Les cowboys et propriétaires d'un village doivent mettre leurs querelles de côté quand surgit une bande de hors-la-loi, avides de femmes et d'alcool. Un western tourné en 1959, mais de manière très particulière.
La fiche du Disque
Le film
Les bonus
- Meilleur dvd Juillet 2010 ( 5 ème )
- D’après le roman de Lee E. Wells
En 1958, membre du club des quatre borgnes d’Hollywood avec John Ford, Fritz Lang et Raoul Walsh, André DeToth, un spécialiste du western de série chez Warner Bros, tourne en indépendant un western comptant parmi les plus étranges et les plus mémorables du genre.
DeToth est un réalisateur particulier . Scorsese l’adule, Tarantino s’y réfère et dans les bonus, Bertrand Tavernier affirme que « La chevauchée des bannis » , « a révolutionné le genre du western ».C’est effectivement un film hors du commun , qui défie les règles, ne serait-ce que pour sa défense de la condition des femmes .
Dans un village perdu dans les montagnes, une poignée d’habitants a adopté un mode de vie en fonction des aléas du temps. Les tensions entre fermiers ne manquent pas, pour des questions de pâturage, mais aussi et surtout quand une femme est l’enjeu des rivalités.
Lorsque des hors-la-loi font irruption dans le quotidien de ces cow-boys, Blaise Starrett (Robert Ryan) , leur chef, fera tout pour les sauver des griffes de ces hommes avides de femmes et d’alcool.
Si la trame de ce western n’est déjà pas très classique, son traitement se distingue par une facture quasi monastique , un dépouillement presque total . L’isolement du village dans la neige et la boue, des étagères sans provisions, un saloon sans bouteille…l’ascétisme est de mise.
Un huis clos propice à une confrontation de personnages aux caractères bien trempés. Le chef des hors la loi (Burl Ives )est un capitaine de l’armée en déroute, accompagné d’une bande d’anciens soldats, à la gâchette facile ,prêts à tout pour assouvir leurs bas instincts.
La scène du bal du film est particulièrement citée par les spécialistes comme un cas d’école exceptionnel, quant à la tension qui imperceptiblement s’installe. On apprend que Tina Louise, la femme tant convoitée, ne connaissait pas toutes les indications du tournage et surtout le rôle que devait jouer chaque danseur . On dit même que le caméraman a failli arrêter de filmer , tant il était surpris par la tournure des événements.
Mais le grand moment du film, on le doit à son titre, quand Starrett décide de jouer le tout pour le tour en proposant aux bandits de les accompagner sur une piste leur permettant d’échapper à leurs poursuivants. La chevauchée s’engage alors dans la neige et le froid, dans un véritable périple contre la mort. Au fur et à mesure de la pénible avancée, les hommes s’affrontent tour à tour une dernière fois, quand ils ne meurent pas de froid.
Des duels , peu inspirés par le western, et les scènes d’actions traditionnelles, mais plus intéressés par la psychologie des personnages, un peu livrés à eux-mêmes. J’ai trouvé que c’était plutôt mal joué, ou pas joué du tout , alors que l’écriture très serrée du scénario livre une dramaturgie tendue .Elle est aidée par une caméra omniprésente , et qui fouine dans les moindres recoins le détail qui tue.
Une première scène de bagarre au début du film est du même tonneau et André De Toth explique qu’il les a laissés se battre « comme ils voulaient.Avec des cascadeurs filmés de loin , puis des gros plans sur les acteurs, ça sonne faux. Je ne veux pas que l’on joue, je veux que ça vive, et ce qui m’intéresse alors c’est la spontanéité des réactions ».
Il dit aussi qu’il ne veut pas d’acteurs « mais des artistes capables de devenir les personnages du script ». Un cas d’école, effectivement.
- Le livre: « Noir comme neige », un inédit de 80 pages sur l’histoire du film, écrit spécialement par Philippe Garnier, journaliste (Libération, Le Monde…), grand cinéphile et écrivain, auteur de deux livres sur André DeToth, et illustré par des photos et des documents d’archives rares.
LES SUPPLEMENTS
De précieux et inédits éclairages sur le film et son réalisateur,avec notamment de très rares images et paroles d’André DeToth.
- – Le western « Dreyerien » par Bertrand Tavernier (26’). Inconditionnel du réalisateur et plus particulièrement de ce film, le cinéaste français dissèque l’ensemble sous un prisme très particulier, avec la pertinence qu’on lui connaît. Quand il évoque le peu d’effet de la caméra ( « ses mouvements sont destinés uniquement à rendre encore plus perceptibles les tensions » ), ou bien quand il analyse les codes du western selon De Toth , (la nature sauvage, la primauté du collectif… des contrastes avec le western classique ). Il revient lui aussi longuement sur la scène du bal « qui généralement est un moment de pause, mais ici ce sont les passions qui empirent , on n’est pas loin du viol collectif ».
- – Conversation entre André DeToth et Patrick Francis
- – Le tournage raconté par André DeToth (commentaire audio du film)
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