et on paye en €!!
    les voix sont ,elles aussi, décalées: l’une,monocorde éraillée mais chaude;l’autre,avec son accent coupé au couteau et surtout pour sortir des dialogues sublimes pleins de répartie et d’humour comme je les adore.
    A REVOIR! si possible avec des enfants ou petits-enfants.

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