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« La commissaire » de Alexandre Askoldov. Critique dvd

Synopsis: 1922. La commissaire, Klavidia Vavilov, de l'Armée Rouge s'installe dans une ville d’Ukraine reprise aux Blancs. Cette femme n'hésite pas à faire fusiller un déserteur coupable d'être aller retrouver son épouse pendant quelques jours. Cette femme est sur le point d’accoucher. Le pouvoir lui assigne une demeure appartenant à une famille juive…

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "La Commissaire"
De : Alexandre Askoldov
Avec : Nona Mordoiukova, Raissa Nedachkovskaia
Sortie le : 05 mars 2013
Distribution : Editions Montparnasse
Durée : 103 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Réalisé en 1967, ce film aura été projeté une fois, puis interdit pendant vingt ans. Anti-soviétique, pro-sioniste, les arguments ne tiennent pas vraiment devant une œuvre humaniste, tolérante, qui prône le respect entre les  hommes, à travers la petite histoire, prisonnière de la grande.

Lors de la guerre civile russe, en 1922, une famille juive se voit confier l’hébergement d’une femme militaire, sur le point d’accoucher. Froide et autoritaire, la commissaire va alors découvrir le quotidien du peuple qu’elle est censée défendre contre «  les blancs ». Sur un tel postulat propice à la démonstration , Askoldov préfère se mettre en retrait et observer tout bonnement les relations qui vont maintenant se nouer entre l’incarnation du pouvoir et les petites gens.

Dans cet observation du quotidien, le réalisateur n’est pas avare de symboles et de réalisme, allant même jusqu’à signer des séquences magnifiques, où les rêves et les métaphores heurtent  la dure réalité du moment.

La Commissaire (3) © DR

Les ralentis amplifiés en font peut-être un peu trop, mais le propos du réalisateur se nuance toujours de quelques apartés sublimes. Je pense notamment aux enfants, qui jouent à la guerre, et la dépassent dans la cruauté de leur simulation. Il n’est plus question  de parallèles avec le monde des adultes, mais d’une totale implication de l’homme dans sa destinée.

Ce qui a peut-être le plus gêné les autorités de l’époque, sensibles sans doute aussi à l’épilogue qui de la fiction originelle nous renvoie à la représentation du génocide juif.  Du cinéma nous voici propulsés sur la scène d’un théâtre, où les visages ne sont plus maintenant éclairés que par la faible lumière d’un tunnel.

C’est peut-être le rêve prémonitoire  de la commissaire, qui son bébé dans les bras, entend le pas des « blancs » tout près du refuge abandonné par la famille. Rester, c’est déserter, partir c’est mourir. Entre les deux, la Révolution d’Octobre n’a pas encore choisi son camp…

LES SUPPLEMENTS

–  Entretien avec Alexandre Askoldov – Réalisateur (40 min) .  « Ce film a été tourné pour mon pays, mes compatriotes. A l’époque j’avais la naïveté de croire que l’art pouvait changer le monde. » C’est ainsi que le réalisateur engage la conversation avec le spectateur  Il revient sur son enfance, et raconte comment à cinq ans il a du fuir dans la nuit, suite à une perquisition au domicile de ses parents qu’il ne reverra plus. Il raconte alors  la mort de son père fusillé par Staline, à l’origine de son engagement contre le pouvoir soviétique.

Puis c’est l’histoire de son film, tout aussi poignante et passionnante, la censure appliquée dès la première diffusion en 1967, son discours en 1987 au Festival du film de Moscou, qui aurait conduit Gabriel García Márquez à demander à Mikhaïl Gorbatchev de lever l’interdiction. Il explique aussi sa fierté de voir son œuvre diffusée aujourd’hui dans le monde entier.

–       Les souvenirs de Rolan Bykov sur le tournage – Rôle de Yefim Mahazannik (30 min). Jouant le père de la famille d’accueil, Rolan Bykov dresse un portrait élogieux de Alexandre Askoldov. Il évoque l’incroyable carrière qu’aurait pu avoir le réalisateur sans la censure du pouvoir soviétique. Il revient aussi sur son rôle d’artisan juif, délicat à tenir du fait des préjugés de l’époque. «  J’avais d’abord refusé le rôle, car je n’aime pas l’image que le cinéma véhicule sur les juifs, comme quoi il y aurait les hommes et les juifs.

–       Les souvenirs de Raisa Nedashkovskaya sur le tournage – Rôle de Maria Mahazannik (4 min). Elle tient dans le film le rôle de la femme de Yefim. Elle livre ses impressions sur La Commissaire, qu’elle considère comme une immense œuvre. Elle raconte aussi les conditions de tournage, notamment les difficultés liées aux autorités russes, ainsi que le jeu des 6 enfants dont elle interprète la mère.

–       Entretien avec Nonna Mordyukova – Rôle de la commissaire Vavilova (5 min). Interprétant le personnage froid et autoritaire de la commissaire Vavilova, Nonna Mordyukova décrit Alexandre Askoldov comme un génie absolu, et regrette que son incroyable talent ait été stoppé net suite à la censure du film.

Réalisé en 1967, ce film aura été projeté une fois, puis interdit pendant vingt ans. Anti-soviétique, pro-sioniste, les arguments ne tiennent pas vraiment devant une œuvre humaniste, tolérante, qui prône le respect entre les  hommes, à travers la petite histoire, prisonnière de la grande. Lors de la guerre civile russe, en 1922, une famille juive se voit confier l’hébergement d’une femme militaire, sur le point d’accoucher. Froide et autoritaire, la commissaire va alors découvrir le quotidien du peuple qu’elle est censée défendre contre «  les blancs ». Sur un tel postulat propice à la démonstration , Askoldov préfère se mettre en…

Review Overview

Le film
Les bonus

A travers l'histoire d'une femme militaire pendant la révolution d'Octobre, le portrait de la grande Histoire est ici magnifiquement projeté sur une famille . Juive ou pas, c'est de l'universel parle ce film interdit pendant vingt ans .

Avis Bonus : Je retiens avant tout le long et passionnant entretien avec un réalisateur toujours aussi lucide . Mais tous les éclairages apportés par les membres de l'équipe sont à voir et à entendre.

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