Quand le destin d'une femme libre rencontre le destin d'un pays
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Meilleur dvd Décembre 2013 ( 10 ème )
Etonnant film : c’est un premier, et il apparaît pourtant très vite académique et consensuel. On n’y voit pas d’ouverture, d’écriture nouvelle, de mise en scène ou de personnalité affirmée. Comme l’œuvre d’un vieux briscard un peu essoufflé par une filmographie conséquente.
Ou bien celle d’un ethnologue éprouvant le besoin de graver dans le documentaire cinématographique, une époque révolue.
Celle des gemmeurs landais, ces récolteurs de résine qui ont fait la richesse de quelques propriétaires bordelais, sans trouver en retour de quoi se payer. On est un peu chez Zola et il y a du « Germinal » dans la révolte de ces ouvriers, conseillés par un gars venu de la ville. Un syndicaliste patenté qui va éveiller les consciences et malmener celles des grandes familles.
Liéna appartient à l’une d’entre elles, mais n’en prend vraiment conscience qu’à la mort de son mari. A 35 ans, elle se retrouve à la tête d’une des propriétés familiales parmi les plus importantes du Sud-Ouest. Elle entend honorer sa mémoire en reprenant ses travaux là où il les avait laissés.
Le développement de la pinède, la récolte de la résine, mais aussi et surtout l’arrivée de l’électricité sur son domaine.
On demeure encore un peu chez Zola, mais Liéna nous entraîne aussi dans le monde de Mauriac. L’’univers de « Thérèse Desqueyroux » n’est pas si éloigné. Mais là où Claude Miller a véritablement inspiré l’adaptation du roman, François-Xavier Vives reproduit les chromos du moment, et l’état d’esprit d’une époque en marche vers la révolution.
Il s’y attarde, pointe les détails, sans oublier l’esquisse d’un portrait de femme en pleine renaissance.
Sa relation des luttes sociales et des luttes internes à la famille possède l’énergie et l’intensité nécessaires pour donner du corps à son récit et de l’âme à ses protagonistes. Du cœur aussi parfois quand les sentiments franchissent les barrières sociales et que l’héroïne prend enfin toute la mesure de sa destinée. Marie Gillain est plutôt excellente dans ce rôle, avec à ses côtés le régisseur,Jalil Lespert qui s’en tire lui aussi pas mal.
LES SUPPLEMENTS
- “ 1860, sur l’extrême horizon”, court-métrage de François-Xavier Vives(20.30 mn). Félix Arnaudin, un gars du pays, a noté, photographié « un monde d’avant la chute« . Le temps de l’ancienne lande. Le coup d’oeil documentaire du jeune cinéaste est assez pontifiant, il n’arrive pas à se détacher de son sujet.
- Entretien avec Marie Gillain (11.30). La comédienne parle de la connexion avec les femmes d’aujourd’hui, alors que dans les années 20, son personnage est une pionnière du féminisme, « elle le fait par instinct de survie, pas parce qu’elle a de grande idées, et c’est ce qui m’a plus« . Elle évoque aussi … les avantages des restrictions de budget
- Entretien avec François-Xavier Vives (17.30 mn)
Pour ce film, il dit l’envie très forte qu’il avait de représenter la forêt, « où j’’ai vécu mon enfance, toujours perdu dans cette immensité qui m’a fait rêver . (…) Et on m’a souvent parlé de cette femme, de son caractère, qui tenait tête aux hommes, et à partir de là j’ai imaginé l’histoire dans un contexte violent, car c’était l’émergence d’une classe ouvrière que l’on n’attendait pas forcément là , comme dans les bassins industriels plus classiques . L’industrie de la résine a fait que la forêt est devenue vraiment industrielle. »
- Entretien avec Claude Courau, né en 1936, gemmeur (16 mn). Témoignage et techniques (il y en a plusieurs) pour récupérer la résine. Peut-être le plus intéressant des bonus
- Scènes coupées ( 8 mn )
. C’est toujours intéressant à voir, mais effectivement elles ne sont pas très indispensables, à part peut-être une altercation entre la châtelaine et son régisseur …
Review Overview
Le film
Les bonus
Un premier film en forme de devoir bien appliqué, qui réussit malgré tout à nous entraîner dans l’histoire de ce début de XX ème siècle quand les Landes allaient devenir un eldorado pour quelques propriétaires bordelais. François-Xavier Vives, un garçon du coin y est peut-être resté trop attaché au point de ne pas mettre une patte plus personnelle à ce point de vue formellement historique. Mais Marie Gillain, que l’on n’attendait peut-être pas dans un tel rôle de maîtresse femme y est très bien. Qu’elle y reste, et on la suivra !!
Avis bonus
Un documentaire de François-Xavier, sur un gars du pays, Félix Arnaudin, un écrivain qui célèbre Les Landes, c’est assez pesant, voire pontifiant. Les entretiens avec le réalisateur et Marie Gillain se laissent écouter, tandis que les scènes coupées, peuvent le demeurer, sauf peut-être une engueulade entre la châtelaine et son régisseur, de plus en plus amants…
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